Cet article a été publié en version raccourcie dans le journal du Réseau de résistance anti-G7, sous le titre « Combattons le G7 et le capitalisme! ».
Les 8 et 9 juin prochains, le G7 se réunira à La Malbaie. À cette occasion, notre premier ministre Justin Trudeau accueillera à bras ouvert pour la première fois au pays le président américain Donald Trump. Ce milliardaire raciste et misogyne et son ami Trudeau seront réunis à la table avec les dirigeants de cinq autres pays capitalistes parmi les plus puissants au monde, et ils prendront des décisions qui vont avoir un impact direct sur des milliards de pauvres personnes tout autour du globe. Et Trudeau a eu l’audace de promettre un « programme progressiste » pour cette réunion avec Trump et les autres grandes puissances! Quoi qu’il arrive au G7, les résultats ne seront pas en notre faveur. Ce seront les travailleurs, les travailleuses et les plus opprimés de la société qui payeront les frais des décisions du G7. Notre résistance au G7 est une première étape dans notre combat contre l’exploitation du système capitaliste!
Trump n’est pas le bienvenu!
Trump, qui a gagné les élections américaines en prétendant se battre pour les « gens ordinaires », a désormais montré pour qui il se bat réellement. Son plan fiscal fut un énorme cadeau pour les entreprises américaines. Il a également réduit en pièces les dépenses gouvernementales dans tous les ministères, à l’exception de la défense nationale, qu’il a massivement augmenté.
À l’échelle internationale, Trump a aggravé le conflit israélo-palestinien et sanctionné ouvertement l’oppression des Palestinien-es, en reconnaissant officiellement Jérusalem comme la capitale d’Israël. Il a menacé d’annihiler la Corée du Nord avec « le feu et la fureur ». Le mégalomane égocentrique Trump est aussi devenu réputé pour ses déclarations xénophobes et ses politiques réactionnaires.
Sans surprise, sept Canadiens sur dix ont une vision négative de la première année de Trump à la Maison-Blanche, et seulement 13 % de la population en a une vision positive. Les grands médias commencent déjà à faire écho à la peur des politiciens bourgeois et des capitalistes à l’approche de cette visite. Un chroniqueur du Star affirmait le 18 janvier dernier : « Bien que nous puissions être régulièrement dégoûtés par Trump, il est le dirigeant élu de notre voisin et notre plus important partenaire commercial et de sécurité. Il est un leader du G7. Vladimir Poutine a été mis dehors du G8 lorsqu’il a envahi la Crimée, donc tant que Trump n’aura pas été reconnu coupable de crime de guerre, d’un autre crime ou envahi le Mexique, il demeure un dirigeant clé du sommet et il est éligible pour entrer au pays. »
Trump a récemment annulé sa visite de la nouvelle ambassade américaine à Londres, prétextant sa mauvaise localisation et ses coûts faramineux. En réalité, Trump a refusé de visiter le Royaume-Uni car il savait qu’il serait accueilli par des manifestations hostiles. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a d’ailleurs déclaré que Trump avait bien « compris le message » selon lequel « de nombreux Londoniens avaient clairement exprimé que Donald Trump n’était pas le bienvenu. » C’est là un signe de faiblesse : il nous montre que Trump n’est pas tout puissant et qu’il peut être stoppé. Les travailleurs et les jeunes du Québec ont de grandes traditions de manifestations de masse qui ont été confirmées au cours des dernières années, notamment en 2012 et en 2015. Il faut que nous nous mobilisions pour montrer à Trump que ses politiques ne passeront pas!
Les politiciens capitalistes s’amènent à La Malbaie
Dans le manoir Richelieu se réuniront également les autres « grands leaders » de nos grandes « démocraties » libérales. Notre sort est clairement entre bonnes mains lors de cette rencontre. La chancelière allemande Angela Merkel est reconnue pour son rôle dans l’écrasement de la classe ouvrière grecque, les ayant forcés à avaler une austérité sans mesure. Merkel a bien rempli son rôle : sauver les profits des banques allemandes qui possédaient en grande partie la dette nationale grecque. Merkel est également celle qui a violemment réprimé les manifestations pendant le G20 à Hambourg en juillet dernier.
La première ministre conservatrice britannique Theresa May, quant à elle, se maintient au pouvoir grâce au soutien du Democratic Unionist Party (DUP) de l’Irlande du Nord, un parti d’extrême droite dont l’ancien chef était anticatholique, pro-vie, anti-gai et très réactionnaire. May s’est fait un plaisir de donner un milliard de livres au DUP à dépenser sur l’Irlande du Nord pour sécuriser l’appui de ce parti réactionnaire. Cependant, l’austérité se poursuit, et le gouvernement conservateur n’a pas su trouver un sou pour les pauvres victimes de l’incendie de la tour Grenfell, alors que quatre familles sur cinq n’ont toujours pas de nouvelle résidence permanente. May viendra à La Malbaie comme représentante de ce gouvernement au service des capitalistes, et qui n’en a que faire du sort des travailleurs et des pauvres.
Mais le « modéré » Macron est-il mieux? Après avoir gagné ses élections présidentielles en mai dernier, ce banquier offre en cadeau des allégements fiscaux de milliards d’euro à ses amis les plus riches de France, tout en écrasant les travailleurs avec sa loi Travail réactionnaire : pression fiscale accrue sur les foyers modestes, baisse programmée des retraites, coupes dans le budget de la Sécurité Sociale, contre-réforme de l’assurance chômage, etc.
