Crédit : avec la permission d’André Querry, tous droits réservés

L’entente de principe de la FIQ a été acceptée avec une faible majorité de 54% lors du vote des 4 et 5 août derniers. Ce vote démontre qu’une très large couche d’infirmières est insatisfaite des concessions de l’exécutif syndical, malgré les efforts de celui-ci pour l’entente soit acceptée. Il y a fort à parier aussi que parmi les 54% qui ont voté pour, beaucoup l’ont fait à reculons. 

Il y a une immense colère à la base, qui s’est notamment exprimée par la création du comité FIQ en grève à laquelle l’auteur de ces lignes a participé. Ce comité a fait campagne pour rejeter l’entente de principe et en faveur d’une grève. L’opposition à l’entente qui s’est exprimée lors du vote ne fait que renforcer notre conviction que nous pouvons transformer le syndicat.  C’est le début d’une lutte des professionnelles de la santé pour raviver un syndicalisme combatif!

Colère

Les conditions catastrophiques dans lesquelles se trouve le réseau de la santé avec la surcharge de travail, le manque de personnel et le temps supplémentaire obligatoire ont fait en sorte que les infirmières quittent par milliers depuis un an.

Il fallait un coup de barre pour redonner espoir à celles qui tiennent le réseau à bout de bras.

Mais la faible majorité en faveur de l’entente, malgré tous les efforts de l’exécutif syndical pour la vendre aux membres, démontre qu’une bonne partie des infirmières pense qu’elle était mauvaise, et avec raison. L’entente a même été rejetée dans plusieurs régions, dont les Laurentides, Lanaudière, la Baie d’Hudson, l’Estrie et dans plusieurs CIUSSS de Montréal. 

Cette entente ne règlera pas les problèmes dans le réseau de la santé. Et même que la situation risque de s’aggraver davantage avec les départs qui continuent de s’accumuler et l’épuisement qui a atteint de dangereux sommets.

La direction syndicale a présenté l’entente comme le meilleur qu’il aurait été possible d’avoir dans les circonstances, et a prétendu qu’un rejet signifierait une défaite. Ce pessimisme de notre direction syndicale n’est pas nouveau. Les travailleuses de la santé encaissent des reculs depuis des décennies.

Pour justifier la capitulation sur les demandes salariales, la direction de la FIQ a écrit que l’augmentation salariale de 2% était tout ce que le gouvernement pouvait offrir en « contexte économique post-pandémie ». Autrement dit, on doit accepter les miettes que le gouvernement capitaliste de la CAQ est prêt à nous donner tandis qu’il donne des millions aux parasites que sont les patrons de Bombardier et Olymel

 Le comité de négociation avait commencé par demander 21,6% sur trois ans, pour diminuer ensuite à 12,4%, pour ensuite accepter un maigre 6%, ce qui sera sûrement en-dessous de l’inflation. Ce n’est pas ainsi que nous allons retenir le personnel épuisé qui envisage de démissionner!

La lutte n’est pas finie

Il est faux de dire que c’était le mieux qu’il était possible d’obtenir, puisque nous n’avons même pas eu recours à notre meilleure arme et au moyen de pression le plus fort, c’est-à-dire la grève.

Certains diront que les infirmières n’étaient pas assez mobilisées pour cela. Souvent le désengagement est mis sur le dos des membres. Mais les membres seront enthousiastes si elles sont impliquées directement dans la mobilisation et qu’un plan d’action concret est présenté pour arriver à la victoire. 

Malheureusement, les membres n’ont pas été impliquées dans les actions et n’étaient pas au courant des plans. Il faut mettre fin à ce genre de méthodes qui découragent les membres de participer aux actions de leur propre syndicat.

Le réseau de santé public est dans une crise sans précédent. Les infirmières sont pressées comme des citrons et ça ne va pas s’arrêter. Et cela n’affecte pas seulement les infirmières, mais toutes les travailleuses de la santé. La détérioration du réseau de la santé publique est orchestrée consciemment par nos gouvernements au bénéfice de la privatisation. L’argent existe, mais il est donné aux riches plutôt qu’investi en santé. Le système capitaliste, où les profits passent avant tout, est un obstacle à notre santé.

Nous devons nous préparer dès maintenant pour la prochaine bataille. Beaucoup de nos collègues sont déçues par cette fin de négociation où nous n’avons pas gagné. Mais il ne faut pas perdre espoir : il est possible de transformer notre syndicat. Nous avons besoin d’une direction syndicale combative, qui va mobiliser les troupes pour défendre notre système de santé et regagner des conditions de travail dignes, et utiliser la grève pour forcer les gouvernements à reculer dans leurs attaques qui durent depuis des décennies. Mais pour cela, il faut s’organiser dès aujourd’hui. 

Le comité FIQ en grève a été mis sur pied ce printemps afin de lutter contre ce pessimisme dans le syndicat et pour se préparer à une grève du secteur de la santé. Nous comptons continuer à pousser pour un syndicalisme de combat, capable de motiver les membres et de faire de réels gains contre un gouvernement qui nous méprise. La Riposte syndicale endosse cette initiative visant à transformer la FIQ. Nous invitons toutes les infirmières qui souhaitent raviver le syndicalisme de combat à nous contacter ou contacter le comité pour rejoindre cette lutte!

Contactez le comité si vous souhaitez vous impliquer : soignantesengreve@gmail.com