Les capitalistes organisent le sabotage de l’économie, enn’investissant plus dans l’appareil productif, en privilégiantl’importation et en stimulant une inflation qui efface les augmentationsde salaire octroyées par le gouvernement. En outre, les capitalistesorganisent le détournement des produits « nationaux » – dont le prixest fixé par l’Etat – vers la Colombie, où les prix sont libres. C’estle cas du café et du riz, par exemple.
Le gouvernement vénézuélien nationalise de plus en plusd’entreprises accusées de sabotage, abandonnées (Fama de America,Cargill, Inaf…) ou encore considérées comme stratégiques pour sonéconomie (Banco de Venezuela, Cemex, Sidor, CanTV…). Mais en dehorsdes cas où les travailleurs occupaient et géraient déjà eux-mêmes lesentreprises, avant leur nationalisation, soit les anciennes directionsrestent en place, soit des directions bureaucratiques les remplacent.Dans les deux cas, ces directions participent au sabotage économique etaux détournements. Le cas le plus flagrant est celui de l’électricité,où d’incessantes coupures perturbent le quotidien des Vénézuéliens. Plusde 50% de la production est « perdue » ou déviée. Les installationssont vétustes, certes, mais des quantités considérables d’électricitésont détournées au profit de grosses entreprises industrielles privées.
Cette situation souligne l’importance cruciale du contrôle ouvrier.Des organisations syndicales et des collectifs de travailleurs exigentla mise en place de mécanismes de contrôle, par les travailleurs, desorganes de gestion des entreprises nationalisées. Ils veulent en finiravec la mauvaise gestion, les gaspillages, les détournements, lacorruption et les abus de biens sociaux. Ils exigent l’ouverture deslivres de compte, la transparence sur la stratégie commerciale etindustrielle des entreprises, ainsi qu’une présentation régulière desbilans de gestion.
Cette question a été largement abordée au Congrès extraordinaire del’UNT (Unión Nacional de Trabajadores), la principale centrale syndicaledu Venezuela. Dans le secteur de l’électricité, par exemple, lestravailleurs sont en lutte pour le contrôle ouvrier depuis plusieursmois. Et en octobre 2009, à Carabobo, les travailleurs en colère ontorganisé une manifestation et ont chassé la direction deCorpelec-cadafe (l’entreprise électrique nationale).
Après 11 ans de révolution – et de nombreuses tentativescontre-révolutionnaires –, il y a des signes clairs que les masses sontfrustrées par la lenteur du changement. La crise du capitalisme sévit.Beaucoup de travailleurs sont écœurés par la bureaucratie et lacorruption qu’ils voient partout, y compris au sein du mouvementbolivarien lui-même. Récemment, lors de la faillite de quatre banquescausées par des malversations financières, il s’est avéré que l’uned’elles était dirigée par Arné Chacón, le frère de l’ex-ministre desSciences et de l’Industrie.
C’est dans ce contexte que s’est ouvert le Congrès extraordinaire duPSUV, où Chavez a appelé à approfondir la révolution, à accélérer lemouvement vers le socialisme – et même à la création d’une « CinquièmeInternationale ». Mais au-delà des discours, des mesures partielles etdes palliatifs, des actes décisifs sont nécessaires. La révolution esten danger. Elle ne peut être victorieuse qu’en rompant avec lecapitalisme, en portant un coup mortel à l’oligarchie et à labureaucratie, c’est-à-dire en socialisant les grands moyens deproduction et d’échange, sous le contrôle démocratique des travailleurs,à tous les niveaux.