Cet article est l’éditorial du numéro 4 de Révolution communiste. Abonnez-vous ici!


La motion du NPD sur les exportations d’armes vers Israël n’est que la dernière farce en date jouée par les partis politiques canadiens à l’endroit des Palestiniens. 

Pourtant, les dirigeants du mouvement pour la Palestine continuent d’entretenir des illusions envers la classe politique. 

Il faut dire les choses telles qu’elles sont : tous les partis ont du sang palestinien sur les mains.

Politique spectacle

Pendant que le massacre à Gaza se poursuivait, le NPD faisait dans la politique spectacle au parlement avec sa motion. 

Le parti s’est vanté de l’adoption de cette motion non contraignante qui promet la fin des exportations d’armes canadiennes vers Israël.

Mais comme la ministre des Affaires étrangères l’a expliqué, le Canada avait déjà cessé d’approuver les permis d’exportation d’armes avant le 7 janvier, et les permis en vigueur avant le 7 janvier resteront en vigueur malgré la motion. Elle ne change donc littéralement rien.

Pour faire avaler la motion par les libéraux, le NPD l’a largement diluée, et a accepté d’y inclure des éléments de rhétorique sioniste, comme le droit d’Israël de se défendre et la demande que le Hamas rende les armes.

Cette motion n’est que de la poudre aux yeux pour cacher la complicité des impérialistes canadiens dans le massacre des Palestiniens – et notamment la complicité du NPD.

Car c’est ce même NPD qui, par son « accord de soutien et de confiance », maintient au pouvoir le gouvernement de Trudeau le génocidaire – qui lui-même apporte son appui politique et militaire au régime meurtrier de Netanyahou.

Illusions

Malgré cela, le leadership du mouvement pour la Palestine continue largement à répandre des illusions envers le NPD et envers la possibilité de convaincre les libéraux de prendre position contre le massacre à Gaza.

Même le groupe le plus à gauche dans le mouvement, le Palestinian Youth Movement (PYM), continue d’adopter une position ambigüe à l’égard du NPD et des libéraux.

Par exemple, en réponse à la motion du NPD, le PYM a écrit sur Instagram que « La motion passée au parlement canadien nous rapproche d’un pas de plus d’un embargo sur les armes vers Israël ». Cela n’est pas vrai. Cette motion n’a rien accompli du tout, et prétendre le contraire ne fait que semer des illusions envers le NPD et le théâtre politique bourgeois.

Les amis disent la vérité, et nous devons dire : Jagmeet Singh et son parti ont prouvé encore et encore qu’ils rampent devant les impérialistes. 

C’est ce même parti qui a expulsé sa députée provinciale ontarienne Sarah Jama pour avoir soutenu la Palestine. C’est ce même parti qui entretient des liens avec le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, un lobby sioniste.

La vérité est que peu importe leurs larmes de crocodile, leurs déclarations vides en faveur d’une aide humanitaire, ou même en faveur d’un cessez-le-feu, tous les partis sont complices de l’impérialisme israélien. Aucune quantité d’appels à leur humanité ne sera suffisante pour leur permettre de se développer une conscience.

C’est le cas y compris des politiciens réformistes comme ceux du NPD. Peu importe leur apparence « progressiste », en dernière analyse, ils acceptent le capitalisme, et acceptent donc la domination de la classe capitaliste canadienne et ses intérêts impérialistes. Et la classe dirigeante canadienne soutient Israël en tant qu’avant-poste impérialiste au Moyen-Orient, de concert avec les autres puissances occidentales. 

Par conséquent, l’opposition réformiste aux crimes de l’impérialisme – canadien, américain, israélien ou autre – est presque toujours une opposition verbale et vide. 

Il faut regarder la vérité en face : le mouvement pour la Palestine est dans une impasse depuis plusieurs mois. Malgré une mobilisation historique et inspirante de milliers de personnes dans les rues, semaine après semaine, mois après mois, le mouvement ne va nulle part. Contrairement au slogan populaire qui dit « Palestine is almost free », cela n’est pas vrai. La Palestine est très loin d’être libre. 

La première chose que doit faire le mouvement est de se débarrasser de toute illusion confortable dans le système capitaliste et ses institutions. Personne, absolument personne, dans la classe politique bourgeoise – ni les libéraux, ni le NPD, ni l’ONU, ni la Cour internationale de justice, ni aucun régime arabe – ne va venir sauver la Palestine. Ils sont tous complices. 

Les seuls qui peuvent sauver la Palestine sont les masses du Moyen-Orient et la classe ouvrière dans les pays impérialistes comme le Canada. Mais ils ne peuvent y arriver qu’en renversant leur propre classe dirigeante.

Plutôt que de célébrer les manœuvres politiques cyniques du NPD, la direction du mouvement devrait s’appuyer sur la mobilisation actuelle pour lancer un mouvement avec comme objectif immédiat de faire tomber le faible gouvernement minoritaire de Justin le génocidaire.

La victoire politique que représenterait la chute d’un des principaux gouvernements impérialistes en raison de son appui au génocide en Palestine retentirait massivement à l’échelle internationale, ferait trembler le reste des gouvernements impérialistes, et représenterait un exemple pour tout le mouvement mondial pour la Palestine.

Ultimement, la complicité de tous les partis avec les politiques génocidaires de l’impérialisme pointe dans une direction inéluctable : les travailleurs ont besoin de leur propre parti. 

Même si nous réussissons à stopper le génocide à Gaza, tant que ce système capitaliste pourri continuera d’exister, ce ne sera qu’une question de temps avant qu’une horreur encore pire se produise. 

Il faut un parti pour renverser le règne sanglant de la bourgeoisie. Voilà pourquoi nous avons besoin du Parti communiste révolutionnaire.