BRP paye moins cher ses employés mexicains : le racisme au service du cheap labour

La multinationale BRP (Bombardier Produits récréatifs) paye ses employés mexicains quatre fois moins cher que ses employés québécois travaillant dans la même usine de Valcourt, en Estrie. Radio-Canada a obtenu des talons de paie montrant que la multinationale a profité du statut de travailleurs étrangers de plusieurs de ses employés mexicains pour les payer non seulement en pesos, mais aussi à un salaire variant entre 5,50 à 7,25 dollars l’heure. C’est jusqu’à quatre fois moins que les employés canadiens de BRP. Il s’agit d’un exemple de plus de comment le racisme profite aux capitalistes. 

  • Victor Brayant
  • mer. 15 mars 2023
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La multinationale BRP (Bombardier Produits récréatifs) paye ses employés mexicains quatre fois moins cher que ses employés québécois travaillant dans la même usine de Valcourt, en Estrie. Radio-Canada a obtenu des talons de paie montrant que la multinationale a profité du statut de travailleurs étrangers de plusieurs de ses employés mexicains pour les payer non seulement en pesos, mais aussi à un salaire variant entre 5,50 à 7,25 dollars l’heure. C’est jusqu’à quatre fois moins que les employés canadiens de BRP. Il s’agit d’un exemple de plus de comment le racisme profite aux capitalistes. 

Après que l’entreprise a été mise sous les feux des projecteurs, le directeur des ressources humaines de BRP, Carl Beauparlant, a déclaré que l’entreprise était convaincue d’avoir respecté la loi et a justifié ce salaire inférieur en affirmant que l’entreprise avait retranché des sommes de leur  salaire en raison d’une « prise en charge complète » des travailleurs par l’entreprise.

Selon celle-ci, 60% du salaire des travailleurs mexicains servirait à couvrir leurs frais d’hébergement, de transport, de repas, de divertissement, d’habillement et d’assurances. « Ce que vous voyez sur le talon de paie, c’est le résiduel », a précisé M. Beauparlant.

Pourtant, lorsqu’on fait un calcul rapide, on réalise que 60% du salaire prélevé représentent un peu plus de 2000 dollars par mois, soit 500 dollars par semaine. Toutefois, selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), aucun employeur ne peut prélever plus de 60 dollars par semaine pour couvrir ces frais. C’est donc une infraction claire à la loi qui ne peut être que consciente. La CNESST a d’ailleurs ouvert une enquête.

Michel Pilon, directeur du Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec, témoigne que ce genre de pratique existe de plus en plus chez les compagnies québécoises et que c’est entre autres expliqué parce que les amendes pour ces compagnies ne sont que de 1000 à 2000 dollars. Pour une compagnie multimillionnaire, ce genre de sanction est dérisoire. Le faible montant des amendes est révélateur d’à quel point la classe dirigeante se préoccupe peu de ce genre de problème.

Cela s’est d’ailleurs bien vu quand on a appris que François Legault lui-même avait rencontré le président du conseil de Bombardier et administrateur de BRP, Pierre Beaudoin, en pleine controverse sur le recours au cheap labour mexicain, non pas pour lui demander de mettre fin à cette pratique, mais pour discuter « de l’économie du Québec et de la création d’emplois bien payés ». L’ironie ne saurait être plus cinglante!

Lorsque la lumière est faite sur de tels cas, cela nous rappelle le lien entre capitalisme et racisme. Les capitalistes à la tête des compagnies tentent par tous les moyens possibles de faire un maximum de profits, et le racisme leur est très utile à cet effet. En effet, ils utilisent la nationalité et la couleur de peau de certains travailleurs comme prétextes pour les payer moins cher et donc faire plus de profits. Le racisme ambiant rend plus difficile aux travailleurs migrants de trouver un bon emploi, et les force à accepter les salaires et conditions moindres que leur offrent les capitalistes.

Tous les travailleurs doivent comprendre que lorsque le racisme permet aux employeurs de payer les travailleurs migrants moins bien, c’est un désavantage pour les travailleurs québécois aussi, car cela fait pression à la baisse sur leurs salaires. En effet, le recours au cheap labour permet à de grandes compagnies de semer la peur chez les employés de l’usine, qui craignent de se faire remplacer par des travailleurs mexicains et sont donc plus dociles. Des employés de BRP interrogés par Radio-Canada soupçonnent d’ailleurs que c’est l’intention de l’employeur.

En retour, ces menaces de pertes d’emplois ne font qu’encourager la xénophobie entre les travailleurs, rendant les travailleurs migrants d’autant plus vulnérables et facilement exploitables. Et c’est aussi le but du racisme, de diviser les travailleurs. Pour la classe ouvrière, l’union fait la force, et la division, sur la base du statut d’immigration et de l’origine ethnique comme sur la base de la religion, du sexe ou de la langue, les place à la merci des patrons.

Le mouvement syndical doit clairement s’opposer au traitement discriminatoire contre les employés mexicains de BRP, ainsi qu’au racisme en général. Les syndicats devraient chercher à syndiquer ces travailleurs, et exiger un traitement égal pour tous les travailleurs, peu importe leur origine.

Une attaque contre l’un est une attaque contre tous!