La profonde crise du capitalisme entraîne une crise de l’ordre international qui avait émergé dans la foulée de la chute de l’Union soviétique, au début des années 90. Le déclin relatif de l’impérialisme américain s’accompagne d’une montée en puissance de la Chine et d’une attitude de plus en plus défiante de la part de la Russie.

Si les États-Unis restent, de très loin, la première puissance mondiale, ils ne jouissent plus de la même position que dans les années 1990 et 2000. Ils ont subi des revers humiliants en Irak, en Afghanistan et en Syrie. En Libye, ils ont été marginalisés par d’autres acteurs. En conséquence, des puissances de second rang – y compris parmi les alliés traditionnels des États-Unis, comme la Turquie – profitent de ce déclin pour jouer un rôle plus indépendant.

En Ukraine, les Américains pensaient avoir trouvé un bon moyen d’affaiblir la Russie. Mais comme nous allons le montrer, cette guerre a surtout exacerbé les contradictions des relations internationales – et miné un peu plus l’autorité de Washington.

Tout ceci annonce une nouvelle période d’instabilité et de conflits. C’est aussi une indication supplémentaire de l’impasse dans laquelle s’enfonce le système capitaliste – et de la nécessité d’une lutte de classe internationale pour le socialisme.

De l’huile sur le feu

Depuis le début de la guerre par procuration que se livrent, en Ukraine, l’impérialisme américain et la Russie, la propagande occidentale dépeint cette dernière comme totalement isolée et cernée par une hostilité universelle. Or, ce tableau ne correspond pas du tout à la réalité.

L’objectif des États-Unis était d’affaiblir la Russie et de la couper de l’Europe. Ce plan était d’autant plus alléchant qu’« il ne nécessite pas de faire couler du sang américain », comme l’a déclaré franchement Mitt Romney, ancien candidat républicain à la présidence.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont donc fourni à l’Ukraine d’énormes quantités d’armes et d’argent, mais aussi de précieux renseignements, tout en soumettant la Russie à un très sévère régime de sanctions économiques. La Russie a été coupée des investissements occidentaux et du système bancaire SWIFT. Près de 400 milliards de dollars qui appartenaient à la Banque Centrale russe ont été saisis. Et bien sûr, tout a été mis en œuvre pour interrompre les exportations de gaz russe vers l’Europe.

Cependant, cette politique a eu des effets dommageables pour les États-Unis eux-mêmes. L’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers déclarait récemment : « Nous sommes dans le bon camp – au regard de l’histoire – par notre dévouement à la démocratie, notre résistance à l’agression russe. Mais nous nous y sentons un peu seuls. » Au-delà des affirmations hypocrites sur le « bon camp », il est clair que les événements ne se développent pas comme l’espérait Washington, à l’échelle internationale.

En dehors des pays occidentaux et du Japon, une bonne partie des classes dirigeantes de la planète – et peut-être une majorité – n’a aucune envie d’être entraînée dans le conflit ukrainien aux côtés de l’Occident. Loin d’isoler la Russie, les actions des États-Unis ont surtout souligné les limites de leur propre puissance. Elles ont affaibli leur autorité et aggravé les tensions internationales.

Les sanctions ricochent

Il est vrai que les sanctions ont nui à certains secteurs de l’économie russe, qui souffre notamment d’une pénurie de composants de haute technologie. Mais les sanctions n’ont pas atteint leur objectif : affaiblir la Russie au point de rendre la guerre en Ukraine insoutenable.

La hausse du prix des hydrocarbures, exportés via l’Inde et la Chine, a bénéficié à l’économie russe. Elle lui a permis d’amortir l’impact des sanctions. De même, par l’intermédiaire de la Chine, de la Turquie et des États du Golfe (entre autres), la Russie a accédé à différentes marchandises officiellement soumises à un embargo, y compris des composants électroniques en provenance d’Europe et des États-Unis.

Le récent voyage de Xi Jinping à Moscou était une démonstration publique de soutien à Poutine. Cette visite a souligné la vacuité de l’idée selon laquelle la Russie serait « complètement isolée ». En un an, le commerce entre la Russie et la Chine a augmenté de 40%. La Chine a clairement aidé la Russie à poursuivre son offensive militaire en Ukraine.

