Le 24 mars dernier, les camarades de La Riposte socialiste ont participé à la manifestation« UniEs pour la santé » tenue pour dénoncer les injustices du système de santé. Nous en avons profité pour interviewer Jean-Michel Varin, infirmier auxiliaire au CISSS (Centre intégré de santé et de services sociaux) de la Montérégie-Est, et président du syndicat de la Fédération interpersonnelle du Québec pour la Montérégie-Est. Il s’agit d’un autre témoignage de l’état lamentable dans lequel se trouve le système de santé présentement, après des années de coupes. Le poids de ces coupes tombe sur les travailleurs et travailleuses du secteur d’abord et avant tout. Pour une analyse plus détaillée de la destruction du système de santé par les libéraux, vous pouvez consulter cet article publié par La Riposte socialiste il y a un an et demi, et qui conserve en grande partie sa pertinence.
La Riposte socialiste : Pour quelle raison êtes-vous dans la rue aujourd’hui?
Jean-Michel Varin : Bien pour dénoncer ce qui se passe, les coupures. Chez nous on l’a vécu, il y avait quand même de la chirurgie ophtalmo qui se faisait chez moi [au CISSS] et ils l’ont sorti de l’établissement pour le mettre au privé. Donc à cette heure c’est fait au privé, en partenariat.
LRS : Quelles sont les conséquences des coupures sur les infirmiers et les patients?
JMV : Bien c’est sûr qu’il y a une réorganisation du travail qui a été faite. Il y avait quand même des infirmières attribuées à cette spécialité là. Il y a eu une réorganisation du travail. C’est sûr que pour nous, c’est inquiétant de savoir que ça s’en va vers le privé alors qu’on offrait le service. Il n’y avait pas de listes d’attentes, ça roulait très bien. C’est une chirurgie qui se fait rapidement. Donc on n’a pas vraiment compris pourquoi sortir du public.
Donc il va y avoir des moyens de pressions ou des activités en liens avec la négociation locale. C’est sûr que ces choses-là ont été dénoncées. Chez nous ça fait plus d’un an que c’est fait. On l’a dénoncé à la population. Là, on trouvait ça important de venir ici parce que si ça se fait chez nous, ça va se faire ailleurs. Donc pour nous c’est important de sortir dans la rue pour prévenir.
LRS : Si les négociations n’avancent pas, pensez-vous faire des actions plus fortes?
JMV : C’est sûr que ça n’en restera pas là. On est des professionnels et en ce moment avec la surcharge de travail et le ratio de patient qu’on a en ce moment, on est épuisé, mes collègues sont épuisés, on est fatigué, on a un taux d’absentéisme qui est très élevé[à cause de] l’épuisement professionnel, de la violence psychologique qu’on subit.
LRS : Avez-vous pensé faire des liens avec les autres luttes (rémunération des stages, lock-out de Bécancour) pour faire un front commun uni?
JMV : Pour ma part, c’est sûr que je ne suis pas placé pour pouvoir rallier tous ces événements là. Est-ce que ça va se faire? Possiblement, pourquoi pas en fait. Mais pour le moment on n’est pas à ça. On a quand même des batailles à faire chacun de notre côté.
LRS : Les élections s’en viennent en octobre, vous êtes représentant syndical, est-ce qu’il y a des positions que le syndicat pense prendre face au paysage politique et au possible changement de gouvernement?
JMV : Bien c’est sûr qu’avec ce qu’on a connu depuis que les libéraux sont au pouvoir, c’est rien de positif pour nous. En plus dans notre secteur on a Diane Lamarre, qui est la porte-parole officielle du Parti québécois [en matière de santé] dans notre compté, mais on ne va pas promouvoir un parti ou l’autre. Je pense que les gens sont assez intelligents pour voir tous ce qui se passe présentement. Le choix leur appartient.
LRS : Et vous, personnellement, si on oublie le syndicat, comment vous trouvez que ça pourrait avancer mieux?
JMV : Moi ça fait sept ans que je pratique, j’ai 36 ans et si ça continu comme ça je vais me réorienter. Conciliation travail-famille, il n’y en a pas. Une fin de semaine sur deux. Des horaires de travail atypiques. Heures supplémentaires obligatoires. Puis on ne sait jamais quand on va être obligé de rester, essayer de donner des soins sécuritaires dans des conditions qui ne le sont même pas pour nous.
LRS : Et si vous ne restez pas, ils vous disent que c’est votre patient qui en subit les conséquences…
JMV : Tout à fait, c’est le discours patronal que nous vivons, qui est récurrent.
LRS : Je vous remercie pour votre temps. Avez-vous un mot de la fin?
JMV : Bien moi je pense que la population est derrière nous, la population comprend, puis il ne faut pas lâcher, faut continuer de se battre, garder ce qu’on a pour avoir mieux.