En décembre 2008, Québec solidaire a réussi à faire élire son premier député. Amir Khadir. Le coreprésentant de Québec solidaire s’est fait élire dans le comté de Mercier, à Montréal. Ce fut un événement historique dans la politique québécoise et une énorme percée pour Québec solidaire, un parti qui n’a été fondé qu’en 2006.

Québec solidaire est un parti de gauche, toutefois il n’est pas encore un parti de masse qui prend racine dans le mouvement ouvrier. Il na pas encore réussi a obtenir le support des  principaux syndicats qui sont encore, mais pas pour longtemps, attachés au parti québécois. Par ailleurs, l’élection de Amir Khadir peut servir de revirement qui pourrait transformer Québec solidaire en parti de masse si le travail parlementaire est utilisé de façon positive à construire le parti et à chercher l’appui des travailleurs.

On a besoin de comprendre la nature du parlement bourgeois. Le parlement que nous avons sert seulement à défendre les intérêts des mieux nantis et non de la majorité de la population, les travailleurs et les travailleuses. Ce lieu se veut un endroit où des hommes et des femmes qui sont nos représentants se rencontrent pour discuter de projets de loi qui vont bénéficier à l’ensemble de la population. Mais concrètement, ces gens font des arrangements pour que les patrons puissent garder et augmenter leurs avoirs. L’agir de nos supposés représentants ne fait que réduire notre confiance en eux. Les travailleurs et travailleuses ordinaires réalisent qu’il n’y a pas vraiment de différence entre les choix proposés lors de l’élection. Peu importe le député choisi, ils subiront des coupes de salaire, des réductions de poste de travail et une coupe de leurs services sociaux. En 2008, 42 % des électeurs ne sont pas sortis voter. Ils comprennent instinctivement que le parlement ne les représente pas. Ils voient également que ce parlement est un nid de menteurs et de profiteurs – des hommes en cravate qui sont séparés des travailleurs et travailleuses ordinaires.

Tout au long de l’histoire, les partis de gauche, issus de la classe ouvrière, on su participer à la démocratie parlementaire : au Canada : le N.P.D; le parti travailliste en Angleterre, etc. Cependant, durant la même période, nous avons vu plusieurs de ces partis, lorsqu’ils ont réussi à obtenir des sièges à l’assemblé, tomber dans la machine parlementaire et agir de la même façon que la classe dirigeante. Nous n’avons qu’à regarder le gouvernement travailliste de Gordon Brown et de Tony Blair. Ils ont contribué à augmenter le cynisme des gens vis-à-vis la classe politique.

Suivant cet exemple est-ce que les forces progressistes devraient refuser de travailler dans le parlement? Nous croyons que non. Nous devons utiliser toutes les possibilités et avenues disponibles qui peuvent nous aider à combattre pour une société meilleure et, surtout, pour aller chercher l’appui de la classe ouvrière. Toutefois, le travail doit être fait de façon à ce que nous comprenions comment l’état bourgeois fonctionne vraiment (parlement, système judiciaire, police, armée, etc.) l’État a été créé dans le seul et unique but de défendre les intérêts de la classe dominante (la bourgeoisie). Le travail parlementaire ne peut être qu’un supplément au travail fait par les masses dans les rues.

Avec cette compréhension de base, les militants québécois ne devraient pas tomber dans des tendances d’extrême gauche ou dans des tendances dogmatiques qui s’opposent au travail parlementaire. Dans ce cas, les futurs membres à l’Assemblée nationale de Québec solidaire doivent éviter à tout prix de faire des compromis avec la bourgeoisie sur des questions de principe et doivent éviter de faire des arrangements pour avantager leur propre personne au sein du parlement.

Le but de premier à poursuivre en présentant des membres aux élections devra être principalement d’obtenir de l’écoute des travailleurs en essayant de construire un lien de confiance. Et comment l’obtenir? En leur offrant un programme qui leur convient. La parole doit toujours servir à éduquer les gens vis-à-vis le système pourri en tentant d’exposer la corruption et les mensonges qui s’y trouvent. Les représentants élus de la classe ouvrière devront utiliser le parlement comme une plateforme pour faire avancer les idées claires d’un programme socialiste qui soit la réponse qu’attend la classe ouvrière.

