Deux ans après la crise de 2008/09, l’économie mondiale se retrouve au bord d’une nouvelle récession. La chute brutale des valeurs boursières et le déclassement de la note américaine n’ont fait qu’anticiper cette perspective, désormais très probable. Dans les jours et les semaines à venir, les mauvais chiffres vont sans doute se succéder. Et nul ne peut dire jusqu’où une nouvelle récession entraînerait l’économie mondiale.
Des milliers de milliards de dollars se sont volatilisés en l’espace d’une dizaine de jours, sur les grandes places boursières. Cette purge massive en annonce une autre, beaucoup plus concrète et douloureuse, pour les travailleurs de tous les pays : en Europe, aux Etats-Unis, en Asie et ailleurs, des centaines de milliers d’emplois sont menacés à court terme. Faillites, fermetures et « plans sociaux » vont se multiplier. Or, la récente reprise économique, faible et fragile, n’avait pas même commencé à effacer les fortes hausses du chômage enregistrées en 2008 et 2009. Autrement dit, la « reprise » risque fort de n’avoir permis qu’une courte période de stagnation du chômage, entre deux flambées brutales.
Lorsque la crise a éclaté en 2008, beaucoup de travailleurs espéraient qu’elle serait passagère et qu’un retour à la normale ne tarderait pas. « Serrons-nous un peu la ceinture et tout rentrera bientôt dans l’ordre », espéraient-ils. Ces illusions sont mises à rude épreuve, non seulement par la récession qui menace, mais aussi par les plans d’austérité qui, partout, s’attaquent à des décennies de conquêtes sociales. Même avant la crise de ces dernières semaines, les capitalistes n’avaient qu’un seul mot d’ordre : « des coupes, des coupes et encore des coupes » ! Les dettes publiques colossales ne laissent pas d’autre alternative aux classes dirigeantes. Et une récession aura pour effet d’accélérer et d’intensifier ces attaques contre nos droits sociaux, nos services publics et nos conditions de vie en général.
La panique des capitalistes est d’autant plus vive qu’ils sont impuissants. Ils ne peuvent actionner les leviers par lesquels ils tentent habituellement de sortir d’une crise, car ils ont déjà eu recours à ces leviers en 2008 et 2009, sans grand succès. Ainsi, la possibilité d’injecter des quantités massives d’argent dans l’économie est sérieusement limitée par le niveau des dettes publiques – qui ont explosé dans la foulée de la crise de 2008, lors des plans de « sauvetage » des banques. De même, les taux d’intérêts des grandes banques centrales sont historiquement bas, de sorte qu’il n’y aurait rien à attendre de nouvelles baisses de ces taux (à part de l’inflation).
Reste la possibilité – et, d’un point de vue capitaliste, la nécessité – d’imposer des plans de rigueur encore plus drastiques, dans l’espoir de réduire l’endettement public. Mais comme de nombreux économistes bourgeois le reconnaissent eux-mêmes, le remède risque d’être pire que le mal car en minant la demande, les politiques de rigueur menacent de précipiter et d’aggraver la récession. D’où les appels angoissés – et parfaitement inutiles – à des plans de rigueur savamment « dosés », dans la presse économique.
Il n’y a pas et il n’y aura jamais de « crise finale du capitalisme ». Les capitalistes se tireront toujours de la pire des crises – jusqu’à ce que ce système pourrissant soit renversé par l’action consciente et collective des travailleurs. Comme l’écrivait Lénine : « le capitalisme, c’est l’horreur sans fin ». Face aux terribles souffrances qui se préparent, la perspective d’une lutte révolutionnaire pour le socialisme est plus que jamais d’actualité