Crédit : avec la permission d’André Querry, tous droits réservés

Le 15 juin dernier, après un an et demi de négociations, la FIQ annonçait en être arrivée à une entente de principe avec le gouvernement. Loin d’être reçue comme un vent de fraîcheur pour les travailleuses de la santé, l’entente de principe s’est révélée être très insatisfaisante.

Tout juste avant cette annonce, des infirmières, dont l’auteur de ces lignes, ont créé le « Comité FIQ en grève » afin de pousser notre syndicat à organiser une grève pour obtenir de la CAQ de véritables concessions. Nous visons maintenant à mobiliser les membres pour rejeter l’entente lors du vote des 4-5 août prochains.

La pandémie a exacerbé la crise

Pour comprendre cette réaction face à l’entente de principe, on doit se rappeler qu’elle arrive alors que le réseau de la santé est dans sa pire crise depuis des générations.

La pandémie a accentué les problèmes déjà existants comme la surcharge de travail et la violence organisationnelle qui s’exprime par une attitude de mépris des gestionnaires, par le temps supplémentaire obligatoire et par la pression constante qui est mise sur les infirmières afin de pallier le manque de personnel.

Les conditions insoutenables poussent de plus en plus d’infirmières à quitter le réseau public. Entre mars et décembre 2020 seulement, c’est 4000 infirmières qui ont démissionné.

Et c’est sans parler de celles que le travail a tellement épuisées qu’elles en sont tombées malades.

Les négociations pour les nouvelles conventions collectives suscitaient donc beaucoup d’attentes. Il fallait quelque chose de sérieux pour mettre fin à l’hémorragie. Malheureusement, le gouvernement n’a rien offert d’autre qu’un plaster.

L’entente de principe ne réglera pas les problèmes du réseau

L’entente négociée ne contient aucune amélioration significative des conditions de travail. Les gains obtenus se limitent à des primes et à une possibilité pour celles qui le veulent de travailler plus, par exemple en passant d’un temps partiel à un temps plein, ou en travaillant sur plus de fins de semaine.

Les ratios (c’est-à-dire une cible d’heure de soins par infirmière qui permettrait de réduire la surcharge de travail) tant défendus par la FIQ, ne seront implantés que dans les CHSLD, et cela à condition que les 1000 postes créés soient comblés. D’où viendront les infirmières censées combler ces postes est un mystère qu’il reste à résoudre.

Pour les infirmières à bout de souffle, qui en ont suffisamment de leur temps partiel et pour qui le temps plein n’est pas une option, il n’y a rien dans l’entente qui va améliorer leurs conditions.

L’augmentation salariale de 6% sur trois ans ne compensera même pas l’inflation qui s’accélère. Nous sommes loin d’avoir le rattrapage salarial qui avait été demandé au début des négociations. Par ailleurs, un des slogans de la FIQ est « Payées au féminin », soulignant les disparités salariales entre les métiers traditionnellement masculins et féminins. Comme l’ont fait remarquer certaines collègues, avec cette entente, on reste payées au féminin.

Rejetons l’entente de principe! Mobilisons-nous en vue d’une grève illimitée!

Il est difficile de dire si l’entente de principe sera acceptée par les membres. Mais ce qui est clair, c’est que règne un grand mécontentement. Tellement que la FIQ a dû fermer la section commentaires de sa publication sur l’entente sur son compte Facebook.

Certains diront que nous sommes parmi les dernières à ne pas avoir signé. Mais plusieurs syndicats du secteur public sont encore en négociation, comme l’APTS, les éducatrices affiliées à la FSSS et le SFPQ. La CAQ a besoin de mettre fin aux négociations afin de se concentrer sur les prochaines élections. Nous devrions considérer ceci comme une arme supplémentaire en notre faveur. La population est de notre côté et nos revendications sont claires, donc c’est au gouvernement de céder s’il veut en arriver à une véritable entente pour le secteur de la santé. La situation est beaucoup trop critique pour que nous puissions nous permettre d’accepter une entente à rabais.

Le comité de mobilisation FIQ en grève a publié un tract avec les raisons principales pour lesquelles l’entente doit être rejetée.

C’est désormais à nous de nous prononcer. Envoyons un message clair et votons massivement contre l’entente le 4 et 5 août prochain.

Nous pouvons mettre fin aux années de sous-financement du réseau de la santé et mettre un frein à la détérioration du réseau de la santé. Il revient à nous de nous battre pour sauver le système public.

Pour cela, nous devons élargir la lutte et faire front commun avec les autres travailleuses du système public encore en négociations ou en grève. Le bris de l’alliance avec l’APTS était une erreur et celle-ci doit être renouvelée dès que possible pour augmenter notre rapport de force. Face à la CAQ, notre force est dans le nombre.

Nous n’avons rien à perdre! Des décennies de reculs font que la profession d’infirmières n’attire plus assez de gens, et le personnel actuel croule sous les conditions invivables. Il faut se préparer à une vraie lutte contre ce gouvernement et planifier une escalade jusqu’à la grève illimitée. C’est la seule façon pour nous d’obtenir de vrais gains et de renverser les reculs passés sur nos salaires et nos conditions de travail. Et cela passe entre autres par un changement dans la stratégie de notre syndicat. Nous avons besoin d’un syndicalisme combatif. Il faut montrer à la CAQ que nous sommes prêtes à aller jusqu’au bout. Il faut se préparer à se tenir debout et rester en grève si une loi spéciale ou un décret nous est imposé. Tant que nous n’adopterons pas une telle approche combative, les gouvernements au service des patrons n’hésiteront pas à continuer leurs attaques sur les travailleuses de la santé.

Si vous voulez vous impliquer dans le comité FIQ en grève, écrivez-nous à soignantesengreve@gmail.com