Le représentant futur de Québec solidaire ne devra pas avoir peur des critiques vides du P.Q, du P.L.Q ou de L’A.D.Q et de leurs honorables membres du parlement. Ces hommes et femmes désirent que les représentants de la classe ouvrière plient sous les règlements et les lois pour qu’ils deviennent comme eux. On voit clairement que 40 % des Québécois ne se sont même pas donné la peine d’aller voter dû à un cynisme vis-à-vis la classe politique. Amir Khadir a bien fait de défendre son action de lancer son soulier contre la photo de George bush et de défendre ce geste hautement critiqué par nos soi-disant honorables représentants.

En mai 2009, Amir Khadir questionnait Henri-Paul Rousseau, qui était impliqué dans la perte de 40 milliards de dollars de la Caisse de dépôt et placement du Québec en 2008. Il a correctement exposé M. Rousseau comme suit :

« Vous étiez banquier, vous êtes maintenant au sommet ou enfin dans la direction de Power Corporation, une multinationale tentaculaire qui a un pouvoir économique et politique considérable dans ce pays. Vous êtes donc de la race de ces élites économiques que les évangélistes du libre marché érigent en gloire, mais qui sont devenues ces nouveaux monarques qui se croient tout permis et au-dessus de tout jugement.»

L’honorable président de la commission Mr.Paquet du parti libéral du Québec s’est dépêché de couper la voix de M. Khadir et de lui rappeler de respecter le parlement. Des mots aussi forts prononcés par Amir Khadir font peur à l’oreille de la bourgeoisie et de ses représentants, car ils savent que ces mots représentent l’humeur et la pensée de millions de travailleurs et travailleuses qui sont, eux, dégoutés par le système pourri de nos représentants.

Lorsque le représentant élu de Québec Solidaire se lève dans l’Assemblée nationale, il/elle devrait s’adresser aux millions d’ouvriers du Québec et les convaincre du programme ouvrier de Québec Solidaire. Il n’y a rien à gagner à essayer de persuader les membres du Parti québécois, libéral, conservateur ou adéquiste.

Lorsque les candidats du Québec Solidaire sont en campagne, ils ne devraient pas agir dans le but unique de gagner des votes, mais de telle sorte qu’ils puissent établir des racines dans le peuple, faire bouger les choses, éduquer et repenser les systèmes d’organisation. Les électeurs ont toujours eu tendance à se méfier des politiciens qui ne cherchaient qu’à obtenir leurs votes : nous devons changer ça.

À de nombreuses reprises, des représentants élus, même issus de la classe ouvrière, ont perdu complètement le contact avec le peuple qu’ils devaient représenter. Après avoir été mandatés au poste de premier ministre ou de députés, ils se voyaient remettre des salaires beaucoup plus élevés que les travailleurs et travailleuses de la classe ouvrière. Dans les années quatre-vingt, trois socialistes du Parti Travailliste en Angleterre, Terry Fields, Dave Nellist et Pat Walls prirent sièges au Parlement dans le cadre d’un programme socialiste dont le slogan était : « A workers’ MP on a workers’ wage » (un député ouvrier au salaire d’un ouvrier).  Après avoir été élus, ils prirent l’équivalent du salaire d’un ouvrier qualifié d’usine (environ 40 % de ce qu’il aurait pu gagner) et donnaient le reste au Parti travailliste. Avec un slogan inspiré du « A workers’ MP on a workers’ wage », le Quebec Solidaire pourrait gagner la confiance des travailleurs et travailleuses qui croient que les politiciens ont plus en commun avec les patrons et les PDGs qu’avec eux.

L’élection de nos candidats au parlement n’est pas le seul moyen de faire avancer le socialisme au Québec. Dans la dernière analyse, nous ne pouvons pas simplement utiliser le Parlement pour construire le socialisme, mais nous pouvons l’utiliser pour faire avancer nos idées et convaincre des millions d’ouvriers du Québec de la nécessité d’un programme ouvrier. Il devrait être utilisé pour instruire, agiter et organiser les masses. Cela devrait être l’attitude des représentants élus du QS dans le Parlement. Ils doivent être la voix du mouvement populaire des ouvriers, de la jeunesse et des immigrants se battant contre la crise du système capitaliste.