Après quatre semaines de grève, les postiers du STTP se font ordonner un retour au travail par le gouvernement libéral.
Les libéraux, invoquant encore une fois l’obscur article 107 du Code du travail, demandent au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d’ordonner le retour au travail jusqu’en mai 2025.
Cette action est sans précédent dans l’histoire du mouvement ouvrier canadien. En effet, l’ordonnance de retour au travail ne prévoit même aucun arbitrage obligatoire.
Plutôt, le gouvernement souhaite mettre en place une « commission d’enquête sur les relations de travail » (CET) qui aura un « large mandat » de revoir l’entièreté de la structure de Postes Canada. D’ici là, la grève est proscrite.
Il faut appeler les choses par leur nom. Ce que nous avons ici est la dictature du capital.
Le STTP a réagi ce matin, affirmant :
« Le Syndicat condamne sévèrement cette atteinte à notre droit constitutionnel à la négociation collective et à la grève.
Cette ordonnance s’inscrit dans une tendance profondément troublante du gouvernement, qui utilise ses pouvoirs arbitraires pour laisser les employeurs agir en toute impunité, faire du surplace et refuser de négocier de bonne foi avec les travailleuses et travailleurs et leurs syndicats. »
Le STTP a raison de dénoncer cette vicieuse attaque. Au Canada, le droit de grève n’existe que sur le papier. Jusqu’à récemment, les lois spéciales cassaient les grèves – ce qui était déjà entièrement antidémocratique. Maintenant, sans l’ombre d’un débat au parlement, le droit de grève est éliminé d’un simple coup de crayon.
Le ministre du Travail, Steven MacKinnon, tente bien de couvrir ses arrières en disant attendre la décision du CCRI, mais nous pouvons déjà avec confiance prédire que le Conseil « découvrira » que la négo est dans l’impasse et forcera le retour au travail.
Les négociations entre Postes Canada et le STTP représentent une lutte irréconciliable. La direction invoque ses pertes financières pour imposer des conditions de travail dignes d’Amazon. Les travailleurs veulent résister et protéger leurs gains du passé. Il est probable que le gouvernement n’impose pas l’arbitrage obligatoire cette fois parce qu’un arbitre n’offrirait pas aux patrons les contre-réformes drastiques qu’ils souhaitent. La CET fera ce sale travail de « revoir » la structure de Postes Canada « tant du point de vue des clients que du point de vue industriel ». Rien de bon n’en sortira pour les travailleurs.
Nous sommes à un potentiel tournant pour le mouvement ouvrier au Canada. Il est temps de tracer une ligne dans le sable. La direction du STTP a le devoir de mobiliser ses troupes pour défier cet ordre de retour au travail.
Autrement, à quoi aura servi le mois de grève? Pourquoi cet immense sacrifice?
Nous ne pouvons plus reculer. Il est temps de défier la dictature du patronat.
Devant une attaque monumentale contre le droit de grève et de négociation en novembre 2022, le personnel de soutien des écoles de l’Ontario affilié au SCFP avait défié une loi de retour au travail. La menace d’une grève générale de solidarité avait forcé le gouvernement Doug Ford à reculer.
C’est exactement ce qu’il faut dans la situation actuelle. Nul doute que l’humeur est là pour monter d’un cran dans la lutte contre ce gouvernement des patrons détesté et hypocrite.
Défions l’ordre de retour au travail!
Solidarité avec le STTP! Toutes les centrales syndicales doivent être mobilisées!