Le mercredi 23 mai dernier, six membres du groupe d’extrême droite Atalante ont fait irruption dans les bureaux de Vice Montréal et ont harcelé les journalistes qui s’y trouvaient. Il s’agissait d’une réponse à un récent article en ligne de Vice qui appelait ce groupe par son nom : une organisation identitaire ultra-nationaliste et raciste liée et inspirée des Soldats d’Odin, des fascistes originaires de Finlande. Les membres d’Atalante ont remis un trophée aux journalistes portant la mention « média poubelle 2018 » et sont ensuite partis avant l’arrivée de la police. Celle-ci a conclu qu’il n’y avait pas matière à faire un suivi sur ce harcèlement, et que ce genre de problème ne surviendrait plus. En réalité, la mobilisation de l’extrême droite est un problème grandissant au Québec. Le mouvement nationaliste blanc identitaire, bien que marginal, devient plus audacieux et bruyant.
Les fascistes ont une longue histoire de suppression de la presse ainsi que d’intimidation et d’incitation à la violence contre leurs opposants politiques. Récemment, les suprémacistes blancs et leurs défenseurs se sont transformés en défenseurs de la « liberté d’expression ». Beaucoup de groupes d’extrême droite ont organisé des manifestations sous cette bannière. La Meute et Atalante, par exemple, on tenu une marche l’an dernier en faveur de leur « droit » de cracher leur haine envers les musulmans et les immigrants. En réalité, leur défense de la « liberté d’expression » n’est qu’une couverture hypocrite pour leur campagne visant à terroriser les communautés immigrantes et réduire au silence leurs ennemis politiques. Nous avons eu des exemples de jusqu’où l’extrême droite est prête à aller lorsque Heather Heyer a été tuée lors de la manifestation fasciste de Charlottesville en août dernier, ou encore lorsque Alexandre Bissonnette a tué six personnes dans une mosquée de Québec en janvier 2017.
Il y a des personnes à gauche qui affirment qu’une résurgence du fascisme telle qu’il existait dans les années 30 est imminente. Cependant, les organisations fascistes d’aujourd’hui sont minuscules et n’ont pas de base de masse. Elles ne sont que l’ombre des organisations fascistes de masse des années 30. À cette époque, les fascistes italiens et allemands jouaient le rôle de force paramilitaire qui pouvait tuer ses opposants en toute impunité. Ce n’est pas le cas avec l’extrême droite aujourd’hui. S’ils agissaient ainsi, il y aurait une énorme réponse des masses, qui remettraient immédiatement les fascistes à leur place. La base sociale du fascisme a également été grandement affaiblie. Dans les années 30, la paysannerie représentait un terrain fertile pour le recrutement des fascistes. Aujourd’hui, la paysannerie est presque inexistante, tandis que la classe ouvrière compose la majorité de la société, au Québec et ailleurs.
Ceci étant dit, ces groupes sont une menace et leurs actions répugnantes ne devraient pas être prises à la légère. Même si personne n’a a été blessé chez Vice, nous ne pouvons tolérer le comportement des voyous de l’extrême droite. Beaucoup de gens, incluant Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire, croient que nous pouvons compter sur l’État pour nous défendre contre les provocations fascistes. Cependant, l’État est loin d’être un arbitre neutre dans ce conflit. Cela devient évident lorsqu’on compare la complaisance de l’État envers La Meute et Atalante à la répression étatique sévère de la grève étudiante de 2012.
Nous ne pouvons compter que sur notre propre force. La mobilisation de masse de la classe ouvrière, des étudiants et des communautés opprimées est la seule façon de repousser une fois pour toutes ces voyous fascistes. C’est la tâche des dirigeants syndicaux et étudiants d’aider à en faire une réalité.