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La Cour du Québec vient d’accorder l’absolution à l’ingénieur Simon Houle, un agresseur sexuel, pour ne pas nuire à sa carrière. Après avoir plaidé coupable d’avoir agressé et pris des photos explicites de sa victime à son insu en 2019 alors que celle-ci était intoxiquée, l’ingénieur n’a pas eu de casier judiciaire. Selon le juge Matthieu Poliquin, « il pourrait difficilement voyager à l’extérieur du pays » pour son travail. Il serait en l’occurrence « dans l’intérêt général que l’accusé, un actif pour la société, puisse poursuivre son parcours professionnel ».

Quelques jours après que la Cour suprême américaine ait invalidé l’arrêt Roe v. Wade qui protégeait le droit des femmes à se faire avorter, ce jugement enrageant illustre à nouveau que pour les victimes d’agression, les femmes et tous les opprimés, le capitalisme est un système d’injustice où les lois et les tribunaux sont leurs ennemis.

Alors que la victime de Houle a subi des dommages psychologiques importants, menant jusqu’à l’hospitalisation, et que ses études et son revenu en ont été lourdement impactés, cela n’a pas pesé dans la balance. Selon le juge, l’agression s’est déroulée « somme toute rapidement » et le fait que l’agresseur était lui aussi intoxiqué « peut permettre d’expliquer un comportement ». Que l’agresseur ait avoué durant le procès qu’il avait déjà commis une autre agression par le passé n’a pas non plus changé la donne. Ce serait une belle preuve de « sa transparence » selon le juge, qui a aussi rappelé que Houle est « une personne de bonne moralité », qui « est habituellement une personne qui aide et supporte les autres, et non les agresse ». Violer des femmes ne serait donc que des petits accidents de parcours! Après tout, boys will be boys

Ce jugement suscite la colère. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales a annoncé porter la cause en appel. Après le mouvement #MeToo et la dernière vague de dénonciations d’agressions sexuelles au Québec, il devient de plus en plus clair pour bien des gens que le problème est systémique. Si une infime minorité des plaintes pour agression sexuelle se rendent devant les tribunaux, c’est une fraction de ces cas qui se soldent par une condamnation, ici comme ailleurs. Et pas de danger pour les riches et puissants de ce monde! Ils embauchent les meilleurs avocats pour les défendre, sont blanchis par les tribunaux ou reçoivent une petite tape sur les doigts, et en profitent souvent pour poursuivre en diffamation leurs victimes. 

Au Québec, dans les dernières années, le cas de Gilbert Rozon, le magnat de l’humour québécois, a bien révélé l’injustice totale pour les victimes de violence sexuelle. Sur la vingtaine de femmes qui ont porté plainte contre Rozon en 2017 pour agression sexuelle, un seul cas a été retenu par la cour, lequel s’est soldé par un verdict de non-culpabilité à la fin de 2020, même si le juge a affirmé ne pas croire la version des faits de Rozon. Mais ajoutons-en : déjà en 1998, le grand boss de Juste pour rire a plaidé coupable à une agression sexuelle, mais, à l’instar de Simon Houle, a reçu une absolution du juge, sous le motif qu’une condamnation aurait nui à ses affaires aux États-Unis. Pour des pourritures qui mènent une « carrière respectable », le système de justice est une arme qui les protège. 

En réalité, sous le capitalisme, les affaires, « les belles carrières » et les profits passeront toujours avant la sécurité des victimes et la réparation des crimes. Pour protéger les victimes et les opprimés, il y a urgence que nous luttions pour renverser cet ordre pourri.

Luttons contre la violence et l’injustice. Luttons contre le capitalisme.


Une manifestation est organisée ce dimanche, 10 juillet à midi, devant le Palais de justice de Montréal pour dénoncer cette décision de la Cour du Québec. Nous y serons. Rejoignez-nous!