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Encore un autre. Un riche agresseur s’en sort. 

Encore une autre. Une femme n’obtient pas justice.

« Mardi 15 décembre va rester un jour sombre pour toutes les victimes d’agression sexuelle » a dit la courageuse Annick Charette, après que son agresseur ait été acquitté hier. Pendant ce temps, au royaume des riches et puissants, c’est vraiment juste pour rire. 

L’histoire se répète

Au-delà du verdict lui-même, l’histoire est enrageante. En 2017, dans la foulée de #MeToo, une vingtaine de femmes ont porté plainte contre Gilbert Rozon. Mais ce n’est qu’une seule des plaintes qui est allée jusqu’au procès.

Ajoutons-en. En 1998, le grand boss de l’humour a plaidé coupable à une accusation d’agression sexuelle. Mais il a ensuite reçu l’absolution inconditionnelle, après que ses avocats ont plaidé qu’il ne représentait pas un danger et que sa condamnation nuirait à ses affaires aux États-Unis. 

Si la justice est aveugle pour la majorité, elle ouvre toujours un œil quand un bourgeois a besoin de faire de la business. Nous avons ici un autre exemple flagrant du dicton : « Les lois sont semblables aux toiles d’araignée, qui attrapent les petites mouches, mais laissent passer guêpes et frelons. »

Croire la victime?

Pour les victimes d’agression sexuelle, simplement porter plainte est déjà généralement peine perdue. On remet le blâme sur elles, ou bien on ne les croit tout simplement pas. Victimes de la violence sexuelle, elles sont aussi victimes des préjugés misogynes des policiers et des juges.

Mais dans ce cas-ci, la victime a été entendue. La juge mentionne : « L’analyse du témoignage démontre qu’elle est crédible : elle témoigne de façon honnête, sincère, sans biais et sans exagération. » Or, comme dans bien des cas d’agression, la victime ne peut fournir d’autre preuve que son témoignage. C’est sa parole contre celle de Rozon, qui a inventé une version opposée des faits. Il affirme que ce serait la victime qui l’aurait agressé!

Et ce témoignage contradictoire a été suffisant pour que Rozon soit acquitté. La juge affirme : « Même si le tribunal ne croit pas la version des faits donnée par M. Rozon, celle-ci soulève tout de même un doute raisonnable. » 

De manière très claire, ce procès nous montre que le système de justice pénale n’est pas fait pour être juste envers les victimes d’agression sexuelle, peu importe que les juges ou autres individus dans la machine étatique croient ou non la victime. 

La justice des riches

Le procès a été l’occasion pour la victime d’avoir « une réflexion sur la justice des riches ». Elle constate : « Le procureur, il est tout seul. La défense, ils sont trois, ils ont haut de même de documentation de jurisprudence. C’est complètement disproportionné. J’avais confiance dans le procureur. Mais ça n’est pas égal. » Les dés sont pipés quand les riches comme Rozon peuvent se payer les meilleurs avocats assistés d’une armée de recherchistes.  

Dans notre société, il y a ceux qui ont l’argent et le pouvoir, et il y a les autres. Et avec le pouvoir viennent l’abus de pouvoir et les abus tout court. 

Jian Ghomeshi, Brett Kavanaugh, le Prince Andrew, Donald Trump, Joe Biden… Combien d’autres puissants pouvons-nous ajouter à la liste des agresseurs en liberté? Combien de PDG d’entreprises et politiciens bourgeois courent toujours? 

Mais surtout : combien de femmes et autres victimes souffrent en silence par peur de représailles ou de perdre leur emploi?

Annick Charrette a raison de dire que ce système n’est pas égal. Et ce système a un nom : le capitalisme. Tant que nous vivrons dans une société où une petite minorité possède toutes les richesses, il n’y aura pas de justice.

Le combat continue

Malgré cette défaite, le vent a tourné dans la dernière période. La vague de dénonciations des agressions et la montée des mouvements de masse contre l’oppression partout dans le monde montrent qu’une nouvelle génération de femmes n’accepte plus de souffrir en silence. 

Ils s’en sortent parce qu’ils sont riches, mais nous pouvons renverser l’ordre des capitalistes.

On laisse le mot de la fin à Annick Charette : « Il faut continuer. Il faut lever le poing haut et fort. Ça ne peut pas s’arrêter. Si ça s’arrête, la place est donnée à tous les prédateurs de la terre de continuer. »