L’année 2020 débute avec beaucoup d’amertume pour les employés des entrepôts de Provigo à Laval et à Ottawa. Le 7 janvier, Loblaws a annoncé que la compagnie fermerait ses centres de distribution dans les deux villes vers la fin de l’an 2021, dans le but de déménager ses activités dans un centre automatisé en construction à Cornwall en Ontario. Cette décision entraînera la perte totale des 775 emplois dans les deux entrepôts. Un employé de l’usine de Laval a présenté la situation ainsi : « C’est carrément dégueulasse. On est laissés pour compte. […] Il y en a qui ont donné toute leur vie ici, puis aujourd’hui on s’en fout et on s’en va en Ontario ».

Cela faisait un moment que Loblaws n’était pas satisfait de la croissance de ses ventes. Pourtant, les profits et les revenus de l’entreprise ont été en hausse en 2019. L’entreprise a justifié la fermeture en disant que les centres auraient « à toutes fins pratiques atteint la fin de leur cycle de vie utile », et qu’il était simplement « très logique » de délocaliser l’entrepôt vers le centre déjà en construction. Naturellement, la vie des 775 travailleurs ne rentre pas dans le calcul « logique » et « utile » des patrons. Un employé récemment mis à pied a affirmé : « C’est le capitalisme pur et dur. On est des numéros. » On ne saurait si bien dire. D’un point de vue capitaliste, il est tout à fait sensé de faire un tel geste, puisque cela assure la pérennité des profits pour l’entreprise.

En soi, le remplacement du travail manuel par l’automatisation n’est pas une mauvaise chose. En théorie, de la machinerie plus efficace devrait signifier moins de travail pour autant de richesses, donc moins de temps de travail sans perte salaire et la retraite beaucoup plus tôt, n’est-ce pas? Toujours en théorie donc, l’automatisation de la production pourrait être bénéfique pour les travailleurs. En pratique, par contre, étant donné l’organisation actuelle de l’économie, le temps de travail réduit ne profite pas aux travailleurs, mais bien aux employeurs, qui pourront payer moins d’employés salariés pour un maximum de production, et donc encore plus de profits. Sous le capitalisme, le développement technologique signifie chômage et insécurité. Ainsi, les capitalistes comme Galen Weston, dont la famille est propriétaire de Loblaws et dont la fortune s’élève à 8,7 milliards, continuent de s’en mettre plein les poches, et les travailleurs en payent le prix. Ils utilisent leur richesse pour acheter des usines automatisées à la fine pointe de la technologie, tout en laissant tomber des centaines d’employés qui lui ont fourni toute cette richesse.

Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que des travailleurs sont laissés pour compte à cause d’une décision unilatérale des patrons. Tant que la soif de profit sera le moteur de l’économie, l’automatisation du travail se fera toujours au détriment de la classe ouvrière. Dans une économie socialiste, il sera bénéfique pour les travailleurs d’automatiser le travail. Ce que les humains produisent comme machines ultra-performantes servira à les émanciper, au lieu de les pousser au chômage.