Et maintenant c’est notre premier ministre, le « féministe » Justin Trudeau, qui accueillera ces gens, et il le fait de manière totalement cynique, tentant de donner une façade « progressiste » à cette réunion de politiciens capitalistes. Il affirmait l’an passé au sujet du G7 que l’égalité des genres « sera au sommet de l’ordre du jour l’an prochain. » Mais comment le prendre au mot, alors qu’il a vendu pour 15 milliards de dollars en armes à l’Arabie saoudite, ce régime théocratique réactionnaire qui opprime brutalement les femmes, ainsi que les minorités sexuelles et religieuses? Les femmes saoudiennes peuvent être fouettées ou pendues si elles ont été violées ou si elles refusent de porter le voile. Voilà qui est très « progressiste »!
Après les violents affrontements lors du G20 à Toronto en 2010, les politiciens capitalistes ont décidé que cette année, leurs discussions auraient lieu loin des grands centres urbains. Et Trudeau est plus que diligent dans son rôle d’assurer leur protection. Reclus dans le luxueux Manoir Richelieu, ils seront protégés par une énorme clôture, par plus de 5000 policiers de la GRC et par les Forces armées canadiennes; les coûts de la sécurité pourraient atteindre jusqu’à 300 millions de dollars. Qui payera pour ces frais exorbitants? Les travailleurs et travailleuses, bien évidemment.
Le véritable programme du G7
Le représentant personnel du premier ministre Justin Trudeau, Peter Boehm, explique que le G7 se concentrera sur les enjeux de « La croissance économique, l’inclusion économique, les changements climatiques, les postes du futur avec l’impact de l’intelligence artificielle ». Rappelons que ceux qui participeront au G7 sont les mêmes puissances qui, depuis la crise de 2008, ont mené la charge avec des mesures d’austérité et des attaques sur les travailleurs, tandis qu’elles sauvaient les grandes banques à coup de centaines de milliards de dollars. La dernière chose à laquelle nous pouvons nous attendre du G7, ce sont des mesures « progressistes ». Comment parler « d’inclusion économique », dans un système où le 1 % trouve toujours de nouveaux moyens de cacher son argent dans des paradis fiscaux, et où les capitalistes des différents pays préfèrent s’asseoir sur des milliards de dollars pendant que l’austérité s’abat sur les travailleurs? À ce niveau, nous ne pouvons rien attendre de ces représentants des bourgeoisies parmi les plus puissantes au monde.
Si les dirigeants du G7 pensent trouver la solution pour relancer la croissance économique, ils se mettent le doigt dans l’œil. L’OCDE prévoit une croissance léthargique de 3 % par année à l’échelle planétaire jusqu’en 2060! La raison est simple : le capitalisme mondial est en crise prolongée. Cela fait près de dix ans qu’est survenue la grande crise économique mondiale de 2008, et rien n’a été réglé. Les taux de chômage en Europe sont encore à des niveaux historiquement très élevés : 9,7% en France, 16,4% en Espagne, 20-23% en Grèce. En plus, les dettes publiques et privées ont atteint des niveaux astronomiques, atteignant un total à l’échelle mondiale de 233 000 milliards de dollars! Cette somme colossale pèse comme un poids mort sur l’économie entière, et exerce une pression à la baisse sur l’investissement et la consommation.
Peu importe ce qui sera décidé formellement au G7, les sept grandes puissances ne peuvent échapper à la conclusion que leur système s’en va vers une nouvelle crise.
Combattons le G7 par le socialisme!
Le 8-9 juin, nous devons nous mobiliser pour envoyer un message clair : nous ne voulons pas de vous et de votre système pourri! C’est une lutte qui concerne toutes les couches exploitées et opprimées de la société, il faut donc que tous les groupes se mobilisent contre Trump, Trudeau et leurs amis du G7. Les syndicats ouvriers et étudiants ont un rôle majeur à jouer dans cette mobilisation. Ils ont les membres, les traditions et les ressources pour défier les leaders mondiaux réactionnaires et leurs politiques. Mais plus que manifester, plus que d’être contre les politiques du G7, il faut également être pour quelque chose. Le G7 n’est que le représentant d’un système capitaliste mondial pourri jusqu’à l’os. C’est ce système qu’il faut détruire.
Oui, nous devons affronter les problèmes économiques et sociaux; et dans cette lutte, le G7 et le système capitaliste qu’il défend sont des obstacles immédiats. Aucun des enjeux « progressistes » dont Trudeau souhaite discuter ne peuvent être réglés au G7. Aucun de ces enjeux ne peut véritablement être résolu sous le capitalisme. C’est pourquoi nous croyons que nous devons nous opposer au G7 en luttant pour une société socialiste. Seul le socialisme, fondé sur une démocratie radicale des travailleurs, permettra de détruire à la racine les problèmes économiques et sociaux générés par le capitalisme.
Toutes les richesses de la société sont créées par les travailleurs salariés. En prenant le contrôle des grandes entreprises, des multinationales et des piliers économiques comme l’énergie, le transport, les télécommunications, les mines, les forêts, etc., à travers une collectivisation des milieux de travail, les travailleurs pourraient alors organiser et planifier démocratiquement la production. Nous pourrions placer l’économie au service des besoins de la population, et non du profit des quelques capitalistes fortunés.
Notre mobilisation ne doit pas s’arrêter à la résistance au G7 de juin : il faut organiser la lutte contre le système capitaliste tout entier. Il est plus qu’urgent de lutter pour un programme socialiste au sein du mouvement ouvrier et du mouvement étudiant. Seul un tel programme peut véritablement balayer le système capitaliste défendu par le G7 et ses alliés!
Résistons au G7!
Combattons le capitalisme!
Luttons pour le socialisme!