Le lendemain du jour où  le ministre des finances du Québec, Raymond Bachand, a déposé le budget pour l’année 2010, environ 12 000 personnes se sont réunis au Carré Phillips à Montréal pour montrer leur opposition au budget. Au moins 40 autobus venus de partout au Québec, certains d’aussi loin que Gaspé, sont venus s’ajouter à la contestation. Cette démonstration impressionnante de force, à peine deux semaines après la manifestation massive de 75 000 du Front Commun, est un signe de l’attitude militante parmi les ouvriers du Québec contre les coupures et les attaques prévues par les patrons.

L’arrière-plan de la manifestation était un Poisson d’Avril ensoleillé, mais le budget gouvernemental est loin d’être amusant. Des milliers de jeunes, ainsi que des travailleurs, des personnes âgées et des familles sont sorties dans la rue, tous indignés par le nouveau budget. Si le budget passe, il y aura des augmentations dans les taxes de vente, les taxes de l’essence, le prix de l’électricité et dans les frais de scolarité. Cependant, ce qui est vraiment frappant c’est la provision de “contribution” au soins de santé, par laquelle chaque québécois devra payer un frais annuel de 25$ cette année, de 100$ l’an prochain et de 200$ en 2012. “Chaque adulte bénéficie du système de santé, peut-être que chaque adulte devrait payer pour le système de santé. Rien n’est gratuit.” dit Bachand, oubliant sans doute les allégements fiscaux gratuits ainsi que les sauvetages pour les entreprises octroyés par son gouvernement.

La même journée, à  quelques coins de rues de la manifestation, Raymond Bachand s’est adressé  à la Chambre de commerce de Montréal et a suscité bien des applaudissements de la part des patrons montréalais pour sa présentation du budget. Le président de la Chambre, Michel Leblanc, a alors annoncé que le budget était “responsable”.

Les personnes à l’extérieur de la confortable salle de conférences de la Chambre de commerce ont probablement une opinion bien différente du budget. Une jeune mère, Lucie Charest de Longueuil, a marché avec ses trois enfants de 3 mois, 3 ans et 6 ans. “C’est pour eux que je suis ici,” a lancé la jeune mère. “Dans 20 ans, je veux qu’ils aient les moyens d’étudier à l’université.” Emile Ouellet, qui était aussi là, a dit, “Nous devons prendre l’argent de quelque part, mais nous ne la prenons pas du bon endroit. Les riches ont plus d’argent, ils devraient la prendre des riches.”

Faisant face à une opposition de masse, le gouvernement du Québec ne recule pas au niveau de son budget. Les peuples du Québec ne reculeront pas non plus face au gouvernement s’il continue d’essayer de les forcer à payer pour la crise. Une confrontation est imminente et la classe ouvrière québécoise ne peut se permettre de perdre cette lutte.