Cinq raisons de faire la révolution

Les temps sont glauques. Les troubles mentaux, et particulièrement la dépression, connaissent une croissance fulgurante, particulièrement chez les jeunes. Selon certains journalistes finfinauds, les téléphones intelligents et les réseaux sociaux seraient à blâmer. C’est à croire que ces journalistes ne lisent pas les journaux. Un simple coup d’oeil aux nouvelles suffit pourtant pour comprendre l’humeur […]

  • Benoit Tanguay
  • jeu. 5 sept. 2019
Partager

Les temps sont glauques. Les troubles mentaux, et particulièrement la dépression, connaissent une croissance fulgurante, particulièrement chez les jeunes. Selon certains journalistes finfinauds, les téléphones intelligents et les réseaux sociaux seraient à blâmer. C’est à croire que ces journalistes ne lisent pas les journaux. Un simple coup d’oeil aux nouvelles suffit pourtant pour comprendre l’humeur sombre qui règne chez les jeunes. Chaque jour, une nouvelle attaque contre les conditions de vie de la classe ouvrière, une nouvelle guerre, un nouveau massacre commis par un forcené d’extrême droite, une nouvelle catastrophe naturelle causée par les changements climatiques. 

Le capitalisme contemporain semble tout droit sorti d’un roman de science-fiction dystopique. Comme un vieux contenant de restants pourris oublié sur le comptoir, la société capitaliste donne naissance aux pires abominations. Mais heureusement, la décrépitude du système ne suscite pas seulement la détresse chez les jeunes, mais aussi, et surtout la montée de sentiments révolutionnaires. De plus en plus de jeunes gens prennent conscience de la nécessité de se battre pour renverser ce système désuet. Il est temps de le jeter aux poubelles de l’histoire. Plus que jamais, nous avons besoin d’une révolution pour renverser ce système économique avant qu’il n’entraîne toute la civilisation humaine dans sa chute. 

Pour quiconque aurait encore des doutes, voici cinq raisons de faire la révolution.

1) Un système en crise perpétuelle

Les politiciens bourgeois et la horde de journalistes à leur service ont beau se féliciter du faible taux de chômage et de la supposée santé économique au Québec et au Canada, la réalité est que le répit que nous vivons actuellement ne va pas durer longtemps. L’économie mondiale s’est à peine remise de la crise économique de 2008-2009, et les économistes annoncent déjà qu’une récession approche. Les marchés boursiers sont volatils, et les investisseurs sont frileux. L’Allemagne, une des plus importantes économies de la planète, risque d’entrer en récession au prochain trimestre, ce qui pourrait déclencher une réaction en chaîne à travers la planète. Les gouvernements avaient encaissé la dernière crise en renflouant les banques à coups de milliards de dollars obtenus en s’endettant massivement. Cette fois-ci, les États sont déjà surendettés. Ils avaient aussi baissé les taux d’intérêt directeurs des banques centrales, afin de faciliter le crédit et ainsi stimuler la consommation et les investissements. Mais les taux directeurs sont déjà au plus bas dans les grandes économies. Quand la prochaine crise frappera, les gouvernements seront impuissants. Elle prendra des proportions colossales, et comme toujours, ce seront les gens ordinaires, les travailleurs, les classes pauvres et les jeunes qui en souffriront. Les capitalistes, quant à eux, affronteront la récession en limitant leurs déplacements en jet privé et en buvant moins de champagne. 

2) Un système inégalitaire

En fait, la soi-disant santé économique actuelle est une illusion. Malgré que la croissance soit revenue, la reprise actuelle est la plus faible reprise que l’économie ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y a des emplois, mais quel genre d’emplois? L’OCDE remarquait l’an dernier que « l’embellie constatée sur le front de l’emploi est éclipsée par une stagnation sans précédent des salaires. » En fait, les salaires réels des travailleurs stagnent depuis les années 1980 dans les pays industrialisés. Et pendant que nos conditions de vie et de travail stagnent ou reculent et que l’austérité finit de gruger ce qui nous reste de filet social, les richesses s’accumulent à un rythme croissant entre les mains des possédants. Selon les dernières données d’Oxfam, ce serait 26 ultra-riches qui posséderaient aujourd’hui autant de richesses que la moitié de la population mondiale la plus pauvre. Pendant qu’une poignée d’individus vivent dans un luxe absolument obscène, la plupart d’entre nous n’avons rien à attendre de la vie d’autre que de donner le plus clair de notre temps à un patron dans un emploi déprimant en échange d’un maigre chèque, jusqu’à ce que cette maladie qu’est le capitalisme nous emporte. Le capitalisme n’a rien à offrir aux travailleurs et aux jeunes qu’une vie d’exploitation à mettre de l’argent dans les poches d’un boss.

3) Un système violent

Pendant qu’à la maison, les Justin Trudeau de ce monde affichent leur beau sourire à la caméra, nos gouvernements sont complices des pires violences impérialistes ailleurs dans le monde. Le Moyen-Orient et de larges pans de l’Afrique sont maintenus dans un état perpétuel de guerre par des rapaces dans leurs bureaux à Wall Street, Londres, Paris, Moscou, Beijing et Riyad, qui en bons gentlemen envoient des millions de gens mourir à leur place pour déterminer qui possédera tel marché ou tel champ de pétrole. Au début du millénaire, l’invasion impérialiste a mené à la mort d’un million d’Irakiens. L’intervention des alliés américains en Syrie, en finançant différentes factions de fondamentalistes religieux, a semé le chaos, tué plus d’un demi-million de gens, et fait des millions de déplacés. La Libye, qui était un pays relativement moderne et développé avant l’intervention soi-disant humanitaire des États-Unis, du Canada, de la France et du Royaume-Uni en 2011, est aujourd’hui un énorme marché d’esclaves à aire ouverte. Puis, c’est le Yémen qui a été ravagé par l’Arabie Saoudite, avec l’aide de Justin Trudeau et des véhicules militaires qu’il lui a vendus. Qui sait quel sera le prochain pays à être ramené 100 ans en arrière par un chef de guerre financé par les services secrets américains? Le capitalisme pourrissant et l’appétit insatiable de profits des impérialistes et des fabricants d’armes produisent des guerres à un rythme industriel.

