Le festival du film Hot Docs de Toronto a annoncé la fermeture temporaire de son cinéma phare et le licenciement d’une grande partie de son personnel d’ici le 12 juin. Hot Docs a déclaré qu’il s’agissait d’une mesure nécessaire « pour faire face à des défis financiers urgents ». Le cinéma, qui est un point de repère du quartier Annex depuis 1913, a été acheté par Hot Docs en 2016 et diffuse des documentaires sur la science, la culture et l’histoire.
Bien que Hot Docs affirme que la fermeture n’est que temporaire, il y a une réelle possibilité que les portes se ferment pour de bon. L’industrie du cinéma indépendant au Canada est en plein déclin, deux tiers des cinémas indépendants déclarant qu’ils risquent de fermer leurs portes. Ils sont concurrencés par de grands monopoles comme Cineplex.
Cette situation est la conséquence naturelle d’un système qui donne la priorité au profit plutôt qu’à la culture. Il y a cent ans, le Madison Theatre (aujourd’hui Hot Docs) était l’un des trois cinémas situés dans un rayon de deux pâtés de maisons. Mais il risque aujourd’hui de connaître le même sort que le Roxy Theatre sur l’avenue Danforth, qui n’existe plus que sous la forme d’une coquille vide, habitée par un Tim Hortons et une station-service. Sous le capitalisme, les institutions culturelles sont mises au rebut dès qu’elles ne font plus de profits.
Les centres culturels comme les cinémas Madison et Roxy ne peuvent être préservés que dans le cadre d’une économie planifiée. Dans les années 1920, l’Union soviétique jouait un rôle de premier plan dans le domaine du cinéma. Nombre des techniques mises au point à cette époque sont encore étudiées et pratiquées aujourd’hui. Lénine et Trotsky reconnaissaient le grand potentiel du cinéma. En 1922, Lénine déclarait : « Pour nous, le cinéma est le plus important de tous les arts. Le cinéma doit être et sera le principal instrument du prolétariat. » Trosky exprimait le même sentiment : « Cette innovation spectaculaire et étonnante a pénétré dans la vie humaine avec une rapidité sans précédent. »
Dans sa phase terminale de déclin, le capitalisme est incapable de faire progresser la culture, qui est aujourd’hui à bout de souffle. Seule une transformation massive de la société peut arrêter cette dégénérescence. Pour ce faire, la classe ouvrière doit prendre le pouvoir et diriger la société comme elle l’entend. Ce n’est qu’à cette condition que le cinéma pourra retrouver sa gloire d’antan et atteindre des sommets encore inimaginables.