Le comité central du PCR s’est réuni les 23-24 mars dernier. Avec environ 100 participants incluant les membres du comité et les camarades invités, nous avons discuté tous les aspects du lancement de notre nouveau parti et de notre nouvelle internationale – le PCR et l’Internationale communiste révolutionnaire. Nous nous sommes donnés des objectifs ambitieux et sommes gonflés à bloc en vue de les atteindre.

Nous vous présentons ici le produit principal de cette réunion : le Manifeste du Parti communiste révolutionnaire. Ce document sera soumis à toutes les cellules du parti pour discussion, et pour son adoption finale au congrès de fondation du 18-20 mai. Nous attendons avec impatience votre rétroaction. Si vous souhaitez participer aux discussions sur le Manifeste, devenez membre du PCR. Rejoignez une cellule ou bâtissez-en une nouvelle, et soyez présents au congrès de fondation!


« Les communistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste! » –Karl Marx, Le Manifeste du Parti communiste

Le capitalisme nous plonge dans la noirceur. La société se déchire et s’enfonce dans une spirale descendante sans fin. La destruction environnementale, le racisme et la guerre se propagent comme la peste. 

La société régresse sur tous les plans. Même des indicateurs comme l’espérance de vie, le taux d’alphabétisation et l’apport calorique sont en baisse.

Face au gouffre de barbarie capitaliste qui s’ouvre devant nous, les communistes plantent leur drapeau dans le sol de ce pays.

Nous sommes le Parti communiste révolutionnaire (PCR), la section de l’Internationale communiste révolutionnaire au Canada. Nos revendications sont modestes : rien de moins que le renversement du capitalisme et la construction d’une société libérée de l’exploitation et de l’oppression.

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. La paix et la stabilité sont de l’histoire ancienne. Nous sommes à l’heure des convulsions, des crises, des guerres et des révolutions. Il est grand temps de bâtir un parti capable de mener les travailleurs au pouvoir et de mettre fin aux horreurs du capitalisme.

Première partie – La phase terminale du capitalisme canadien 

Le capitalisme canadien a été remarquablement stable pendant des décennies. Le boom économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a donné un nouveau souffle au système. La classe dirigeante pouvait se permettre d’acheter la paix des classes en faisant des concessions aux travailleurs. C’est pourquoi, malgré que le communisme ait commencé à prendre racine pendant les crises des années 1920 et 1930, il n’a pas connu un grand succès au cours des dernières décennies. Le communisme a été réduit à une idée marginale. Cette époque est révolue.

La crise est la nouvelle normalité. Le capitalisme canadien est à bout de souffle. La croissance par habitant a ralenti pour atteindre son taux le plus bas depuis les années 1930. L’OCDE prévoit que, parmi les 29 économies les plus avancées, celle du Canada sera celle qui s’en sortira le moins bien au cours des 40 prochaines années – le pire est donc à venir.

Le système est enseveli sous une montagne de dettes. Alors que le PIB annuel de l’économie canadienne est inférieur à 2000 milliards de dollars, la dette des gouvernements, des consommateurs et des entreprises s’élève à 7200 milliards de dollars, soit près de quatre fois la production économique du pays tout entier. Les gens ordinaires suffoquent, n’ayant plus les moyens de vivre.

Les capitalistes canadiens sont de plus en plus parasitaires. Au lieu d’investir dans la production, ils investissent au casino. Aujourd’hui, leur jeu préféré est la spéculation immobilière. Cette spéculation a créé l’une des plus grandes bulles immobilières au monde, avec des prix records. L’immobilier a remplacé l’industrie manufacturière comme première industrie. Là où il y a encore de l’industrie manufacturière, la bourgeoisie vit aux crochets de l’État, exigeant des dizaines de milliards de dollars pour ouvrir de nouvelles usines qu’elle pourrait financer elle-même. Au cours des cinq dernières années, la productivité du travail a baissé chaque année pour la première fois depuis que ces statistiques existent.

Marx disait dans le Manifeste du Parti communiste : « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production. » Aujourd’hui, la bourgeoisie n’y arrive même pas. Le Canada ressemble de plus en plus à ce que Lénine décrivait comme une « économie rentière », où une couche parasitaire de la population ne contribue en rien à la production, mais engrange des milliards, tandis que des millions de gens sont contraints à la pauvreté.

Il ne s’agit ni d’un ralentissement économique temporaire, ni d’un problème mineur. Il s’agit d’une crise existentielle du capitalisme; un déclin terminal qui engloutit toute  la société –  socialement, politiquement et moralement.

