Photo : John Blower/Flickr

Selon un nouveau sondage réalisé par Innovative Research Group, 35% des Canadiens sont favorables à « sortir du capitalisme », tandis que seulement 25% « s’opposent » ou « s’opposent fortement » à cette idée.

Selon le sondage publié le 13 août, 53% des personnes interrogées estiment que « nous devons transformer radicalement notre économie ». La majorité des personnes interrogées ont exprimé leur soutien à un financement accru de la santé, à des salaires plus élevés pour les « travailleurs essentiels », à des services de garde d’enfants abordables et… à mettre fin au capitalisme.

À la question de savoir s’ils étaient favorables à « sortir du capitalisme », 35% ont répondu qu’ils y étaient favorables ou très favorables.

Alors que 31% sont indécis, seuls 15% se disent « fortement » opposés et 10% « plutôt » opposés à la fin du capitalisme.

Au total, cela suggère que plus de 66%, soit deux tiers, des Canadiens interrogés n’ont pas de sentiments forts en faveur du capitalisme. Et cela semble indiquer une tendance. En 2019, un sondage distinct de Forum Research a révélé que 58% des Canadiens ont une opinion positive du socialisme, malgré des décennies de propagande et de calomnie de la part de la classe dirigeante.

L’opposition au capitalisme est la plus forte chez les jeunes – 49% des femmes et 43% des hommes âgés de 18 à 34 ans. Mais elle reste également élevée chez les travailleurs plus âgés. Trente-quatre pour cent des femmes de plus de 55 ans et 24% des hommes de plus de 55 ans se disent également favorables à la fin du capitalisme, bien qu’ils aient vécu la guerre froide.

À 35%, l’opposition au capitalisme semble être plus populaire que le vote libéral, conservateur ou néo-démocrate aux élections fédérales de 2021. Lors de la dernière élection, le NPD a obtenu le soutien de seulement 11% des 27,4 millions d’électeurs admissibles du Canada, les libéraux ont obtenu seulement 20% et les conservateurs 21%.

Pourtant, en 2021 – comme en 2019 et lors des élections précédentes – les électeurs n’ont eu aucun choix anticapitaliste d’envergure. L’establishment du NPD, représenté par sa direction actuelle, a plutôt fait campagne en se vantant d’avoir poussé le gouvernement Trudeau à renforcer son plan de sauvetage des entreprises.

La plupart des dirigeants syndicaux du Canada ne se mobilisent pas non plus pour mettre fin au capitalisme. Un grand nombre des plus grands syndicats du Canada et le Congrès du travail du Canada ont également soutenu le plan de sauvetage des entreprises.

Pourtant, une grande partie des Canadiens réalisent instinctivement que le capitalisme a échoué. Et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi.

Même après que les libéraux de Trudeau aient préparé plus de 700 milliards de dollars pour le sauvetage des entreprises l’année dernière, les capitalistes ne parviennent pas à assurer un avenir à la classe ouvrière. Ils ont laissé la COVID-19 tuer 30 000 Canadiens, infecter des milliers de personnes directement au travail et réduire l’espérance de vie moyenne. Et pourtant, la seule garantie que ce système offre aujourd’hui aux travailleurs est l’augmentation des loyers, l’insolvabilité et le chômage. La plus récente enquête de la Banque du Canada a révélé une « offre excédentaire de main-d’œuvre » persistante dans l’économie, une grande partie des propriétaires d’entreprises interrogés doutant qu’ils puissent augmenter l’embauche, même aux niveaux de 2019, pendant plusieurs années, même en supposant que la pandémie prenne fin. Pendant ce temps, bon nombre de ces mêmes propriétaires d’entreprise n’ont eu aucun problème à trouver l’argent pour augmenter leurs propres bonis.

Tant que le capitalisme existera, ces personnes seront libres d’abuser des richesses de la société comme bon leur semble. Et, comme toujours, ce sera la classe ouvrière et les pauvres qui subiront les pertes d’emploi, les réductions de salaire, les hausses de loyer, les expulsions et la dévastation des écoles et des hôpitaux depuis longtemps sous-financés qui en résulteront. Nous ne pouvons pas faire confiance à ces gens et à ce système pour gérer nos vies.

À lui seul, le soutien de 35% de la population n’est pas suffisant pour mettre fin au capitalisme. Mais c’est plus que les 25% qui soutiennent le capitalisme, et c’est plus que suffisant pour construire un mouvement de masse afin de convaincre les 31% qui sont indécis. Les organisations de la classe ouvrière ont désespérément besoin d’adopter un programme anticapitaliste clair et de lutter pour gagner une majorité. On nous répète sans cesse que le socialisme est impopulaire, alors qu’en réalité, c’est le capitalisme qui est de plus en plus impopulaire. Les gens comprennent que ce système doit prendre fin. En s’organisant, les gens de la classe ouvrière peuvent s’unir pour transformer cette compréhension en réalité.