La section italienne de la Tendance Marxiste Internationale (TMI) a lancé une campagne intitulée : Les travailleurs ne sont pas de la chair à canon  Cette campagne exige : 1) la suspension de toute production non essentielle, avec payement intégral des salaires ; 2) dans les entreprises et services essentiels, la mise en place de mesures de protection efficaces.

A ce jour, plus de 200 délégués et militants syndicaux, en Italie, ont signé l’appel lancé par nos camarades. De nouvelles signatures arrivent quotidiennement.

Sous la pression du grand patronat italien, le gouvernement de Giuseppe Conte a autorisé un grand nombre d’entreprises non essentielles à poursuivre leur activité. Ceci affecte des millions de salariés italiens, qui sont obligés de travailler dans la promiscuité – après avoir pris des transports publics plus ou moins bondés. Cette situation a grandement favorisé la propagation du virus dans le pays.

En réaction, de nombreuses grèves spontanées ont éclaté dans des usines, des centres d’appel et d’autres sites. Nos camarades italiens sont directement impliqués dans ces luttes. Des délégués syndicaux membres de la TMI y ont joué un rôle dirigeant.

Le 30 mars, nos camarades italiens ont organisé une réunion publique en ligne, à laquelle ont participé 250 personnes. La réunion a commencé par une intervention de Mario Iavazzi, membre de la TMI et dirigeant de la CGIL (l’équivalent de la CGT) dans le secteur de la Santé. Il a expliqué l’objectif de la campagne et la situation dramatique des travailleurs de tous les secteurs.

Tous les intervenants ont souligné le fait suivant : les directions des entreprises et des services ont systématiquement minimisé l’impact du Covid-19. Elles ont insisté pour que les salariés continuent de se rendre au travail, malgré les risques. Les intervenants ont aussi expliqué que cette situation a poussé beaucoup de travailleurs – jusqu’alors plus ou moins passifs – à comprendre la nécessité de s’organiser. Les discours des patrons sur le thème : « nous formons une grande famille, etc. », ne passent plus parmi les salariés, car il est évident que les patrons n’ont aucun égard pour leur santé.

La réunion du 30 mars a adopté un « Appel aux travailleurs du monde entier », que nous publions ci-dessous. Nous vous invitons à le signer et à le faire circuler largement autour de vous.


De travailleurs italiens aux travailleurs du monde entier

Nous sommes un groupe de militants syndicaux italiens réunis pour discuter la terrible crise qui frappe l’Italie et toute l’humanité. Nous lançons cet appel aux travailleurs du monde entier, car cette crise n’est pas un problème italien ; c’est un problème international. Le virus ne connaît pas de frontières. La crise économique non plus. Et nous pensons que notre expérience, en Italie, comporte des leçons importantes pour les travailleurs de tous les pays.

Notre gouvernement a appelé tout le monde à « rester chez soi » pour combattre la propagation du virus. Mais en réalité cette consigne ne s’appliquait pas à des millions de salariés travaillant dans des industries non essentielles. Pourquoi? Uniquement pour garantir les profits des grands patrons de ces entreprises.

En refusant de contraindre les entreprises non essentielles à suspendre leur activité, le gouvernement a exposé au virus des millions de travailleurs et leur famille. Notre santé est sacrifiée sur l’autel du profit.

La situation est pire encore parmi les travailleurs de la Santé. Les hôpitaux sont devenus des foyers de contagion ; le personnel soignant n’a ni les équipements de protection nécessaires, ni un nombre suffisant de tests (pourtant cruciaux). Le système sanitaire s’écroule sous le poids de l’épidémie, ce qui est la conséquence de décennies de coupes budgétaires et de privatisation.

Nous, travailleurs, délégués ou militants syndicaux, affirmons qu’il est temps de prendre notre destin en main.

Nous exigeons la fermeture de toutes les entreprises qui ne produisent pas des biens essentiels. Les salariés de ces entreprises devront toucher l’intégralité de leur salaire – aux frais de l’entreprise. Si le patron refuse, il faut organiser – partout où c’est possible – une grève, pour arrêter la production. Les grèves en Espagne, en France, aux États-Unis, au Canada et ailleurs montrent que les travailleurs de tous les pays comprennent la situation et refusent de sacrifier leur santé au nom du profit.

Dans toutes les entreprises en activité, des comités de travailleurs doivent être formés pour superviser la mise en œuvre de mesures de protection efficaces. Les membres de ces comités doivent être élus et révocables à tout moment. Dès qu’ils le jugent nécessaire, les travailleurs doivent pouvoir imposer l’arrêt de la production.

Les organisations syndicales doivent pleinement assumer leur responsabilité, coordonner et unifier toutes les luttes autour d’une revendication centrale : la fermeture de toutes les activités non essentielles.

Les patrons disent que s’ils ferment leur entreprise, ils vont perdre des parts de marchés dans leur pays et dans le reste du monde. Ils cherchent à nous diviser suivant des lignes nationales. Une énorme crise économie est à l’ordre du jour, et les travailleurs ne doivent pas en faire les frais. C’est pourquoi nous devons nous unir, par-delà les frontières, et coordonner les efforts des travailleurs du monde entier. Une action internationale et unifiée des travailleurs peut jeter les capitalistes sur la défensive et les contraindre à satisfaire nos revendications légitimes.

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