La paix des classes est morte

La classe dirigeante mène une guerre unilatérale contre les travailleurs. Le secteur manufacturier a été décimé et des centaines de milliers de bons emplois syndiqués ont été jetés aux poubelles. Les contrats de travail truffés de concessions sont la norme. Les régimes de retraite ont été vidés. Les travailleurs non syndiqués dans les industries précaires sont pressés comme des citrons. Les entreprises publiques ont été privatisées pour satisfaire la cupidité de profiteurs voraces. Les services sociaux ne sont plus l’ombre de ce qu’ils étaient autrefois. Le système de santé est en crise. Les écoles s’effondrent. Le niveau de vie ne cesse de chuter.

Les dirigeants syndicaux ont laissé cela passer. Ils vivent dans un monde imaginaire où le boom de l’après-guerre n’a jamais pris fin et où les patrons peuvent encore se permettre des concessions significatives. Chaque fois que les dirigeants syndicaux tendent la main en vue d’un compromis, les patrons mordent. La faiblesse des dirigeants syndicaux ne fait qu’inviter à l’agression, mais ils n’apprennent rien de la défaite. Il n’est pas étonnant que le taux de syndicalisation ait chuté de 38 à 29% au cours des 40 dernières années.

Le soi-disant « contrat social » entre le patronat et les syndicats est mort et enterré. Les droits syndicaux sont violés chaque fois que les profits sont menacés. Les patrons n’ont aucune raison de négocier : ils savent que l’État se rangera de leur côté avec des injonctions et des lois de retour au travail. Face à ces attaques, les dirigeants syndicaux capitulent presque chaque fois.

Il n’est pas étonnant que la colère monte dans les syndicats. Les grèves se multiplient. Parallèlement, les ententes au rabais se heurtent à l’opposition massive de la base. Mais cette opposition n’est pas coordonnée et est spontanée. Cette colère de classe brute a besoin de s’exprimer. Le PCR trouvera et organisera la couche radicalisée de notre classe, et l’armera des idées et des méthodes qui peuvent gagner.

De nombreux syndicats au Canada ont été fondés par des communistes et des révolutionnaires. Le mouvement s’est forgé des traditions combatives sous leur direction. Ils ont syndiqué les non-syndiqués. Il appartient au PCR de faire revivre ces traditions.

Le PCR a pour objectif d’amener toutes les couches de la classe ouvrière dans la lutte, autant les travailleurs syndiqués que les non-syndiqués. Nous serons là, bras dessus, bras dessous, avec les travailleurs dans leurs luttes quotidiennes, partout. Nous nous battrons bec et ongles pour chaque gain qui puisse rendre la vie plus supportable sous ce système pourri. Mais ce qui nous distingue, c’est qu’à chaque étape, nous expliquerons que le système capitaliste est la cause première du calvaire des travailleurs – que pour vaincre définitivement les attaques des cupides patrons, les travailleurs doivent être les maîtres de la société.

C’est avec ces méthodes que le communisme se frayera un chemin vers la masse de la classe ouvrière et ses organisations. Seule une direction révolutionnaire peut réarmer le mouvement ouvrier et en faire une force combative.

La crise du réformisme

Dans l’après-guerre, la bourgeoisie a concédé à la classe ouvrière des réformes importantes telles que la gratuité des soins de santé, l’assurance-chômage et les pensions de retraite. Elle ne l’a pas fait de gaieté de cœur, mais parce que les travailleurs se sont battus pour ces réformes, et par crainte que les travailleurs ne soient gagnés au « communisme » dans le contexte de la guerre froide avec l’Union soviétique. Le boom exceptionnel de l’après-guerre leur a donné la marge de manœuvre financière nécessaire pour ainsi acheter la paix sociale. Cette situation a créé une base matérielle pour de solides illusions envers le réformisme chez les travailleurs. La plupart des gens ne se considéraient pas comme des travailleurs, mais comme des membres de la « classe moyenne ». Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Nous sommes à l’aube d’une longue période de crise et d’instabilité. L’ordre ancien se meurt et le nouveau monde peine à naître. Les vieilles mentalités de compromis de classe sont en train d’être ébranlées. Des événements grandioses, jamais vus dans l’histoire canadienne, se profilent à l’horizon.

Alors que le système broie des millions de personnes, les réformistes qui s’accrochent au « centre » politique sont les plus ridicules utopistes. La crise du capitalisme signifie une crise du réformisme. Le capitalisme ne peut pas se permettre la stabilité, encore moins les réformes. Dans toutes les provinces où le NPD a pris le pouvoir, il a capitulé devant les intérêts capitalistes. Québec solidaire fait tout pour paraître acceptable aux yeux de l’establishment, suivant ainsi la voie du NPD. 

