Il n’y a plus de doute possible. Nous sommes entrés dans une époque de crise économique, de tremblements de terre politiques et, surtout, de révolutions.

La vague de soulèvements commencée l’an dernier, qui a touché au moins une vingtaine de pays, du Chili au Liban en passant par Hong-Kong, a finalement atteint le coeur du capitalisme mondial, les États-Unis. 

Comme d’habitude, des voix « raisonnables » s’élèvent pour compartimenter les problèmes. « Nous devons résister à l’américanisation de notre société », nous dit par exemple Mathieu Bock-Côté. C’est que, voyez-vous, c’est un mouvement américain. 

Mais on aurait tort de croire qu’un tel mouvement serait impossible ici. Doit-on rappeler qu’il ne s’est passé que huit ans depuis la grève étudiante de 2012? Un jour ou l’autre, le déluge de révolte atteindra nos rivages. 

Déjà, une certaine réserve de colère s’est exprimée avec les manifestations en soutien à Black Lives Matter qui ont été organisées à Montréal, Toronto, Vancouver, et même à Calgary, Halifax et Saskatoon!

Ne nous méprenons donc pas. Le Canada et le Québec ne sont pas spéciaux. 

L’événement déclencheur diffère d’un pays à l’autre – hausse du prix des transports en commun, taxe WhatsApp, meurtre raciste par la police – mais la cause profonde demeure la même partout : le système économique capitaliste et ses institutions vivent une crise historique. 

Partout, une colère sourde gronde sous la surface en raison des inégalités ahurissantes entre la poignée de pharaons à la Jeff Bezos et les milliards de miséreux, et elle n’attend qu’une étincelle pour s’enflammer. 

Et avec la pandémie, cette crise du capitalisme a pris une ampleur gigantesque. L’économie à bout de souffle a été jetée à terre. Le chômage a augmenté de façon vertigineuse. Le PIB a chuté virtuellement partout. Les économistes prévoient déjà une dépression aussi grave, voire pire que celle des années 30. Des millions de travailleurs voient maintenant leur monde s’écrouler devant leurs yeux. 

Pour l’instant, les effets de la crise ne se font pas pleinement sentir au Québec et au Canada. Les programmes fédéraux d’aide aux travailleurs et aux entreprises maintiennent artificiellement l’économie à flot. Mais quand le fédéral cessera de payer 75% des salaires des entreprises, le réveil risque d’être brutal. Il faudrait être bien naïf pour croire que les 40 millions de chômeurs aux États-Unis n’ont rien à voir avec l’esprit insurrectionnel qui s’y exprime en ce moment.

Sans compter que ces sommes colossales investies par l’État s’ajoutent à ses dettes déjà élevées. Il faudra bien les rembourser un jour. L’ancien premier ministre fédéral Stephen Harper a déjà invité les gouvernements à faire des coupes dès maintenant, sous peine de devoir imposer une « austérité brutale » plus tard. Inévitablement, les capitalistes vont nous faire payer pour leur crise.

II faut s’attendre à des baisses de salaire et des coupes dans les avantages sociaux, à des licenciements de masse, à des privatisations, et de façon générale à des attaques sur nos conditions de vie et de travail. 

Dans un tel contexte de crise économique, d’austérité, de pandémie et de mouvement de masse chez nos voisins du sud, l’idée d’une révolution peut gagner en popularité très rapidement.

Et tout comme on ne peut pas réellement croire que le mouvement sera confiné aux États-Unis, on ne peut pas non plus croire que nous ne vivrons pas le même genre de répression que ce que vivent les Américains. L’expérience de la grève de 2012 suffit à le prouver. 

Un commentateur conservateur signait récemment une lettre dans laquelle il soulignait qu’un « conflit idéologique immense va bientôt commencer », entre les « conservateurs » et les « socialistes ». Reconnaissant que les idées socialistes vont inévitablement gagner en popularité avec la crise, il invitait les conservateurs à se préparer à une « lutte politique titanesque ».

Il ne s’imaginait pas si bien dire. De rudes batailles nous attendent donc, et tout comme les capitalistes fourbissent leurs armes, nous n’avons pas d’autre choix que de nous préparer dès maintenant.

Il n’est plus possible de rester sur la ligne de touche. La question n’est plus si, mais quand va survenir la confrontation. Il faut dès maintenant bâtir l’organisation révolutionnaire capable de mettre fin au cauchemar capitaliste. La Riposte socialiste invite tous les travailleurs et les jeunes souhaitant se battre pour cette cause à se joindre à elle.