Jeudi le 22 mars, près de 300 000 étudiants, enseignants et travailleurs sont descendus dans les rues de Montréal dans le cadre d’une manifestation massive. Ce jour là, 308 723 étudiants québécois étaient en grève à travers la province. La manifestation a rassemblé des étudiants venus en autobus de cégeps et d’universités de toute la province. Certains étudiants du secondaire se sont même joints à la marche. Des syndicats de travailleurs, comme les métallos et les infirmières, ont également participé à cette grande manifestation. Ainsi, cette manifestation ne s’est pas limitée à une manifestation étudiante; c’était une manifestation de tous les travailleurs de la société québécoise, en vertu du fait que nous subissons tous les attaques d’un système économique en crise. Cet événement fut l’expression d’une frustration dépassant de loin l’opposition à l’augmentation des frais de scolarité.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que le gouvernement libéral du Québec a passé des mois à tenter de minimiser l’importance des étudiants en grève, à les accuser d’être une minorité et à tenter d’organiser des étudiants pour la hausse en briseurs de grève sur les campus. Mais grâce à l’action de masse, le mouvement étudiant a pu repousser ces attaques et montrer qu’il ne représentait pas « une poignée de radicaux », mais bien une force centrale de la société québécoise. Et comme une force de la nature, il a inondé les rues. Lorsque la foule est devenue trop dense, des manifestants ont occupé deux rues parallèles. Un manifestant téléphona à une amie pour la rejoindre. Il est vite devenu évident pour les participants que c’était impossible. Un était près de la station de métro St-Laurent et l’autre à Champs-de-Mars, presque à un km de distance. En plus, aucun d’eux ne pouvaient voir les extrémités de la manifestation.

La foule était joyeuse, avec des artistes et des clowns un peu partout. Les musiciens battaient le rythme pendant que des marionnettistes déguisés en capitalistes tiraient les ficelles d’une gigantesque marionnette du Premier ministre du Québec, Jean Charest. Le moral était très élevé, et le principal gain de la manifestation fut de faire réaliser à chacun que nous ne sommes pas seuls. C’est un élément très important, et un bon début pour le mouvement.

Mais il faut maintenant penser à la prochaine étape. Un des aspects les plus importants de cette manifestation fut les événements qui eurent lieu en marge de celle-ci. Tout le long du trajet de la manifestation, des gens sortaient sur leurs balcons suspendant des serviettes rouges à leur balcon ou agitant des drapeaux rouges à la foule. Il y a même des employés de restaurant dans le Vieux-Port qui agitaient des serviettes de table rouges ! Les humoristes du festival Juste pour rire sont venus avec une bannière disant « Toi (avec le carré rouge) veux-tu m’épouser? »  Plusieurs étudiants craignaient que les travailleurs soient fâchés que la manifestation bloque leur chemin, mais c’était tout le contraire. Plusieurs camionneurs sont arrivés avec des carrés rouges et chantaient « Étudiants et travailleurs, même combat ! » Il apparaît donc que la classe ouvrière supporte les étudiants, et c’est un élément très important pour la suite des choses.

Malgré l’énergie, la taille et le militantisme du mouvement actuel, les étudiants ne sont pas capables d’arrêter la production économique lorsqu’ils sont en grève. Leur impact économique n’est pas très important. Cependant, le potentiel est là : la véritable force économique de la société a montré sa solidarité aux étudiants des balcons et des fenêtres. Avec l’introduction de la taxe santé au Québec, les attaques contre les régimes de pensions, l’interdiction des grèves dans les secteurs de la poste et des compagnies aériennes, et la police anti-émeute qui gaze les travailleurs d’Aveos, l’augmentation des frais de scolarité n’est qu’une partie d’une attaque généralisée de la part de la classe capitaliste. Et on ne peut répondre à cette attaque qu’avec une grève générale d’une journée pour démontrer qui détient le véritable pouvoir dans la société : les classes ouvrières. Le temps est venu pour la CSN, la FTQ, la CSQ et la CSD de lancer la classe ouvrière dans l’action avec le mouvement étudiant. Les leaders syndicaux doivent préparer une grève générale de 24 heures contre l’austérité.