En réaction au budget déposé en février 2014 par le Parti québécois, l’Association pour Solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a décidé de reprendre la rue pour signifier son opposition aux mesures d’austérité que le Parti québécois a mises et souhaite mettre en place. C’est pourquoi le 3 avril prochain se tiendra une manifestation nationale contre l’austérité. Celle-ci débutera à 14h à la Place Émilie-Gamelin, au centre-ville de Montréal.
Au cours des 18 derniers mois, le PQ a montré son vrai visage à la classe ouvrière québécoise. Il lui a montré qu’elle lui était irrémédiablement hostile. En vue de l’atteinte du déficit zéro, le premier budget déposé en novembre 2012 par le PQ a mis en place une hausse des tarifs d’électricité, une diminution de 150 millions de dollars par an dans le financement des commissions scolaires, a procédé à l’abolition de 2000 postes à Hydro-Québec et a accordé un congé fiscal aux grands projets d’investissement. Avec le Sommet sur l’éducation supérieur de février 2013, le PQ a décidé de procéder à une hausse des frais de scolarité indexée à la croissance du revenu disponible des familles. Le plus récent budget déposé en février dernier continuait dans la même veine avec une hausse de 7 à 9$ par jour du coût des garderies pour les deux prochaines années et le PQ affirme vouloir garder un « contrôle serré » de la masse salariale des fonctionnaires en vue des prochaines négociations. C’est sans parler des coupures effectuées en catimini dans l’aide sociale au printemps 2013. Enfin, le PQ a démontré son hostilité à la classe ouvrière en forçant le retour au travail des travailleurs et travailleuses de la construction avec une loi spéciale en juin 2013.
Si la trame de fond de la manifestation demeure les mesures d’austérité péquistes, il faut souligner que le contexte électoral s’est maintenant ajouté, ce qui rend la manifestation d’autant plus importante. En effet, dans le paysage politique du Québec, les trois partis les plus représentés à l’Assemblée nationale à la veille des élections, soit le PQ, le Parti libéral et la Coalition Avenir Québec, prônent tous des mesures d’austérité. La manifestation est donc une occasion idéale de montrer que le mouvement anti-austérité n’est pas dirigé seulement contre les mesures du PQ, mais aussi contre celles qui pourraient être mises en place par les autres partis bourgeois.
D’ailleurs, le jour de cet événement, 38 000 étudiant-e-s (au moment de mettre sous presse) seront en grève pour symboliser leur opposition à l’austérité. Les syndicats des travailleurs et travailleuses auraient intérêt à suivre l’exemple que lui offre la jeunesse québécoise en s’engageant dans une mobilisation de masse incluant la grève afin de défier concrètement l’ordre du jour austère des capitalistes.
Le 3 mars dernier, sur l’ASSÉ écrivait sur sa page Facebook : « L’austérité n’est qu’une idéologie – dont on doit se débarrasser. » L’ASSÉ martèle que la situation économique du Québec ne justifie pas les mesures d’austérité, et que des alternatives fiscales existent à celle-ci. Les porte-parole de l’ASSÉ affirment que les entreprises doivent payer plus d’impôts et que ce n’est pas aux plus appauvri-e-s de payer pour la crise. C’est là où le bât blesse dans toute la campagne anti-austérité que mène depuis quelques mois l’ASSÉ. En fait, l’austérité est un élément du système capitaliste à un moment précis de son histoire, c’est-à-dire au moment de sa banqueroute des plus complètes. Si les entreprises payaient plus d’impôts dans les années 1960 et qu’elles n’en payent que très peu aujourd’hui, c’est que le capitalisme surfait, à cette époque, sur la vague du boom économique qui avait suivi la Deuxième guerre mondiale, un boom sans précédent et qui ne se représentera probablement jamais. Aujourd’hui, la croissance économique bat de l’aile et rien ne laisse envisager une reprise. Dans un tel contexte, l’ambiance n’est pas propice à faire accepter des hausses d’impôts aux capitalistes. Certes, il ne faut pas s’opposer pour autant à des hausses de contribution de la part des entreprises. Mais il faut admettre que le problème est plus profond et s’attaquer à la racine de ce problème, soit le système capitaliste en crise, et proposer la seule alternative pouvant réellement défier l’austérité, soit le contrôle démocratique de la richesse et la nationalisation des principaux leviers économiques. Il est donc important d’avoir une perspective socialiste dans la lute contre l’austérité des patrons.
Des militants et militantes de la Tendance Marxiste Internationale seront présent-e-s lors de cet événement. Joignez vous à nous dans notre lutte pour le socialisme au sein du mouvement anti-austérité !