Le premier ministre albertain Jason Kenney a déclaré la guerre aux travailleurs avec l’adoption du Projet de loi 9. Celui-ci permet au gouvernement de rompre les conventions collectives des travailleurs du secteur public en plus de reporter la négociation avec les syndicats. À cela s’ajoute la publication du rapport MacKinnon, issu d’une commission nommée par le Parti conservateur uni (PCU), qui recommande d’énormes coupes dans les services sociaux, des privatisations et le recours à des lois de retour au travail contre les syndicats qui entrent en grève. Le PCU passe en mode attaque, et la classe ouvrière est la seule force qui peut le freiner.

C’est l’ancienne ministre des Finances du NPD en Saskatchewan, Janice MacKinnon, qui présidait cette commission. Lorsqu’elle était ministre, le gouvernement du NPD de Saskatchewan avait trahi la classe ouvrière en implantant des mesures d’austérité. Son budget de 1993 comportait la fermeture de 52 hôpitaux, la fin du programme dentaire pour enfants et des coupes de 5 à 13% dans le financement des écoles, des hôpitaux et des municipalités. 

Parmi les autres « experts indépendants » sur le panel, on trouve Dave Mowat, ancien PDG d’ATB Financial et Bev Dahlby, un économiste conservateur et conseiller de l’Institut Fraser, un think tank de droite reconnu. 

Avec ces gens dans le siège du conducteur, il n’est aucunement surprenant que la commission recommande l’austérité et les privatisations. Pour la santé, on recommande de réduire les dépenses de 16,5%! Il est également recommandé de sous-traiter certains services au privé. Pour les universités et collèges, on recommande de retirer les bourses gouvernementales et d’augmenter les frais de scolarité. Comme si ce n’était pas assez, le rapport suggère de fermer certaines écoles secondaires.

Une autre recommandation est d’établir « un mandat législatif pour fixer le niveau des salaires pour tous les employés du secteur public ». Au lieu de la négociation collective, le panel suggère que le gouvernement adopte une loi imposant à tout le secteur public des coupes dans les salaires et les avantages sociaux. Et si les travailleurs entrent en grève pour protester? Nos « experts » ont déjà réfléchi à la question. Leur rapport dit : « Dans l’éventualité d’une grève, le mandat formerait la base d’une loi de retour au travail. » Non seulement il anticipe un conflit de travail, mais il indique ce qui doit être fait : enlever aux travailleurs leurs droits démocratiques.

Le message est clair : le gouvernement se prépare à l’austérité et à écraser toute opposition. Mais le PCU est plus faible qu’il en a l’air. Beaucoup de gens ont voté Kenney parce qu’ils cherchaient une solution à la crise causée par la chute des prix du pétrole. Mais ils verront rapidement que sa « solution » n’offre rien aux travailleurs. Ce gouvernement des riches a déjà baissé les impôts des grandes entreprises de 12 à 8%, ce qui fera perdre au gouvernement 348 millions de dollars en revenus pour la première année seulement. C’est la classe ouvrière qui devra payer pour ces cadeaux aux entreprises par des coupes. Dans ces conditions, l’appui au gouvernement peut chuter rapidement.

Il faut dès maintenant organiser un mouvement de masse contre Kenney. Les travailleurs du secteur public sont en position d’organiser une grève contre les coupes. Mais ils feront face, comme c’est dit explicitement dans le rapport, à des lois de retour au travail. Le mouvement syndical doit donc se préparer à défier ces lois et à mobiliser la classe ouvrière en entier contre les coupes et les mesures antidémocratiques. Seule la lutte de classe peut renverser Kenney et ses amis des grandes entreprises. Il n’y a pas de temps à perdre!