Kamala Harris n’est pas une amie du peuple palestinien

Si elle est élue, Harris continuera à mettre en œuvre les mêmes politiques que Biden.

  • Abadie Ludlam
  • mer. 28 août 2024
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Depuis que Kamala Harris s’est lancée dans la course à la présidence de 2024, les médias ont souligné les soi-disant différences entre son discours et celui de Joe Biden au sujet de la guerre contre Gaza, spéculant sur la manière dont elle pourrait se distinguer de son supérieur actuel à ce sujet. Ils ont noté un ton plus « empathique » à l’égard des Palestiniens et un ton plus « énergique » à l’égard d’Israël.

Cependant, d’après ses propres paroles et actions, Mme Harris ne mettra pas fin au soutien des États-Unis à Israël. Comme l’a résumé l’un de ses conseillers : « La différence n’est pas dans la substance, mais probablement dans le ton. »

Une posture cynique

Harris reconnaît que le soutien de l’administration Biden à Israël a repoussé de nombreux électeurs démocrates potentiels, et son ton plus doux est une tentative de les apaiser avant les élections. Mais si elle est élue, elle continuera à mettre en œuvre les mêmes politiques que celles de Biden.

Les deux grands partis et leurs politiciens sont financés et contrôlés par la classe capitaliste, qui les utilise pour atteindre ses objectifs. Dans le cas d’Israël, cela signifie maintenir un avant-poste fiable pour l’impérialisme américain au Moyen-Orient en finançant continuellement sa sanglante machine de guerre.

Ce « changement de ton » est d’autant plus cynique : tout en donnant l’impression de se soucier de la souffrance des Palestiniens, elle ne fera rien de significatif pour y mettre fin.

« Un engagement inébranlable »

Lors de la visite du premier ministre Netanyahou aux États-Unis en juillet, Harris, comme de nombreux sénateurs, a choisi de ne pas assister à son discours devant le Congrès, dans un geste symbolique de désapprobation de sa guerre brutale contre Gaza.

Elle a toutefois rencontré personnellement Netanyahou au cours de sa visite, et le résumé qu’elle a fait de leur rencontre témoigne de l’essence même de son attitude à l’égard de l’État sioniste : 

« Je veillerai toujours à ce qu’Israël soit en mesure de se défendre, notamment contre l’Iran et les milices soutenues par l’Iran, telles que le Hamas et le Hezbollah.

Depuis l’époque où j’étais une jeune fille collectant des fonds pour planter des arbres en Israël jusqu’à mon passage au Sénat et aujourd’hui à la Maison-Blanche, j’ai toujours eu un engagement inébranlable en envers l’existence de l’État d’Israël, sa sécurité et le peuple d’Israël. »

Elle ajoute qu’elle a fait part à Netanyahou de ses « graves préoccupations » concernant les morts et la crise humanitaire à Gaza. « Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne devons pas devenir insensibles à la souffrance. Et je ne me tairai pas. »

Quelle hypocrisie! Ces paroles n’auront aucun effet sur les actions d’Israël.

Netanyahou n’agira pas différemment parce que Harris a soulevé de « graves préoccupations ». Depuis des mois, tout plein de dirigeants mondiaux l’ont critiqué et il a été accusé par des organes internationaux de crimes de guerre, mais cela n’a rien changé.

Toujours plus d’armes pour Israël

Quelques jours après que Harris ait rencontré Netanyahou, un de ses proches a confirmé que « le soutien de la vice-présidente à la sécurité d’Israël est sans faille ».

Concrètement, un soutien « sans faille » à Israël signifie l’armer jusqu’aux dents. Soixante-huit pour cent des importations d’armes d’Israël proviennent des États-Unis, et l’administration Biden a envoyé pour 6,5 milliards de dollars d’équipement militaire à Israël depuis le 7 octobre.

La seule chose qui pourrait réellement mettre fin à l’assaut brutal d’Israël sur Gaza serait de couper son approvisionnement en armes. Mais Harris ne le fera jamais. Au cours des dix derniers mois, elle a soutenu indéfectiblement Biden et sa politique à l’égard d’Israël, et son équipe a récemment réitéré son engagement à fournir à Israël ce dont il a besoin pour continuer à tuer des Palestiniens.

Quand des dirigeants du groupe de militants palestiniens Uncommitted National Movement ont affirmé que Harris était disposée à discuter de leur demande d’embargo sur les armes à destination d’Israël, un conseiller de Harris a rapidement publié une déclaration précisant qu’elle « veillera toujours à ce qu’Israël soit en mesure de se défendre contre l’Iran et les groupes terroristes soutenus par l’Iran. Elle s’oppose à un embargo sur les armes à destination d’Israël. Elle continuera à œuvrer pour la protection des civils à Gaza et pour le respect du droit humanitaire international. »

Telle est depuis longtemps la stratégie de la classe dirigeante, qui prétend se préoccuper de la « protection des civils » et du « respect du droit international », tout en apportant un soutien militaire actif à Israël sous prétexte que ce soutien doit seulement servir à l’« autodéfense » légitime. Harris continuera à utiliser cette même rhétorique si elle est élue.

Seule la classe ouvrière peut mettre fin au massacre

Harris espère apparaître plus équitable que Biden sur la question de Gaza, tout en garantissant à ses donateurs et à l’establishment du Parti démocrate que, si elle est élue, elle maintiendra son « engagement inébranlable » à l’égard d’Israël et ne changera rien de fondamental.

Cela signifie-t-il que les républicains sont mieux? Pas du tout. En juillet, Trump a accueilli son vieil ami Netanyahou à Mar-a-Lago et lui a déclaré son appui. 

Ces deux candidats et leurs partis servent les intérêts de la classe capitaliste américaine. Quelles que soient les paroles creuses qui sortent de leur bouche, ils placeront toujours les intérêts de leur classe devant toute autre considération, y compris les souffrances vécues par les Palestiniens. Seule la classe ouvrière organisée a le pouvoir et peut être convaincue de mettre un terme au transfert d’armes vers Israël. La classe ouvrière américaine doit s’organiser dans son propre parti, indépendant des semeurs de guerres impérialistes, afin de mettre un terme à la guerre contre Gaza soutenue par les États-Unis.