Le Centre culturel islamique de Québec a été victime d’un acte haineux, peu avant 20h dimanche soir, lorsqu’un homme a ouvert le feu sur les fidèles réunis pour la prière, faisant six morts et huit blessés, dont six se trouvant dans un état critique. Trente-neuf autres personnes rassemblées pour la prière de la nuit s’en sont sorties indemnes. La Riposte socialiste condamne vigoureusement ce lâche attentat à l’encontre de la communauté musulmane, et offre ses condoléances et sa solidarité aux victimes et à leurs proches.

L’islamophobie ambiante et la politique à la Trump ont fini par pousser la vermine raciste à en venir aux armes. Alexandre Bissonnette, le tireur présumé, était « connu de plusieurs militants à Québec pour ses prises de positions identitaires, pro-Le Pen et anti-féministes à l’université Laval et sur les réseaux sociaux ». La responsabilité de ce drame repose non seulement sur les épaules du tireur lui-même, mais également sur celles des politiciens et des commentateurs qui attisent la haine et l’islamophobie sur toutes les tribunes.

Les racistes lèvent la tête

Ce geste ignoble s’inscrit dans un contexte général de montée du racisme, de la xénophobie et de l’islamophobie qui ont été attisés notamment par la récente victoire de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Celle-ci a redonné confiance à la racaille raciste, qui commence à relever la tête et à s’afficher au grand jour. Simplement dans la semaine qui a suivi l’élection de Trump, plus de 700 crimes haineux racistes, islamophobes, homophobes, transphobes, antisémites et misogynes avaient été rapportés. Au Canada, trois actes haineux faisaient les manchettes au cours de la même période suivant la victoire de Trump. Également, la CBC rapportait il y a deux semaines la montée de la propagande d’extrême droite raciste sur les campus un peu partout au Canada.

Cette haine islamophobe n’épargne pas le Québec. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cette mosquée est la cible d’un geste haineux. En juin dernier, une tête de porc avait été déposée devant la porte d’entrée, avec l’inscription « Bonne [sic] appétit », et ce, en plein ramadan. Quelques semaines plus tard, des tracts islamophobes attaquant le Centre culturel islamique avaient été distribués à Québec.

La classe politique, et particulièrement les politiciens associés au nationalisme identitaire, est à blâmer pour la normalisation de la haine. Les politiciens mainstream, qui versent depuis hier leurs larmes de crocodile et prétendent étendre leur solidarité vers la communauté musulmane, ne se gênent pourtant plus depuis des années pour casser du sucre sur le dos des musulmans et attiser la haine. Jean-François Lisée, le temps de sa course à la chefferie du PQ, a tenté de nous faire croire qu’un débat sur le port du burkini était un enjeu brûlant, et a bassement essayé d’associer son adversaire à un imam. Puis, en novembre dernier, la CAQ de François Legault brandissait la menace du tchador dans une publicité dirigée contre le PQ et le PLQ. Et Régis Labeaume, qui la nuit dernière lançait aux musulmans « je veux leur dire que nous les aimons », affirmait pourtant en mars dernier que les mosquées étaient des lieux de radicalisation.

L’attentat d’hier a montré une fois pour toutes que le nationalisme identitaire défendu par les Lisée, Legault, et autres Bock-Côté est loin d’être aussi inoffensif qu’ils ne l’affirment. Les idées en apparence innocentes que sont la Charte des valeurs, le débat sur le burkini, l’interdiction des signes religieux, etc. ne sont que la version politiquement correcte des horreurs qui se disent sur les ondes des radio-poubelles de Québec. Déjà, on avait constaté le danger posé par le nationalisme identitaire suite au débat entourant la Charte des valeurs québécoise. L’ambiance de haine islamophobe était alors palpable dans les rues du Québec, et les chiffres montrent une hausse marquée des crimes haineux cette année-là.

L’extrême-droite se sent reprendre des forces et gagner des appuis lorsque ses idées sont ainsi défendues de façon subtile par des partis comme le PQ et la CAQ. À Québec même, une manifestation contre « l’Islam » avait lieu le 15 octobre dernier, organisée par Pegida Québec, les Justiciers du peuple, les Soldats d’Odin et La Meute. Il est donc temps de dénoncer le nationalisme identitaire pour ce qu’il est réellement : du racisme avec un emballage différent. Alors que celui-ci relève sa tête hideuse, il faut dès maintenant s’organiser pour le combattre.

Seule l’unité de la classe ouvrière peut vaincre le racisme!

Ce n’est pas un hasard si la montée du racisme islamophobe correspond à l’approfondissement de la crise du système capitaliste. Dans un tel contexte, la classe dirigeante a tout intérêt à ce que les travailleurs, cherchant un coupable pour la crise, regardent en direction de leurs frères et sœurs d’origine étrangère ou d’une autre religion plutôt que de lutter en commun contre le 1 % qui les exploite et les opprime.

Ne les laissons pas nous diviser avec la haine et le racisme. Ce ne sont pas les musulmans qui sont responsables pour la destruction de notre système de santé public, pour la décrépitude de nos écoles publiques, pour la stagnation de nos salaires, pour la corruption du gouvernement, pour l’augmentation des coûts de l’hydro, etc. Seule l’unité de la classe ouvrière peut vaincre le racisme!

Au cours de la dernière semaine, nous avons assisté à un mouvement inspirant de manifestations de masse contre les politiques racistes de Donald Trump. Le mouvement a été déclenché par la signature, vendredi dernier, d’un décret interdisant l’entrée aux États-Unis de ressortissants de sept pays du Moyen-Orient, une mesure visant explicitement les musulmans. Immédiatement, ce décret était suivi de manifestations spontanées, notamment à l’aéroport John-F.-Kennedy, où les chauffeurs de taxi ont fait la grève pour protester contre le décret migratoire. Les manifestations ont continué durant toute la fin de semaine, aux quatre coins des États-Unis.

Devant cette attaque, les couches opprimées de la société, en alliance avec leurs frères et sœurs salariés, nous montrent la voie à suivre. Seule l’action de masse pourra stopper le racisme rampant, non seulement aux États-Unis et au Canada, mais partout dans le monde.

Le racisme et l’islamophobie ont levé la tête à Québec hier soir. Les gestes barbares comme celui-là ne se comptent plus dans une société capitaliste qui n’offre plus aucun avenir à l’humanité. Mais il faut nommer les coupables : les politiciens qui attisent le racisme ont le sang des victimes de Ste-Foy sur les mains. Les travailleurs et travailleuses de toutes religions et origines, par l’action de masse organisée, peuvent vaincre les racistes.

Mais il faut aller plus loin. Sur le terrain de la misère, du chômage et de l’exploitation naîtront toujours des horreurs telles que celles survenues hier soir. Ce dont nous avons besoin, c’est de nous débarrasser entièrement de ce système pourri jusqu’à la racine. La lutte contre l’oppression sous toutes ses formes ne peut arriver à la victoire qu’en devenant une lutte pour un autre système, une lutte pour le socialisme.

Non au nationalisme identitaire!

Pour l’unité des travailleurs et travailleuses de toutes les origines!

Pour une lutte de masse contre le racisme et la xénophobie!