Élus à la tête de l’Ontario en juin dernier, les conservateurs de Doug Ford ont déjà attaqué les travailleurs et les personnes les plus vulnérables à plusieurs reprises. Ford a remporté les élections avec un programme malhonnête et manipulateur, sans donner de précisions sur les mesures qu’il comptait mettre en place. Alors que les électeurs voulaient rompre avec 15 années de corruption et d’austérité libérales, Ford promettait de s’attaquer aux « élites » et de défendre « les gens ordinaires » (« the little guy »). Mais de semaine en semaine, l’illusion selon laquelle Ford défendrait les plus faibles se dissipe. Les travailleurs, les jeunes et les opprimés réalisent maintenant que Ford n’est pas synonyme de changement, mais qu’il s’agit d’un autre représentant des banquiers et des capitalistes, tout comme les libéraux avant lui.

Ford a commencé par couper 100 millions de dollars dans la réparation des écoles ontariennes, alors que celles-ci sont déjà dans un état lamentable. La province a déjà un arriéré de travaux de réparation dans les écoles d’une valeur de 4 milliards de dollars. On parle ici de moisissures, de systèmes d’air climatisé et de chauffage brisés ou inadéquats, de problèmes électriques de toutes sortes ainsi que d’eau contaminée au plomb. Près de 640 écoles et garderies ont échoué le test sur la teneur en plomb dans l’eau potable.

Mais il ne s’attaque pas seulement aux enfants et aux élèves. En effet, Ford a également décidé de couper dans les services de santé mentale. Il est question de coupes allant jusqu’à 335 millions de dollars! Bien entendu, il n’a jamais mentionné la possibilité de telles coupes lors des élections, ni dans les écoles, ni dans les services de santé mentale.

Il est évident que si Ford a remporté les élections, c’est parce que son programme était loin de dévoiler ses réelles intentions, soit de s’en prendre aux personnes les plus vulnérables de l’Ontario. Le vrai visage de Ford est maintenant visible pour tous. Il est nécessaire de s’opposer massivement à lui et à ses coupes. Surtout considérant qu’il ne se contente pas seulement de couper dans les services.

Tout en s’attaquant aux jeunes et aux personnes ayant des problèmes de santé mentale, Ford tente de renforcer la police qui réprime ces mêmes groupes. En effet, après la tuerie du 22 juillet à Toronto, Ford a affirmé qu’il souhaitait qu’une partie de l’argent coupé dans les services de santé mentale serve à financer la police, celle-là même qui réprime les populations ayant besoin de ces services.

Également, Ford a suspendu l’application du Safer Ontario Act (projet de loi 175), qui venait renforcer la surveillance civile de la police et limiter les pires excès policiers. Malgré que le projet de loi 175 n’était pas très ambitieux, il s’agissait d’une réforme gagnée par les communautés marginalisées que la police attaque sans cesse. Les mesures de surveillance coûteraient trop d’argent, disent les conservateurs. Ford justifie aussi sa décision en disant que « le projet de loi 175 du gouvernement précédent nuit aux efforts de maintien de l’ordre dans la province et mine la confiance dans la police. […] Les policiers de l’Ontario qui travaillent fort méritent d’être traités avec respect. » Le retrait de ce projet de loi permettra aux conservateurs d’utiliser la police en toute impunité dans les mouvements de protestation à venir.

Le rouleau-compresseur Ford tente aussi de changer les règles du jeu démocratique en sa faveur. En effet, les conservateurs ont réduit le nombre de sièges au conseil municipal de Toronto, le faisant passer de 47 à 25. Cela a également comme conséquence de diminuer le nombre de conseillers au centre-ville, qui sont souvent plus à gauche. Le pire est que les conservateurs ne s’en cachent pas. Un conseiller municipal, Giorgio Mammoliti, proche des conservateurs, a affirmé que « s’il y avait moins de politiciens de gauche à Toronto, ce serait une bonne chose. » Les travailleurs sont en colère contre la bureaucratie municipale et les représentants politiques sur le conseil, qui ont laissé les riches Torontois s’enrichir davantage tout en coupant dans les services. Ford instrumentalise cette colère pour parvenir à ses fins et se débarrasser de potentiels opposants.

Comme si ce n’était pas déjà assez, Ford a aussi décidé de s’en prendre directement aux travailleurs en lutte à l’Université York. Le 25 juillet dernier, il a fait adopter une loi spéciale pour forcer les auxiliaires d’enseignement et les assistants de recherche en grève du local 3903 du SCFP à retourner au travail. Il s’agit d’une attaque directe contre le droit de grève, et il n’y a aucun doute que des lois similaires seront utilisées contre d’autres secteurs de la classe ouvrière.

Nous voyons maintenant ce à quoi ressemble vraiment l’Ontario de Ford. Il nous a déjà donné un avant-goût amère des quatre prochaines années – sauf si nous agissons. Inévitablement, ces attaques finiront par provoquer la colère des travailleurs, particulièrement de ceux qui voyaient en Ford une rupture avec le statu quo. Cette colère qui va grandir doit être canalisée en un mouvement de masse de la classe ouvrière contre les attaques de Ford. Cette lutte doit être liée à la lutte contre le système capitaliste qui est à l’origine de l’austérité. Nos camarades de Fightback seront présents dans ce mouvement pour défendre un programme socialiste comme seule solution de rechange. Il ne faut pas laisser Ford s’en tirer sans rien faire. Les travailleurs ont le pouvoir de s’opposer à lui et au système qu’il représente.