Loin d’isoler la Russie et de permettre à l’impérialisme américain de concentrer son attention sur son principal rival (la Chine), les sanctions ont poussé Moscou dans les bras de Pékin. Pour les Américains, cette alliance est une nouvelle source d’inquiétude.

Malaise mondial

En octobre dernier, l’Assemblée générale de l’ONU a condamné l’annexion par la Russie de territoires ukrainiens par 143 votes « pour » et 5 « contre ». Ce résultat a été immédiatement présenté par la propagande occidentale comme une preuve supplémentaire de l’isolement de la Russie. Mais même le Time britannique, dans son édition du 13 octobre, a été obligé de reconnaître que « la Russie n’est pas aussi isolée que l’Occident aime à le penser ». En effet, parmi les 35 pays qui se sont abstenus, lors de ce même vote, il y a la Chine et l’Inde, qui totalisent près de la moitié de la population mondiale.

Par ailleurs, cette résolution de l’ONU était purement verbale : elle n’entraînait aucune obligation pratique pour les pays qui la soutenaient. Or, si l’on s’intéresse aux actes plutôt qu’aux déclarations, le tableau est très différent. Dans un article publié le 11 avril dernier, The Economist estimait qu’on ne pouvait pas compter plus de 52 pays – décrits comme « l’Occident et ses amis » – qui étaient réellement disposés à « punir la Russie », alors que 127 autres pays refusaient de choisir un camp et, dans les faits, aidaient la Russie à minimiser l’impact des sanctions.

La Turquie a beau être un membre clé de l’OTAN, elle fait partie de ces pays qui aident Moscou à contourner les sanctions. Le président Erdogan vante la « relation particulière » qui unit son pays à la Russie. Il refuse de lui imposer des sanctions. Au cours des six premiers mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine, les exportations de la Turquie à destination de la Russie ont augmenté de 45%. Quant à ses importations en provenance de Russie, elles ont bondi de 125%.

Autre allié traditionnel des États-Unis, l’Arabie Saoudite a refusé de se plier aux désirs de Washington. Elle a conclu un accord avec la Russie pour réduire la production de pétrole et, ainsi, maintenir des prix élevés des hydrocarbures, ce qui faisait les affaires de l’industrie pétrolière russe. La colère que cette démarche a provoqué à Washington n’a pas beaucoup perturbé les dirigeants de Riyad.

Israël a également adopté une position plus ou moins neutre vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Son gouvernement a refusé de vendre des armes à l’Ukraine et de prendre des sanctions contre la Russie. De même, le Brésil, l’Inde, le Chili et l’Afrique du Sud ont tous refusé de rallier la croisade économique contre la Russie. On pourrait encore multiplier les exemples de ce type.

Cette situation s’explique facilement. La guerre en Ukraine a provoqué une hausse brutale des prix du gaz, du pétrole, de la nourriture et des engrais. Cette hausse a été tout particulièrement ressentie dans les pays les plus pauvres d’Afrique et d’Amérique du Sud. Pour éviter une explosion sociale, leurs gouvernements préfèrent importer massivement des engrais et des céréales russes (bon marché) plutôt que de prendre des sanctions contre Moscou, ce qui attiserait la flambée des prix.

Des dynamiques comparables sont à l’œuvre dans de nombreux domaines. L’économie mondiale est au bord du gouffre, les tensions s’accumulent à tous les niveaux, et le prix à payer pour suivre les États-Unis dans leur conflit avec la Russie est trop élevé pour de nombreuses classes dirigeantes.

L’Europe

Sur le papier, l’Europe semble être la seule région du monde qui applique fidèlement les diktats de l’impérialisme américain. Cependant, de profondes contradictions viennent ajouter une ombre à ce tableau.

La guerre en Ukraine a privé l’Europe du gaz bon marché en provenance de la Russie, ce qui a porté un coup très dur à l’économie européenne. Voilà pourquoi les grandes puissances de l’UE ont traîné des pieds à chaque fois qu’il s’agissait d’envoyer des armes en Ukraine ou d’imposer de nouvelles sanctions contre la Russie.

Dans le même temps, les États-Unis ont adopté leur Inflation Reduction Act, soit 400 milliards de dollars d’aides aux entreprises américaines – dans l’objectif, notamment, de réduire la part des marchandises exportées depuis l’Europe vers le marché américain. Washington fait aussi pression sur les pays européens pour qu’ils se joignent à sa guerre commerciale contre la Chine, alors que celle-ci est désormais le premier partenaire commercial de l’UE. De fait, Joe Biden poursuit la politique étrangère de Trump : « America First! » (« l’Amérique d’abord! »).

