La CAQ nous avait promis la lune avec Santé Québec. Cette nouvelle agence était censée sauver le système de santé québécois en décrépitude. Entrée en fonction le 1er décembre, elle a commencé sa première mission : faire 1,5 milliard de dollars de coupes.
Austérité
Le plan d’austérité en quatre étapes prévoit que si le déficit n’est pas comblé arrivé à la quatrième étape, une « réduction sélective des services » serait envisagée.
Même l’ancien ministre de la santé Gaétan Barrette, grand expert en coupes et privatisations en santé, pense qu’il est « impossible » de couper 1,5 milliard de dollars sans affecter les services. De facto, les effets se font déjà sentir.
Dans les dernières semaines, des centaines de postes ont été abolis dans les hôpitaux et plus de 1300 employés travaillant deux emplois ont appris que leurs heures supplémentaires seraient coupées. En effet, afin de survivre à la hausse fulgurante du coût de la vie, ces employés avaient choisi d’occuper un poste dans deux CIUSSS différents souvent sur des quarts de travail différents (jour/soir/nuit). Cela faisait en sorte qu’ils travaillaient bien plus qu’à temps plein. Maintenant que les CIUSSS sont fusionnés sous Santé Québec et qu’il forme l’employeur unique, ces travailleurs doivent choisir quel poste ils veulent garder.
« Je ne sais pas ce que je vais faire », se plaignait un travailleur de l’hôpital Lachine. « J’ai besoin de deux emplois pour subvenir aux besoins de mes trois enfants ».
Que plus d’un millier de travailleurs doivent travailler à deux emplois dans le milieu de la santé pour survivre démontre l’énorme dégradation du niveau de vie de la classe ouvrière.
Les gros syndicats de la santé, comme la FIQ, la FSSS-CSN et la CSQ, craignent déjà que cette première mesure entraîne une réduction de services. Des travailleurs de la santé ont d’ailleurs manifesté le 1er décembre devant les bureaux de l’agence à Montréal, ainsi qu’à Rouyn-Noranda.
En avril 2023 nous expliquions à propos de la création de Santé Québec que « cette réforme ne règlera rien et ne fera qu’empirer les problèmes actuels ». Les coupes en cours confirment notre perspective.
Logique capitaliste et privatisation
Pendant que les travailleurs de la santé et les patients souffrent des coupes, la PDG de Santé Québec touche un salaire exorbitant de 543 000 dollars par année, faisant d’elle une des mieux payés de la fonction publique.
La CAQ voulait que des « top guns » du secteur privé aient la charge de Santé Québec. Selon elle, les riches capitalistes sont les meilleurs gestionnaires. En réalité, les bourgeois sont surtout passés maîtres dans l’art de couper le plus possible les coûts de production et la qualité des produits pour maximiser les revenus. Manifestement, c’était exactement ce talent que la CAQ recherchait.
Celle-ci cherche à « gérer nos services publics comme des entreprises privées », disions-nous en 2023. Cela s’inscrit dans un plan plus large de la classe dirigeante québécoise : saper le plus possible le système de santé pour le rendre si misérable que soit justifiée sa privatisation, afin qu’elle puisse obtenir sa part du gâteau.
À force de coupes et de privatisations pendant plus de quatre décennies, la bourgeoisie a réussi son saccage. Le système de santé est au bord du gouffre. Il manque 10 000 infirmières et près de 500 000 patients sont en attente de traitement au-delà des délais recommandables médicalement.
La création de Santé Québec constitue un pas de plus vers la privatisation. La société d’État pourra donner des contrats et sous-traiter au privé les services autrefois publics.
De plus, l’exode des médecins vers le privé a le vent dans les voiles. Tellement que le ministre de la santé Dubé a dû passer une loi pour forcer les médecins à travailler au moins cinq ans dans le public après leur formation. Soyons clair, cela ne fait que repousser le problème et n’est en rien une réelle solution.
De nombreux organismes communautaires, syndicats et travailleurs de la santé dénoncent avec raison la privatisation du réseau de la santé, la détérioration des services publics et l’absence totale d’importance accordée aux services sociaux au sein de Santé Québec.
Mais la lutte ne peut s’arrêter à la dénonciation. Il faut organiser une riposte à ces attaques. Le patronat et la CAQ ont un plan clair pour détruire le réseau de la santé publique et faire du profit sur les malades. Notre solution doit être tout aussi claire : pas une cenne au privé, investissements massifs et amélioration significative des conditions de travail.
La CAQ affirme devoir couper car les coffres de l’État sont vides. Mais les fonds nécessaires existent. Ils se trouvent dans les poches des capitalistes, les riches amis de Legault. Or ceux-ci s’opposent farouchement à payer leur part pour financer le système de santé, attendant avec avidité sa privatisation.
Leurs profits passeront toujours avant les besoins de la classe ouvrière. C’est pourquoi la seule manière de sauver notre système de santé en décrépitude est d’exproprier ces parasites qui veulent profiter de son démantèlement, et d’utiliser leur richesse pour le financer. Il faut renverser la clique pro-capitaliste à la tête de nos services publics et les mettre sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes.