Samedi le 12 février au parc Jarry, une contre-manifestation face à la droite populiste et son convoi de la soi-disant  « liberté » a été organisée à Montréal. Durant ce face-à-face, la police a agi de manière bien différente envers les deux groupes. Un double standard évident s’est fait voir tout au long de l’événement : des dizaines d’antiémeutes entouraient et intimidaient les contre-manifestants, et laissaient tranquille le convoi mené par l’extrême droite.

La contre-manifestation, organisée par No Borders Media, a rassemblé environ 150 manifestants, dont plusieurs étaient des habitants du quartier inquiets à l’idée de laisser un mouvement dominé par la droite et l’extrême droite marcher dans leurs rues. La Riposte socialiste y était en grand nombre avec une trentaine de militants présents. Le mouvement syndical et la majorité de la gauche montréalaise brillaient par leur absence. Comme nous l’avons expliqué à maintes reprises, nous avons besoin d’une mobilisation de masse des syndicats et de la gauche pour repousser la droite populiste.

Une fois rassemblés, nous nous sommes dirigés vers la sortie du stationnement du Parc Jarry pour aller bloquer les voitures et les camions participant à la manifestation en appui au convoi. À ce moment-là, la police s’est positionnée entre la manifestation et sa contre-manifestation. À travers une marée de drapeaux canadiens et québécois, et même des drapeaux des Patriotes, nous avons aperçu des drapeaux de Donald Trump, des drapeaux et des gilets du Parti Populaire du Canada, et des photos de son chef Maxime Bernier. Plusieurs de nos militants se sont fait crier d’enlever leurs masques par les manifestants. Nous savons qu’ailleurs dans le pays les manifestants du convoi ont harcelé des travailleuses de la santé et ont violenté des passants, y compris des sans-abris.

Devant cette manifestation dominée par l’extrême droite, les épisodes de violence à Ottawa, Toronto et Vancouver, ainsi que le potentiel de harcèlement, à peine quelques policiers à vélo les escortaient et écartaient la circulation pour laisser passer leur marche. Pendant ce temps, notre contre-manifestation d’à peu près 150 participants s’est fait encercler par la police anti-émeute, armée jusqu’au dents, qui nous a dit fièrement qu’on irait nulle part. Cette petite armée était quasiment aussi nombreuse que nous l’étions. Lorsqu’on a finalement pu marcher, la cavalerie nous a suivi de prêt, sans nous lâcher pour une seconde.

À noter aussi que plusieurs policiers antiémeute qui nous ont barricadé le chemin portaient le symbole bien connu « Thin Blue Line » (« Mince ligne bleue ») qui représente le mouvement Blue Lives Matter, mouvement réactionnaire qui s’oppose au mouvement Black Lives Matter. Le symbole lui même a été repris par l’extrême droite depuis la manifestation fasciste « Unite the Right », à Charlottesville en 2017. Il est ironique que pendant que les symboles religieux sont interdits pour les policiers en raison de la discriminatoire Loi 21, les policiers peuvent porter un symbole politique raciste! Une autre preuve des doubles standards de la police et de nos gouvernements capitalistes en général.

La manifestation et la contre-manifestation de Montréal nous montrent ce que beaucoup de gens savent depuis longtemps. La police n’est pas là pour notre protection, mais plutôt pour la protection des intérêts de la classe capitaliste. Les agents de police ne se gênent pour tabasser des étudiants qui manifestent pour la gratuité scolaire, ou bien des manifestants autochtones à Wet’suwet’en ou ailleurs, mais ils sont incapables de lutter contre l’extrême droite, et n’en ont d’ailleurs pas envie. Nous avons vu des policiers sympathiser avec le convoi à Ottawa, et c’est bien connu que l’extrême droite est bien présente parmi les « forces de l’ordre ». Nous ne pouvons aucunement compter sur la police, ni l’État. Seul le mouvement ouvrier organisé peut renvoyer la droite et l’extrême droite dans leur trou.