Les employées des centres de la petite enfance affiliés à la CSN sont en grève illimitée dès aujourd’hui! Après des mandats de grève de 10 jours utilisés depuis septembre, la CAQ force les travailleuses à prendre les grands moyens. Tout le mouvement syndical doit appuyer activement les travailleuses des CPE!

Mépris

Comme nous en avons déjà parlé dans un article précédent, les conditions des travailleuses et travailleurs de CPE sont totalement inacceptables. Les bas salaires en comparaison aux emplois similaires dans d’autres secteurs font qu’il y a un véritable exode des employés; cela mène à des bris de service et à une charge de travail toujours plus grande. Devant ces conditions, les syndicats représentant le personnel des CPE (la FIPEQ-CSQ, la SQEES-FTQ et la FSSS-CSN) ont fait des grèves de quelques jours ici et là depuis septembre.

Le gouvernement de la CAQ a déposé une offre à la mi-octobre, qui a été largement rejetée par les travailleuses. La CAQ affirme que son offre équivaut à 17% sur trois ans dans certains cas : c’est faux. La partie patronale s’en tient à son offre générale ridicule de 6% d’augmentations sur trois ans, alors que l’inflation avoisine les 5% sur une base annuelle. À cela s’ajoute un autre 6%, mais seulement pour les éducatrices formées, – une façon de diviser les éducatrices, alors que toutes font face à des conditions difficiles. Et le calcul du 17% comprend des montants forfaitaires, donc des montants ponctuels qui ne feront pas partie du calcul des hausses lors des prochaines négociations. En plus, le gouvernement exclut le personnel de soutien, à qui il offre bien moins que ça. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la grève illimitée : les éducatrices sont en solidarité avec le reste du personnel à qui la CAQ offre des miettes.

Les éducatrices et leurs syndicats déplorent que la partie patronale veuille passer à une semaine de travail de 40 heures sur cinq jours, alors que les éducatrices en font de 32 à 36 sur quatre jours. Tout le monde sait que les éducatrices en ont plein les bras avec les horaires actuels. La semaine de quatre jours est une précieuse conquête qu’il faut défendre. La CAQ dit qu’il faut davantage d’éducatrices à 40 heures par semaine car on manque de personnel. Mais si les conditions de travail et les salaires avaient du bon sens, il y aurait assez de monde et cette question ne se poserait même pas! Des années d’austérité et de sous-financement imposés par les gouvernements de patrons nous ont menés ici. Les gouvernements capitalistes traitent nos services publics comme une business et coupent les coins ronds pour sauver de l’argent. 

Sans grande surprise, nous avons vu une série d’articles dans les grands médias qui essaient de monter les parents contre les éducatrices. Une grève « au grand dam des parents », selon l’antisyndical Journal de Québec. « Des milliers de familles sous pression », dit TVA Nouvelles. « Les parents doivent trouver un plan B », dit La Presse sur un ton plus « objectif », mais qui sous-entend quand même que les parents sont des victimes. On connaît le refrain.

Mais malgré cette propagande anti-grève, les journaux sont forcés de rapporter que la population appuie les travailleuses de CPE. Selon un sondage Léger, 44% de Québécois soutiennent les grèves, contre 32% qui appuient le gouvernement. Le chiffre monte à 52% d’appui chez les parents. Avec un tel soutien, la grève peut gagner!

Les conditions de la victoire

Normalement, dès qu’il est question d’une grève efficace et à large échelle, il y a un éléphant dans la pièce : la menace d’une loi spéciale pour forcer le retour au travail et rendre la grève illégale.

Mais cette fois-ci, l’éléphant fait du bruit : la CAQ a dit, avant même le début de la grève illimitée, qu’elle est prête à adopter une loi spéciale pour mettre les travailleuses des CPE au pas. « Ça fait très certainement partie des outils qui sont disponibles », a affirmé Sonia LeBel, la présidente du Conseil du trésor, au sujet d’une loi spéciale. Le message est clair : vous pouvez faire la grève, mais dès que ça dérange, je vais vous forcer à retourner au travail.

Face à un gouvernement patronal prêt à prendre les grands moyens, les éducatrices en grève illimitée auront besoin de l’appui actif de tout le mouvement syndical.

Malheureusement, au moment d’écrire ces lignes, les employées affiliées à la FIPEQ-CSQ, qui a pourtant un mandat de grève illimitée aussi, ne sont pas en grève. Celles affiliées à la SQEES-FTQ n’ont pas encore ce mandat. Il faut rectifier la situation! 

Nous ne pouvons laisser les syndiquées de la FSSS-CSN seules face à la CAQ, encore moins si une loi spéciale est imposée. Les directions syndicales doivent élaborer un plan de lutte commun. Cela devrait commencer avec la FIPEQ et la SQEES qui se joignent à la grève illimitée. 

Mais nous sommes face à un opposant qui a déjà affirmé qu’il ne respecterait pas les règles et n’hésiterait pas à utiliser une loi spéciale. Depuis des années, les gouvernements capitalistes rompent avec les règles syndicales qu’ils ont eux-mêmes écrites. Les lois spéciales sont l’épée de Damoclès au-dessus du mouvement syndical. Elles finissent toujours par être déclarées anticonstitutionnelles, mais elles brisent nos grèves quand même. Tant qu’on respecte les lois spéciales injustes et antidémocratiques, elles vont continuer d’être imposées. Tôt ou tard, un syndicat devra mettre fin à ce cycle. 

Avec un plan de lutte commun, nous croyons que les directions syndicales des travailleuses de CPE peuvent y arriver, et défier une future loi spéciale. Quoiqu’en disent les médias qui essayent de monter les parents contre les éducatrices, les enjeux de la grève sont compris de la population, et appuyés. Tout travailleur qui a un enfant ou va devenir parent connaît l’état lamentable du réseau des CPE, et comprend que les éducatrices luttent pour l’avenir de nos enfants. Si la CAQ enlève le droit de grève à des travailleuses qu’elle dit « essentielles », on ne peut sous-estimer l’appui qu’il y aurait à un mouvement de défiance contre ce gouvernement qui saccage nos services publics.

Le mouvement syndical québécois a grandement besoin d’un tel mouvement, et les travailleuses des CPE ont besoin de notre appui. Les directions des grandes centrales syndicales ne doivent pas rester sur la ligne de touche. Des manifestations de masse devraient être organisées en appui aux travailleuses! Une lutte victorieuse serait une victoire pour tous les travailleurs et travailleuses contre ce gouvernement de patrons.

SOLIDARITÉ AVEC LES TRAVAILLEUSES DES CPE!

LA GRÈVE JUSQU’À LA VICTOIRE!

DÉFENDONS LE DROIT DE GRÈVE! DÉFIONS LES LOIS SPÉCIALES!