Les échos de la grève de 2012 sont toujours audibles. À l’Université de Montréal, l’annonce récente de la nomination, pour un deuxième mandat, de Guy Breton au poste de recteur en a fait sourciller plus d’un. Pendant la grève etudiante en 2012, M. Breton avait invité la police à occuper les corridors de l’établissement scolaire pour imposer un retour en classe alors que certaines associations avaient expressément voté pour la continuation de la grève. Cette intervention policière avait causé tout un émoi alors que des professeurs étaient forcés de donner des cours devant des salles de classe presque vides et que ce lieu d’enseignement était le théâtre d’affrontements entre policiers et grévistes. Étant donné cet affront à la démocratie étudiante, la FAÉCUM (Fédération des Associations Étudiantes du Campus de L’UdeM), regroupant 82 associations étudiantes, a demandé la démission du recteur pour les décisions qu’il avait prises lors de la crise.

Guy Breton a, depuis sa nomination, cherché à créer un rapprochement avec le milieux des affaires, quémandant des dons pour la recherche auprès de plusieurs organisations bourgeoises telle que la Chambre des Commerces de Montréal, la Chambre de Commerce Italienne du Canada et le Cercle Canadien de Montréal (regroupement des « leaders de la communauté d’affaire »). Ce rapprochement est indicatif de la vision mercantile qu’entretient le recteur du monde universitaire, en alignant ses objectifs sur la productivité et la compétitivité des grandes entreprises, il joue le jeu du marché. Il fait de l’éducation supérieure une machine au service des industries et du marché en donnant à son université une vocation de recherche et en se détournant de l’enseignement. Il évite ainsi de considérer les problématiques socio-économiques qui gangrènent le milieu universitaire. Le recteur s’est prononcé à maintes reprises sur le bien-fondé d’une hausse des frais de scolarité et sur la nécessité d’une visibilité internationale, au lieu de parler d’accessibilité, de l’importance de la démocratie étudiante et de la mission sociale de l’éducation. De plus, le recteur a trempé dans un scandale immobilier, faisant affaire avec la firme Catania qui a été accusée pour fraude dans plusieurs dossiers et a été reliée au monde de la mafia montréalaise.

Les chemins empruntés par le recteur, celui de l’austérité, de l’élitisme, de la privatisation, suivent la voie directrice qu’impose le système capitaliste actuel. Celle-ci guide, à tous les niveaux, les choix économiques et sociétaux pour qu’ils entretiennent et perpétuent la situation sociale inégalitaire et oppressive. On peut en remarquer la portée au sein des gouvernements, qui bien que changeant de face ou de slogan, appliquent des politiques presque identiques année après année. Les entreprises d’états chargeant de plus en plus aux citoyens, alors qu’ils donnent des avantages aux grandes entreprises. Ces phénomènes se produisent à l’échelle mondiale et ce, malgré une révolte populaire manifeste. Une avancée vers une démocratie radicale et un nouvel ordre sociétal passe en partie par la lutte locale contre les manifestations de ce système et de ses acteurs.

 

Le choix du recteur sera fait par le Conseil de l’Université, lui-même qui avait ignoré l’avis de la communauté universitaire (le syndicat des professeurs et la FAÉCUM) en 2010 quand Guy Breton avait été nommé une première fois. Ce dit conseil est composé par plusieurs membres de la communauté d’affaires québécoises qui sont toujours en poste dans leurs entreprises respectives alors qu’ils ont un pouvoir décisionnel dans l’université. Ce manque flagrant de respect des membres qui font vivre l’université dans le processus décisionnel a motivé l’ADÉPUM (Association des Étudiants en Philosophie) à entrer en grève le mercredi le 5 février ainsi que le 24 février, jour de la nomination du nouveau recteur. D’autres associations étudiantes se sont engagées à quitter leurs salles de classe le 24 février, une manifestation étant prévue à cette date. Une marche ayant déjà attirée plusieurs étudiants le 5 février dernier. Des militants de La Riposte Socialiste de l’Université de Montréal (RIPSUM) seront présents à cette manifestation et nous vous invitons à vous joindre à la contestation des étudiants de l’Université de Montréal le 24 février.

 

Dehors Breton!

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