Chaque jour, nous sommes inondés de communiqués de presse, d’articles et de déclarations condamnant les régimes autoritaires de la Chine, de la Russie et de l’Iran. Le Canada, nous dit-on, défend la démocratie contre leur tyrannie étrangère.

Avec le soutien d’Ottawa au génocide israélien à Gaza, des millions de travailleurs peuvent désormais voir de leurs propres yeux le visage ensanglanté de l’impérialisme canadien sous son masque démocratique. En tant que communistes, notre premier devoir est de démasquer et de combattre l’impérialisme chez nous. Nous devrions donc applaudir la récente publication du nouveau livre d’Yves Engler et Owen Shalk, Canada’s Long Fight Against Democracy (« Le long combat du Canada contre la démocratie »).

Ce livre donne un aperçu du rôle joué par l’État canadien dans le renversement de plus de 20 gouvernements démocratiquement élus sur cinq continents par le biais de l’asphyxie économique, de la désinformation de masse et de l’isolement diplomatique. Et quand il a été à court d’autre moyen, l’État canadien n’a pas hésité à envoyer les forces armées canadiennes participer à l’enlèvement, à l’arrestation et même au meurtre de chefs d’État. Engler et Shalk illustrent exactement comment l’impérialisme canadien a utilisé tous les moyens à sa disposition pour forcer les gouvernements étrangers à se soumettre.

Pour ne prendre que quelques exemples : en 1961, Patrice Lumumba, le premier premier ministre élu de la République du Congo, a été enlevé, exécuté et dissous dans une cuve d’acide par les forces du futur dictateur Mobutu Sese Seko, un officier soutenu par l’ONU. Lors du coup d’État parlementaire contre Lumumba, des troupes canadiennes ont travaillé activement à empêcher son retour au pouvoir, puis Jean Berthiaume, un officier de l’armée canadienne et chef d’état-major de l’ONU, a aidé Mobutu à le capturer. 

En 2004, le Canada a pris activement part au coup d’État contre Jean-Bertrand Aristide, le populaire président d’Haïti. Celui-ci a été enlevé par des soldats américains et canadiens, exilé en République centrafricaine et remplacé par le laquais de l’impérialisme occidental, Gérard Latortue. 

Enfin, le Canada a aidé à fonder, à organiser et à financer le Groupe de Lima, une organisation de droite mise sur pied pour s’opposer au Parti socialiste unifié du Venezuela, accusant régulièrement Hugo Chávez et son successeur Nicolas Máduro de « priver le peuple vénézuélien de ses droits démocratiques fondamentaux », tout en soutenant l’opération Gideon, un putsch militaire raté en 2020, ainsi que d’autres tentatives de coups d’État.

Le livre est rempli d’exemples similaires de comment le Canada « défend la démocratie ». Pour la richesse des informations qu’il contient, il constitue une ressource précieuse pour les communistes dans leur lutte contre les défenseurs de l’impérialisme au pays. 

Cependant, le livre souffre d’une grave faiblesse théorique : après avoir passé près de 200 pages à démontrer comment la politique étrangère canadienne est essentiellement au service des hommes d’affaires canadiens, Shalk et Engler se limitent à un appel à la « non-ingérence dans les affaires des autres pays ». Toutefois, tant que nous n’aurons pas répondu à la question de pourquoi l’État canadien s’ingère dans les affaires d’autres pays, ce souhait restera un pur fantasme.

Il faut aller plus loin et étudier la société telle qu’elle est : fondamentalement divisée entre une petite minorité d’exploiteurs et une vaste majorité de travailleurs exploités. Une véritable démocratie est impossible tant que l’écrasante majorité vit pour produire la richesse d’une poignée de multinationales. Ce n’est qu’en abolissant la propriété privée de ces entreprises qui saignent les travailleurs, les paysans et les jeunes du monde entier pour engranger leurs profits, en abolissant le capitalisme, que nous pourrons mettre fin à l’impérialisme une fois pour toutes.

Les auteurs masquent le fait que l’État canadien est un instrument de la domination de classe, qu’il soit utilisé contre les militants palestiniens, les défenseurs des terres autochtones, les travailleurs en grève ou contre les travailleurs et les paysans d’un autre pays. La véritable démocratie n’est pas compatible avec l’extorsion par le Canada des nations opprimées du monde entier et par conséquent la classe dirigeante canadienne n’a aucun scrupule à renverser tout gouvernement démocratique qu’elle ne peut pas corrompre, intimider ou extorquer pour qu’il serve ses propres intérêts. 

Pour lutter pour une véritable démocratie, c’est-à-dire la démocratie pour la majorité des masses de travailleurs, de paysans et de jeunes du monde entier, contre la domination de cette clique d’exploiteurs, nous devons mener une lutte implacable contre la mascarade de la démocratie canadienne ici au pays et contre les parasites sanguinaires qu’elle défend.