4) Un système qui fomente les divisions

Mais les millions de gens qui fuient ces guerres doivent bien se réfugier quelque part. Les victimes collatérales des guerres impérialistes migrent notamment vers l’Europe, où elles sont attendues avec des fils barbelés et des camps de détention.  Mais avec le recul des conditions de vie des travailleurs et des classes pauvres, les politiciens capitalistes pointent maintenant les migrants du doigt comme boucs émissaires pour les problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés. C’est une tactique vieille comme le monde : diviser pour mieux régner. Pour détourner la colère des masses et prévenir la montée des sentiments révolutionnaires, les capitalistes soufflent sur les flammes de la xénophobie et des pires idées réactionnaires. Le racisme, mais aussi le sexisme, l’homophobie, la transphobie, que certains libéraux naïfs croyaient avoir disparu, regagnent aujourd’hui en popularité chez certaines couches de la population. Les rats de l’extrême droite sortent de plus en plus souvent au grand jour, et se font plus audacieux. Les États-Unis ont été récemment frappés d’une vague d’attentats d’extrême droite, et le Québec et le Canada ne sont pas à l’abri, comme l’ont démontré les tristes événements à la Mosquée de Québec en janvier 2017. Le droit à l’avortement a connu une série de reculs aux États-Unis cette année, et des politiciens canadiens en ont profité pour faire savoir qu’ils souhaitent faire la même chose ici aussi. Et au Québec, nous vivons un climat de haine raciale croissante, avec des journalistes et politiciens qui cassent du sucre sur le dos des musulmans et des immigrants depuis des années et l’adoption de la loi sur la soi-disant laïcité. Sous le capitalisme, les avancées des femmes et des minorités opprimées risquent perpétuellement d’être reprises. Il s’agit d’un système raciste, sexiste, oppressif, mené par une classe conservatrice et xénophobe.

5) Un système qui détruit la planète

Et pendant que la classe dirigeante consacre ses énergies et ressources à persécuter les migrants et à débattre « d’enjeux » ridicules comme le port de signes religieux, la planète brûle littéralement. L’Amazonie, le poumon de la terre, est en flamme, et les leaders mondiaux ne font rien. Les glaciers fondent, chaque année des records de températures sont atteints, les espèces disparaissent à un rythme alarmant, les océans deviennent d’énormes dépotoirs, mais les profits s’accumulent sans interruption. Les capitalistes contrôlent les grands leviers de l’économie : des richesses, des ressources et des industries immenses qui pourraient être utilisées pour développer des technologies vertes, de vastes réseaux de transports en commun, et réorienter la production de façon durable. À la place, ils ne font strictement rien, et continuent à exploiter la planète pour s’enrichir davantage. Leurs seules solutions consistent à demander aux travailleurs et aux pauvres de faire des sacrifices: mangez moins, utilisez moins votre voiture, prenez moins de douches, utilisez des pailles en carton. Les capitalistes se sont révélés incapables de régler la crise environnementale. Il est grand temps de nous débarrasser d’eux et de gérer l’économie d’une façon respectueuse de l’environnement. Le capitalisme détruit la planète : détruisons le capitalisme!

Il nous faut une révolution!

Il est probable que beaucoup de lecteurs se disent qu’ils ou elles connaissent déjà toutes ces raisons. Il y en a d’ailleurs beaucoup d’autres. On voit passer les dernières horreurs en date sur notre fil Facebook et on partage en chialant, mi-fâché, mi-blasé. Au fond de nous, on sait que ça ne peut continuer comme ça et que quelque chose doit être fait. On sait tous et toutes instinctivement que dans une société organisée rationnellement, on cesserait de consacrer autant de ressources à la production d’armes, on éteindrait les feux de forêt, on amorcerait la transition écologique, et on mettrait fin à la pauvreté, à la faim et aux guerres. Mais en même temps, beaucoup de gens sentent qu’il n’y a pas d’espoir et qu’on ne peut pas faire grand-chose pour changer la situation. En vérité, si on ne peut rien faire, c’est parce que la société est organisée de façon à ce qu’on ne puisse rien faire. Toutes les décisions importantes sont prises par des banquiers, des avocats, des industriels qui tirent les ficelles derrière la scène. Toutefois, on ne devrait pas désespérer. Plutôt que de désespérer ou d’attendre passivement que les choses changent magiquement, il est temps de s’organiser. Une révolution, ça consiste justement à s’organiser pour se débarrasser de ces parasites qui font obstacle à l’établissement d’une société rationnelle. Les gens ordinaires, les travailleurs et travailleuses, avons tout intérêt et sommes amplement capables de gérer nous-mêmes la société, dans l’intérêt de la grande majorité, plutôt que pour le profit d’une minorité. Voilà ce que propose le socialisme.