Le 24 janvier a marqué l’anniversaire du lock-out du Journal de Montréal. Les 253 membres du personnel de bureau et de journalisme se sont vu refuser le travail, après une dispute de contrat, à propos des salaires, des avantages sociaux et de la convergence des médias. Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (STIJM-CSN) luttait contre la direction de l’entreprise, depuis un bout de temps. Appartenant à Quebecor Media Inc., une des plus grosses entreprises médiatiques au Canada, les gestionnaires du journal disent que, pour faire plus de profits, ils doivent fusionner le contenu en ligne de l’ensemble du réseau du conglomérat médiatique des publications. Ce que cela signifie, c’est que ce fusionnement aura pour effet de brouiller la ligne qui divise le travail des journalistes et des publicités pour l’empire Quebecor, d’imprimerie, des services de câblodistribution, de musique, de livres, de vidéos, de télécommunications pour affaires et de marketing. Le STIJM-CSN souligne convenablement que sous le plan de Quebecor, « Il n’y aurait plus moyen de savoir où s’arrête l’information et où commence la promotion et la publicité. Bref, d’amener la convergence à outrepasser toutes les notions d’éthique journalistique »
Quebecor a déjà indiqué son intention d’unifier toutes ses filiales médiatiques. Elle a fait valoir que la consolidation et la convergence des médias aideraient à maintenir la diversité de presse. En 2007, Luc Lavoie, porte-parole de Quebecor, à dit au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) que la consolidation n’est pas seulement nécessaire dans le monde médiatique en constante évolution, mais qu’elle pourraient développer la diversité des opinions disponibles au canadiens. Les patrons médiatiques ont mis au point une série de « justifications » afin de nous expliquer pourquoi la concentration des médias est souhaitable pour les Canadiens. D’après le PDG de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, la consolidation des médias appartenant aux québécois renforcera la culture et la langue française en Amérique du Nord.
Bien qu’il est vrai qu’il y a maintenant plus de magazines et de journaux qui se font publiés, grâce à la capacité productive humaine grandissante, les tendances à l’intérieur du capitalisme ont seulement favorisé leur concentration vers une minorité. La concentration des médias a mis le contrôle éditorial entre les mains de quelques personnes. Les conseils de rédaction de ces nouveaux diffuseurs sont triés à la main en fonction des intérêts politiques et économiques des propriétaires des médias, qui font souvent partie de syndicats et fiducies plus larges. Il n’y aura pas de moyens de savoir où s’arrêteront les reportages et la publicité. Par conséquent, ce que nous avons désormais c’est une seule voix ou un seul intérêt qui s’exprime à travers une diversité de diffuseurs.
La démocratie bourgeoise loue les vertus d’une presse libre. De plus, les défenseurs du capitalisme réclament que le libre marché contribue à maintenir la liberté de presse. Cependant, nous constatons tout le contraire. Comme avec les autres industries sous le capitalisme, les compagnies de médias s’achètent entre eux et consolident leurs salles de rédaction pour être plus efficaces et plus profitable.
Les médias se concentrent de plus en plus dans la poignée de grands conglomérats. La plupart des canadiens s’aperçoivent que CTV-globemedia et Canwest Global contrôlent la plupart des médias anglophones au Canada. Toutefois, Quebecor est encore plus géante que ces deux compagnies du Canada anglais. Quebecor possède 77 journaux, 22 magazines et 13 maisons d’édition. Quebecor possède aussi le Groupe TVA, le plus gros réseau de télévision francophone en Amérique du Nord, qui gère 17 canaux et autres activités liées à la télévision. En plus, Quebecor détient Vidéotron, qui fournit la télévision, le téléphone et la connexion Internet à plus de 2,5 million de maisons au Québec. Quebecor est aussi la deuxième plus grande multinationale d’impression commerciale du monde.
Toute cette consolidation signifie qu’il y aura moins de diversité d’opinions dans les médias. Plus souvent qu’autrement, se sera une même opinion qui sera présentée à travers une variété des sources. De plus, n’oublions pas le vieil adage « celui qui paie le bal mène la danse ». Les intérêts de ces grands conglomérats finissent par être présenter comme des « nouvelles » .
Ce sont les travailleurs des médias qui ont été à l’avant-garde de la défense de la liberté de presse hors du contrôle accru par des entreprises. Le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP) a publié un compte rendu intitulé « Étude sur les médias canadiens: Voix de la salle de nouvelles » qui a enquêté sur les inquiétudes des travailleurs des médias qui affirmaient que les intérêts d’entreprises dictaient les nouvelles qui sortaient que de ces compagnies. Dans cette étude, seulement 9,5 % des travailleurs des médias étaient en accords avec l’affirmation « Les propriétaires de ma publication ou station font passer la qualité du journalisme avant les profits ». À l’affirmation « Les valeurs et convictions politiques des propriétaires de votre station ou publication n’ont pas d’influence sur votre politique rédactionnelle » seulement 41.9 % étaient en désaccord. Plus inquiétant encore, 65.2 % étaient en désaccord avec l’affirmation « Les résultats financiers des propriétaires de votre station ou publication n’affectent pas votre politique rédactionnelle » .
Les apologistes du capitalisme réclament qu’avec plus de régulations, il est possible de restaurer la liberté de presse. Cependant, les régulations existent toujours (avec l’existence du CRTC) et cela n’a pas empêché certaines compagnies de dominer les médias canadiens. C’est le caractère privé des médias qui est à la base du problème. La première étape pour assurer un vrai accès démocratique aux médias pour tous, c’est en arrachant le contrôle de ceux-ci des mains des grosses corporations et de le remettre sous le contrôle démocratique des travailleurs. En même temps, l’état devrait donner des ressources aux communautés afin qu’elles puissent établir leurs propres médias, qui seraient sous le contrôle démocratique des personnes du milieu communautaire. Ceci serait la réelle manifestation des médias à grande portée, qui fonctionneraient grâce à la participation de la population.
Les médias ne sont pas indépendants des luttes de classes. Les capitalistes comprennent parfaitement cela et, ainsi, ils sont inflexibles en gardant leur mainmise sur les médias. Le capitalisme ne peut pas respecter les exigences éthiques nécessaires pour le journalisme. Sous le capitalisme, la liberté de presse ne peut vouloir dire rien d’autre que la liberté des patrons de contrôler les médias. Sous le socialisme, où toutes les plus grandes industries, y compris les médias, seraient entre les mains des travailleurs, la liberté de presse trouverait son authenticité quand les peuples exprimeraient réellement leurs opinions dans les médias en participant activement à la création du contenu. Le socialisme est le seul système social qui ferait en sorte que cela devienne une réalité.