Le marxisme : un déterminisme absolu?

Le marxisme est parfois assimilé à un déterminisme absolu : les humains ne seraient, toute leur vie, que les jouets de forces sociales aveugles. Et donc leur liberté individuelle (leur « libre arbitre ») ne serait qu’une illusion subjective. En réalité, la conception marxiste des rapports entre liberté et nécessité est plus profonde que cela. Elle est dialectique : la liberté n’existe que dans son rapport à la nécessité. De même qu’il n’y a pas, dans l’histoire, de déterminisme absolu, il n’y a pas de liberté absolue.

  • RÉVOLUTION (WWW.MARXISTE.ORG)
  • ven. 9 août 2019
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Le marxisme est parfois assimilé à un déterminisme absolu : les humains ne seraient, toute leur vie, que les jouets de forces sociales aveugles. Et donc leur liberté individuelle (leur « libre arbitre ») ne serait qu’une illusion subjective.

En réalité, la conception marxiste des rapports entre liberté et nécessité est plus profonde que cela. Elle est dialectique : la liberté n’existe que dans son rapport à la nécessité. De même qu’il n’y a pas, dans l’histoire, de déterminisme absolu, il n’y a pas de liberté absolue. Comme l’écrivait Marx : « Les hommes font leur histoire, mais ils ne la font pas de leur propre mouvement, ni par des conditions choisies par eux seuls, mais bien dans des conditions qu’ils trouvent directement et qui leur sont données et transmises » (extrait de Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte).

Par exemple, pour que la volonté d’un Robespierre puisse jouer un rôle dans le cours de la Révolution française, il fallait que les prémisses objectives de cette révolution soient réunies : la crise de l’Ancien Régime, la révolte du Tiers état, etc. En outre, la volonté de Robespierre était elle-même déterminée, dans les fins qu’elle se donnait, par la réalité objective de son époque, ses contradictions et ses défis.

Une philosophie de l’action

Le marxisme est une philosophie tournée vers l’action. Marx écrivait : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières ; ce qui importe, c’est de le transformer » (extrait de Thèses sur Feuerbach). Mais pour transformer le monde, la volonté des humains doit s’appuyer sur les lois de l’histoire et sur la dynamique de la lutte des classes. Autrement dit, la liberté suppose la connaissance de la nécessité. Comme l’écrivait le philosophe Hegel, « la nécessité n’est aveugle que dans la mesure où elle n’est pas comprise ».

Dans son Anti-Dühring, un chef-d’œuvre du marxisme, Engels reprenait cette idée de Hegel : « La liberté n’est jamais dans une indépendance rêvée à l’égard des lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité donnée par là même de les mettre en œuvre méthodiquement pour des fins déterminées (…) La liberté de la volonté ne signifie donc pas autre chose que la faculté de décider en connaissance de cause ». Par exemple, pour maîtriser et exploiter l’électricité, il fallait d’abord en comprendre la nature.

Cela vaut aussi pour l’histoire. Si l’on veut renverser le capitalisme, il ne suffit pas d’en dénoncer les effets. Il faut en comprendre les lois, comprendre la lutte des classes qui en découle – et comprendre, enfin, à quelles conditions la classe ouvrière pourra prendre le pouvoir et réorganiser la société sur les bases socialistes. Or toute l’histoire de la lutte des classes, sous le capitalisme, démontre que parmi ces conditions figure la nécessité incontournable d’un parti révolutionnaire. Les travailleurs ne pourront pas prendre le pouvoir – et le conserver – sans un puissant parti révolutionnaire. Dès lors, la construction d’un tel parti est la plus haute expression des « libres volontés » qui veulent transformer le monde.