En  janvier, la campagne de syndicalisation des succursales d’Alimentation Couche-Tard de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a reçu son premier coup suite à la fermeture du dépanneur de l’intersection Beaubien et Saint-Denis, le premier à se syndiquer six jours plus tôt.

Onze travailleurs et travailleuses ont perdu(e)s leurs emplois. Comme prévu, l’entreprise a déclaré que la succursale en question devait fermer car elle n’était pas profitable. En Mai 2009, Couche-Tard avait aussi déclaré le déficit d’un magasin sur Saint-Mathieu-de-Beloeil qui en fait a été fermé suite à la découverte des intentions des employé(e)s de se syndiquer. Le magasin a été tranquillement ouvert à nouveau en septembre dernier.

Couche-Tard n’est pas un petit dépanneur familial de tous les jours. Elle est la plus grosse dirigeante multinationale de dépanneur possédant plus de 5,800 succursales, ainsi qu’un réseau de 3,700 licenciés partout au Canada, aux États-Unis, au Mexique, au Japon, en Chine, à Hong Kong, en Indonésie et à Guam. Elle opère sous les marques : Couche-Tard, Mac’s, Circle K, On the Run, Mike’s Mart, Beckers, Daisy Mart, Winks, Dépanneur 7 jours, etc.

Employant environ 53,000 personnes, Couche-Tard a fait près de 16.4-milliards de dollars et 300-million de dollars en revenu net en 2010. L’histoire de celle-ci s’est inscrite suite à plusieurs acquisitions de magasins d’une année à l’autre. Le premier étant situé à Laval en 1980. Aujourd’hui, elle est désormais la seule grande opératrice de dépanneurs dans le monde.

Durant les deux dernières années, Couche-Tard a vu ses actions doublées à 27 dollars. Cette augmentation s’est passée suite à sa déclaration de geler les salaires de ses employé(e)s en mars 2009 rappelant la récession économique. Cette année même, son profit a plus que doublé.

Depuis plus de trois décennies, les travailleurs et travailleuses de Couche-Tard ont été exploité(e)s telle de la matière première parce qu’ils et elles n’avaient pas de syndicat. Le salaire minimum, la sécurité d’emploi non-existante, une gérance acariâtre, peu de bénéfices et de temps vacances ; voilà les conditions auxquelles les employé(e)s font face. Pour la majorité d’entre eux, cet emploi est leur seul gagne-pain, mais assez, c’est assez !

Ces ouvriers prennent la décision audacieuse de s’organiser et pour cela ils et elles se font punir par leur employeur. Couche-Tard augmente la pression en essayant d’intimider les travailleurs et travailleuses. La gérance est devenue excessivement vigilante afin de trouver quoi que se soit pour mettre à la porte les tenants de la syndicalisation, rendant ainsi hostile le milieu de travail.

On entend beaucoup parler des syndicats qui menacent de chantage ou qui prennent les pauvres employeurs en otage. En réalité se sont les travailleurs et travailleuses qui sont pris en otage, car se sont les employeurs qui décident qui travaille ou non. Par conséquent, ils décident qui mange ou non.

La lutte pour syndicaliser les travailleurs et travailleuses de Couche-Tard est difficile, car la CSN doit syndicaliser les succursales unes par unes et il y a 560 ces dernières au Québec. Jusqu’à maintenant, la CSN a réussi à syndicaliser cinq dépanneurs incluant celui qui a été fermé six jours après son accréditation syndicale. Les patrons vont se battre sans relâche pour empêcher que les travailleurs et travailleuses des dépanneurs s’organisent, car chaque campagne réussie créera un précédent et vice-versa, si la campagne échoue se sera décourageant pour des années et même des décennies.

La plupart des grands syndicats ont fait preuve de réticence envers cette lutte, car il est notoirement difficile d’organiser des employé(e)s de dépanneur. Il est au crédit de la CSN qu’elle décide de prendre le risque et de lutter pour les intérêts de ces travailleurs et travailleuses. La lutte sera longue et ardue, mais elle ne peut pas être autrement.