Tout cela explique le comportement du chancelier allemand Olaf Scholtz et du président français Emmanuel Macron lors de leurs récentes visites en Chine. Au grand dam des écologistes allemands, ces partisans enthousiastes de Washington, mais à la grande satisfaction du patronat d’outre-Rhin, Scholtz a notamment signé la vente partielle d’un terminal portuaire de Hambourg à une compagnie chinoise.

Macron aussi était accompagné, à Pékin, d’une nuée de chefs d’entreprises. Il y a déclaré que l’Union européenne ne devait pas être « suiviste » à l’égard de Washington ou de Pékin sur la question de Taïwan – un propos qui pouvait aussi bien être compris comme se rapportant à la question ukrainienne. Au-delà de ces déclarations, les stratèges de l’impérialisme américain ont surtout été irrités par les accords conclus par Macron à Pékin : la vente de 200 avions de ligne et de 50 hélicoptères à des compagnies chinoises, ainsi que l’ouverture d’une usine Airbus à Tianjin.

L’attitude de Scholtz et de Macron est une bonne illustration de l’état d’esprit d’une partie des bourgeoisies d’Europe occidentale, qui auraient beaucoup à perdre et peu à gagner dans un alignement complet sur la politique étrangère de Washington. Dans le même temps, l’UE est de plus en plus paralysée par les contradictions entre ses pays membres, et ces contradictions sont exploitées par les plus grandes puissances impérialistes, à commencer par la Chine et les États-Unis.

Fragmentation

Dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les relations internationales étaient relativement stables, car deux superpuissances nucléaires de force relativement similaire – les États-Unis et l’URSS – se faisaient face. Cet équilibre a été détruit par l’effondrement du stalinisme en 1989-1991.

Les États-Unis sont alors devenus la seule superpuissance au monde. Mais comme Icare dans la mythologie grecque, ils ont volé trop près du soleil. Ils se sont imaginé qu’il n’y avait pas de limites à leur pouvoir et sont intervenus dans toute une série de pays pour punir les régimes qui leur résistaient (Irak, Yougoslavie, par exemple). À l’époque, la Chine et la Russie ne pouvaient rien faire pour s’y opposer.

Les choses ont commencé à changer au début du XXIe siècle, avec l’invasion de l’Afghanistan (2001) et de l’Irak (2003). Les défaites américaines dans ces deux pays ont démontré que les États-Unis n’étaient pas invincibles. Ces défaites ont aussi déterminé une large fraction de la classe ouvrière américaine à s’opposer à toute nouvelle aventure militaire. En 2014, Barack Obama a échoué à faire approuver son projet de campagne de bombardements en Syrie.

Faute de pouvoir intervenir directement et par la force, les États-Unis sont allés de revers en revers. En Syrie, la Russie et l’Iran ont vaincu la rébellion soutenue par les Américains. En Libye, les Occidentaux ont été marginalisés par les milices rivales soutenues par Moscou ou par la Turquie.

Un processus parallèle s’est déroulé sur les plans économique et diplomatique.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis représentaient 40% du PIB mondial. Ceci a permis à Washington – au nom de la « liberté du commerce » – d’ouvrir le marché mondial et de le placer sous l’autorité d’institutions dominées par les États-Unis, comme le FMI et la Banque mondiale. Le dollar est devenu la principale monnaie d’échange internationale.

Aujourd’hui, les États-Unis ne représentent plus que 24% du PIB mondial, contre 18% pour la Chine. Pour défendre ses positions économiques, Washington est devenu le principal promoteur du protectionnisme. La guerre commerciale contre la Chine et les mesures protectionnistes mises en place par Trump ont été poursuivies par Biden. Par ailleurs, l’utilisation de sanctions économiques comme une arme contre la Russie ont ébranlé la confiance de nombreux pays et investisseurs. S’il est possible de geler les avoirs de la Russie du jour au lendemain, qui sera la prochaine victime d’une telle politique?

