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Ces dernières semaines, à l’approche du Nouvel An lunaire, la classe ouvrière chinoise est entrée dans une vague de grèves et de manifestations à caractère économique. Bien que ces luttes varient sur le plan de l’ampleur et de la combativité, elles donnent collectivement une indication claire de l’aggravation de la crise socio-économique et de la courageuse lame de fond de lutte de classe qui s’élève contre le régime capitaliste.

En décembre, l’État chinois a soudainement abandonné sa politique stricte en matière de pandémie, et le coronavirus a rapidement balayé la Chine, entraînant une terrible misère et un nombre effarant de morts, dont le régime s’efforce de cacher l’ampleur réelle. Le 11 janvier, l’université de Pékin estimait qu’au moins 64% de la population chinoise avait été infectée par la COVID-19.

Avec la fin de la politique de « zéro COVID », les industries qui en profitaient,  notamment pharmaceutiques, ont été plongées dans la faillite. Des milliers de travailleurs ont été mis à pied d’un seul coup à la veille des fêtes de fin d’année, ce qui a provoqué une colère massive dirigée contre le régime capitaliste lui-même en divers endroits.

Le 7 janvier, à Chongqing, plus de 10 000 travailleurs d’un grand fabricant de produits médicaux (Zybio) ont lancé un mouvement de masse pour le paiement immédiat de leurs salaires, allocations et indemnités. La lutte a éclaté spontanément après l’annonce soudaine par l’entreprise qu’à partir du 3 janvier, elle allait licencier plus de 7000 employés temporaires sans compensation. Il s’agit d’un cas typique où les capitalistes transfèrent le fardeau de la crise aux travailleurs.

Alors que les travailleurs en colère assiégeaient et occupaient l’usine et commençaient à détruire les machines et les marchandises appartenant à l’entreprise, les capitalistes ont naturellement convoqué la « police du peuple », équipée de matraques et de boucliers anti-émeute pour disperser les travailleurs.

Dans la nuit du 8 janvier, les travailleurs ont été dispersés par la force. Mais au cours de cette dispersion, ces 10 000 travailleurs ont fait preuve d’une grande bravoure face aux briseurs de grève du gouvernement. Restant unis, ils ont repoussé la première vague d’attaques de la police, qui a dû battre en retraite sous une pluie de projectiles. Les patrons, effrayés par le succès du mouvement spontané des travailleurs à repousser la police, ont répondu par des concessions dans les jours suivants.

À Hangzhou aussi, entre les 5 et 6 janvier et les 8 et 9 janvier, des travailleurs des usines pharmaceutiques ont manifesté en masse pour des raisons similaires qu’à Chongqing. IIs ont également été confrontés à la même répression policière.

D’autres secteurs ont également vu éclater des luttes en raison de la crise déferlante du capitalisme chinois. Le secteur de la construction, par exemple, est devenu un terrain de lutte de plus en plus important en raison de la dette massive et impayable accumulée par les entreprises de construction. C’est ainsi que nous avons vu des travailleurs de la construction ferroviaire bloquer les portes des chantiers avec des véhicules de construction à Jiujiang, le 15 janvier; des travailleurs de la construction du métro ériger des banderoles réclamant des impayés à Guangzhou; et des cheminots lancer des slogans similaires sur les impayés à Xinyang. Sur les plus de 180 cas d’actions collectives enregistrés entre décembre 2022 et le 17 janvier 2023 par le China Labour Bulletin, la plupart concernaient le secteur de la construction.

Ces mouvements de masse extrêmement combatifs des travailleurs sont un avant-goût de ce que nous réserve l’avenir; des symptômes de la radicalité et de la combativité croissantes de la classe ouvrière chinoise. Les consciences évoluent rapidement. La classe ouvrière chinoise commence à voir le régime du parti au pouvoir pour ce qu’il est : une dictature pro-capitaliste, qui soutiendra de toutes ses forces les capitalistes dans la lutte des classes qui commence.