États-Unis : Décadence, sénilité et violence dans l’empire en déclin

Pendant des décennies, les États-Unis ont fait figure de modèle de stabilité, de garant de l’ordre international et de pays où les rêves se réalisent. Mais l’instabilité a fait son retour, et de façon spectaculaire.

  • Marco LaGrotta
  • ven. 2 août 2024
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« Comment avez-vous fait faillite? » demande Bill. « De deux manières. Graduellement, et puis soudainement »

(Le soleil se lève aussi, Ernest Hemingway)

Pendant des décennies, les États-Unis ont fait figure de modèle de stabilité, de garant de l’ordre international et de pays où les rêves se réalisent. Au cours de la longue période d’essor qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont semblé tenir ces promesses, alors qu’une grande partie du monde était rongée par les conflits civils, les désordres économiques et la guerre – en un mot, par une violente instabilité.

Cependant, pour reprendre les mots d’Hemingway, graduellement puis soudainement, les États-Unis se sont retrouvés assaillis par ce même mal dont leurs dirigeants arrogants pensaient qu’ils étaient les seuls à être immunisés. L’instabilité a fait son retour aux États-Unis, et de façon rapide.

…et puis soudainement

Lénine disait qu’il y a des décennies où rien ne se passe, mais aussi des semaines où des décennies se produisent. Ces mots pourraient parfaitement s’appliquer à la situation des États-Unis aujourd’hui.

La course à la présidence des États-Unis est loin d’être terminée. Cependant, elle est déjà la plus mouvementée de l’histoire moderne des États-Unis. La tentative d’assassinat sur Donald Trump en est la preuve la plus évidente. Dans la foulée, les partisans de Trump ont été confortés dans leur conviction, même exagérée, que les États-Unis sombrent dans la guerre civile et que ses adversaires sont prêts à recourir à la violence pour mettre un terme à son ascension. Dans un récent sondage Marist National, 47% des Américains étaient d’avis qu’une guerre civile était susceptible d’éclater de leur vivant – 13% jugeaient cela « très probable ».

Avant cela, l’attention du monde entier était concentrée sur le pénible déclin mental de Joe Biden – un déclin rendu évident après son humiliante prestation lors du débat présidentiel. Le public américain, y compris de nombreux démocrates, a été contraint de se rendre compte que leur commandant en chef est un abruti sénile avec un pied dans la tombe.

Comme si cela ne suffisait pas, le public américain a eu droit au spectacle des manigances des hauts responsables démocrates pour destituer leur leader – qui hier encore était supposément « le seul homme capable de battre Trump » – à temps pour la convention démocrate du mois d’août. Ils ont fini par obtenir ce qu’ils voulaient, Biden ayant été poussé vers la sortie sans cérémonie après avoir été trahi par son ancien colistier Obama. 

Les démocrates se rangent maintenant derrière Kamala Harris, leur seul espoir, alors qu’il ne leur reste que quatre mois pour organiser une campagne.

Graduellement…

Dans son allocution au Bureau ovale, le lendemain de la tentative d’assassinat sur Trump, Biden a défendu « la démocratie américaine, où les arguments sont avancés de bonne foi […] la démocratie américaine, où l’État de droit est respecté, la démocratie américaine où la décence, la dignité et le fair-play ne sont pas des notions surannées, mais des réalités vivantes ».

Le problème est que ces principes sacrés de la démocratie américaine n’existent plus – s’ils ont jamais existé.

Il fut un temps où les politiciens américains pouvaient se targuer de campagnes menées de « bonne foi » avec le décorum digne d’hommes d’État. Aujourd’hui, les candidats des deux partis s’échangent des propos de plus en plus délirants, allant des histoires d’ingérence électorale russe aux faux bulletins de vote le jour de l’élection. L’État de droit est respecté lorsqu’il s’agit de protéger les intérêts des grandes entreprises, mais il est promptement ignoré lorsqu’il s’agit du droit des étudiants à manifester contre un génocide à Gaza. Les entreprises américaines, autrefois à l’origine d’une économie florissante, assistent aujourd’hui sans rien faire à la descente aux enfers des Américains, qui sombrent dans la toxicomanie, l’itinérance et la misère la plus indigne.

Cinquante huit pour cent des Américains ne sont pas satisfaits du fonctionnement de leur démocratie, selon un sondage de Pew Research. Dans le même sondage, 66% des gens voudraient que le système économique connaisse un changement majeur. Sur le plan politique, Trump et Biden sont les deux candidats présidentiels les plus détestés de mémoire vivante. La situation n’est pas meilleure avec Kamala Harris, la remplaçante désignée de Biden, qui est elle-même presque aussi impopulaire que lui

L’instabilité croissante à l’intérieur des États-Unis n’est pas le fait d’un ou deux individus, mais le résultat d’un déclin prolongé du capitalisme américain et, avec lui, de toutes ses institutions, de sa culture et de ses personnalités. Si des événements monumentaux semblent surgir de nulle part, ce n’est pas parce que tout allait bien auparavant, mais parce que l’establishment américain était trop aveugle ou ignorant pour détecter la montée de la pression sous ses propres pieds.

Cela pourrait étonner des hommes comme Joe Biden (bien qu’il soit difficile de le savoir, car il a toujours l’air d’un chevreuil ébloui par une voiture). Mais ce n’est pas une surprise pour des millions de travailleurs et de jeunes américains, qui ont passé des années à vivre un cauchemar américain sans fin et sans issue. La prochaine période aux États-Unis sera marquée par des changements brusques et soudains et par des explosions à tous les niveaux.

La tâche des communistes américains est de remplacer le désespoir par l’optimisme, d’organiser les millions de personnes en un parti prêt au combat et de préparer la prochaine révolution américaine qui mettra fin au cauchemar.