Dans une période de crise généralisée, le statu quo serait la meilleure option du point de vue de la classe dirigeante américaine. Mais le problème est que le statu quo est impossible à maintenir, et l’impérialisme américain lui-même ne cesse d’aggraver la situation en se comportant comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

La Chine et les BRICS

La Chine a su tirer profit du sentiment grandissant d’insécurité dans les relations internationales. En mars, Pékin a joué les entremetteurs pour négocier un accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite. C’était un coup porté au prestige de Washington, qui était le principal parrain du Moyen-Orient pendant des décennies, en même temps que le protecteur du régime saoudien. Pour ne rien arranger, l’Arabie saoudite a été acceptée comme pays « observateur » au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), une structure économique et politique patronnée par Pékin (et, dans une moindre mesure, par Moscou).

Comme Riyad, d’autres pays s’efforcent de nouer des relations avec différentes grandes puissances pour essayer de tirer profit de leurs rivalités. Des pays tels que l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud sont désormais assez forts pour adopter une ligne plus ou moins indépendante sur certaines questions – sans pour autant tourner complètement le dos à l’impérialisme occidental.

À la fin des années 2000, ces pays ont créé les « BRICS », qui regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Ils constituent une sorte de contre-poids informel au G7 dominé par les Occidentaux. Cette alliance attire aujourd’hui de nouveaux pays. D’après le ministre des Affaires étrangères sud-africain, pas moins de 12 pays seraient candidats à l’entrée dans les BRICS, dont plusieurs anciens alliés fidèles des États-Unis, tels que l’Égypte et l’Arabie saoudite.

Ceci étant dit, il faut souligner qu’à ce stade aucune puissance ne peut prétendre détrôner les États-Unis, aussi bien sur le plan économique que militaire. La productivité du travail aux États-Unis reste largement supérieure à celle de la Chine. Les États-Unis concentrent 39% des dépenses militaires à l’échelle mondiale, soit davantage que l’addition des budgets militaires des dix pays suivants sur la liste des grandes puissances. Mais des fissures apparaissent dans la suprématie américaine, et des pays tels que la Chine – mais aussi, dans une certaine mesure, la Russie – s’efforcent d’élargir ces brèches et d’en tirer profit. Ce faisant, ils aggravent l’instabilité générale.

La lutte contre l’impérialisme

L’impérialisme américain est la force la plus réactionnaire de la planète. Ses tentacules économiques, militaires, diplomatiques et culturels enserrent les quatre coins du globe. Il constitue une menace pour la classe ouvrière de tous les pays, dès que celle-ci se met en mouvement et commence à contester l’ordre établi.

Cependant, le développement du capitalisme américain a créé la plus puissante classe ouvrière au monde, une classe capable de transformer le cours de l’histoire. Aux États-Unis, l’idée que la domination américaine était une bonne chose, que les Américains répandaient la « démocratie » à l’échelle mondiale – cette idée a été un outil puissant pour atténuer la lutte des classes. À l’inverse, chaque revers de l’impérialisme américain a fragilisé l’autorité de la classe dirigeante.

Le rôle des communistes est de défendre sans cesse l’indépendance de la classe ouvrière vis-à-vis de la bourgeoisie. Nous devons dénoncer l’hypocrisie et le cynisme des laquais de la classe dirigeante, qui parlent de « défendre la démocratie » et de la nécessité de « tenir tête » aux tyrans tels que Poutine – dans le seul but de dissimuler les intérêts et les crimes de leurs maîtres impérialistes.

Depuis des décennies, les impérialistes occidentaux ont laissé dans leur sillage des millions de victimes. Guerres incessantes au Moyen-Orient, destruction de la Yougoslavie, pillage de l’Europe de l’Est et de l’Afrique, coups d’État en Amérique latine, etc. : ces crimes ont suscité une profonde haine de l’impérialisme parmi les peuples des pays qu’il domine.

Un monde multi-polaire?

Certains s’appuient sur cette situation pour affirmer que, puisque nous sommes opposés à l’impérialisme occidental, nous devrions soutenir ses rivaux. Leur théorie d’un « monde multi-polaire » prétend qu’un monde dominé par plusieurs puissances impérialistes s’équilibrant mutuellement serait plus bénéfique que le monde actuel, dominé par une seule superpuissance.

Cette idée – qui ne date pas d’hier – progresse à nouveau dans une partie de la gauche internationale. Des dirigeants et « théoriciens » de gauche affirment que nous devrions soutenir Pékin et Moscou dans leur lutte contre Washington. Selon eux, si la Chine et la Russie (et peut-être aussi l’Inde et le Brésil) arrivaient à contenir les États-Unis, le monde serait plus juste et plus pacifique.

Il s’agit d’une transposition, à l’échelle des relations internationales, de la vieille théorie stalinienne des « Fronts populaires ». Au lieu de souligner les contradictions de classe qui existent entre les travailleurs et les capitalistes de tous les pays, ils les brouillent et tentent de pousser les travailleurs à se ranger derrière un bloc impérialiste contre un autre. Au lieu de renforcer la lutte contre le capitalisme, ils sèment des illusions sur la possibilité de résoudre ses contradictions.

Certes, la Russie et la Chine sont moins puissantes que les États-Unis. Mais ce sont des régimes capitalistes qui reposent sur l’exploitation de la classe ouvrière. Les régimes de Xi Jinping et de Vladimir Poutine sont des ennemis irréconciliables de leurs classes ouvrières respectives. Cependant, pour atténuer la lutte des classes et gagner le soutien d’une partie des travailleurs, ces gouvernements utilisent de façon démagogique la menace des États-Unis et les sentiments anti-impérialistes des travailleurs chinois et russes. Au lieu de semer des illusions sur le caractère prétendument « progressiste » et « anti-impérialiste » de ces régimes, la tâche des communistes est de démasquer leur démagogie. On doit montrer que leurs intérêts sont directement opposés à ceux des travailleurs et que leur lutte contre l’impérialisme occidental est radicalement différente de l’anti-impérialisme des masses.

Lorsque Poutine et Xi Jinping parlent – comme ils l’ont fait à Moscou récemment – de la « démocratisation des relations internationales » et d’un « développement plus équitable de la gouvernance mondiale », il ne s’agit pas pour eux de mettre fin à l’impérialisme et à l’oppression nationale, mais de favoriser l’instauration de nouveaux rapports de force à l’échelle internationale, pour permettre à leurs classes dirigeantes respectives de s’approprier une plus grande part du gâteau, au détriment de leurs rivaux occidentaux.

La politique étrangère de la Chine vise à garantir des débouchés pour ses investissements, des sources de matières premières et des routes commerciales pour l’exportation de ses marchandises. Le régime chinois ne lutte pas contre l’impérialisme; il s’efforce d’imposer son propre impérialisme au détriment de l’impérialisme occidental.

Pour que les masses de Chine et de Russie puissent réellement lutter contre l’impérialisme, il leur faut d’abord prendre le pouvoir et lier leur lutte à celle des travailleurs d’Occident. C’est la seule façon de mener une véritable lutte internationale contre l’impérialisme. Sans une lutte de chaque classe ouvrière contre sa propre bourgeoisie, il ne peut exister de véritable unité internationale de la classe ouvrière.

Travailleurs de tous les pays, unissez-vous!

Avec l’arrivée sur la scène de nouvelles puissances et la mise à nu des limites de l’impérialisme américain, des puissances régionales tentent de jouer leur propre partition. Les Américains constatent que de vieux alliés estiment avoir tout intérêt, désormais, à se tenir à égale distance de Washington et de Pékin (ou de Moscou).

Dans un contexte où l’autorité des Etats-Unis est affaiblie sans que, pour autant, une autre puissance soit en mesure de les détrôner, de nouvelles collisions sont inévitables. Loin d’inaugurer une ère de paix, ce nouveau monde « multipolaire » sera le théâtre d’une compétition de plus en plus acharnée entre les différentes puissances impérialistes (mondiales ou régionales).

Dans ces luttes, les nations les plus faibles seront écrasées politiquement et économiquement, voire militairement, comme on l’a vu en Ukraine, en Syrie et en Libye. Cette période sera marquée par une extrême instabilité et des guerres par procuration, qui alimenteront la crise générale du système capitaliste.

Il est d’autant plus urgent de mener une lutte internationale pour renverser ce système agonisant et commencer à construire un ordre mondial socialiste, débarrassé des contraintes de l’État-nation et de la course aux profits. Telle est la tâche que s’est fixée la Tendance marxiste internationale, une organisation révolutionnaire présente dans plus de 40 pays. Pour nous y aider, rejoignez-nous!