Les dirigeants du NPD et de QS ont accepté le système capitaliste. Ils sont forcés d’en accepter les limites. Alors que le système est en crise et que nous reculons à tous les points de vue, ils capitulent constamment face aux pressions. Ce n’est que par une lutte révolutionnaire de masse que des améliorations significatives pour la classe ouvrière peuvent être obtenues. Mais les réformistes rejettent cette idée et ne parviennent donc pas à obtenir quoi que ce soit.

Il est tout à fait utopique de penser que nous pouvons résoudre les problèmes actuels dans le cadre du capitalisme. Même les économistes bourgeois les plus optimistes ne pensent pas que ce système ait un brillant avenir. Les jeunes d’aujourd’hui savent très bien que le capitalisme ne leur offre pas d’avenir véritable. C’est pourquoi les réformistes échouent à susciter un quelconque enthousiasme. 

La crise du système et le discrédit à l’endroit de l’establishment bourgeois n’ont jamais été aussi profonds. Et pourtant, jamais la direction du mouvement ouvrier et la « gauche » n’ont été dans un état aussi lamentable. Elles n’offrent aucune solution de rechange. La classe ouvrière est plus forte que jamais. Les travailleurs pourraient changer le monde. Mais ils sont une armée de lions dirigée par des moutons.

Nous, travailleurs, n’avons aucun contrôle sur nos vies. Les patrons imposent la stagnation des salaires. Les chaînes d’épiceries se concertent pour augmenter les prix. Les parasites (propriétaires) extirpent tout ce qu’ils peuvent de leurs locataires captifs. Ceux qui ont la chance de s’affranchir de l’esclavage locatif se retrouvent accablés par des dettes massives et croissantes auprès d’une banque. Rien de tout cela ne peut être résolu par des réformes. 

Tout le monde sait que la bourgeoisie détruit la planète en toute impunité. Pendant qu’elle se cache dans ses manoirs climatisés, les travailleurs souffrent. Nous allons au travail alors que l’air est chargé de fumée. Nous payons la facture lorsque les compagnies d’assurance augmentent leurs tarifs dans les zones inondables. Nous sommes ceux qui meurent lors des vagues de chaleur et de froid.

Mais les gouvernements bourgeois ne font rien. Et les réformistes sont complices de ce crime. Ils proposent des remèdes de charlatans, comme les taxes sur le carbone, qui ne touchent pas à la propriété privée. Rien de tout cela n’a permis de résoudre le problème. Pire, ces « taxes vertes » transfèrent le fardeau de la crise climatique sur le dos des travailleurs. Il est impossible de s’attaquer au changement climatique sans mettre fin à la logique du profit. Les solutions réformistes – bien que présentées comme « réalistes » – finissent par être des initiatives non seulement inutiles, mais même dommageables.

On ne peut contrôler ce qu’on ne possède pas.

Marx et Engels expliquaient : 

« En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée. »  

Les communistes se battent pour toute réforme qui améliore la vie des travailleurs. Nous exigeons une éducation et des soins de santé de qualité réellement gratuits, la fin de la pauvreté et de l’itinérance, la réduction drastique de la semaine de travail et la conquête du temps libre. Mais ce que les réformistes ne comprennent pas, c’est que rien de tout cela ne peut être réalisé et maintenu sous le capitalisme.

Aucun de nos problèmes ne sera résolu tant que la classe ouvrière n’aura pas pris le pouvoir. La classe ouvrière doit s’emparer des richesses de la bourgeoisie. Dans le cadre d’un plan de production démocratique, les travailleurs mettront la richesse de la société à profit, libérant le potentiel productif de l’humanité pour s’attaquer au changement climatique, à la pauvreté, à l’itinérance et à tous les maux du système. C’est aussi ainsi que les besoins humains et la nature seront harmonisés.

L’oppression : l’ADN du capitalisme

    « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Alors que le système se décompose, le tissu social se déchire.

    Au moment de publier ces lignes, l’enjeu brûlant est celui de la Palestine. Les scènes qui sortent de Gaza font bouillir le sang. L’impérialisme israélien mène une guerre génocidaire avec la bénédiction du gouvernement canadien. Il ne s’agit là que de la plus récente atrocité perpétrée par l’impérialisme occidental. 

    Sans même sourciller, les politiciens bourgeois d’Occident parlent des « droits de la personne » tout en envoyant des milliards de dollars pour financer la machine à tuer de l’impérialisme israélien. C’est tout l’establishment, les défenseurs des institutions capitalistes, les médias, les universités ainsi que tous les partis politiques qui se sont incriminés, eux et leur système psychopathique. 

    Rien de tout cela ne sera oublié.

    Les horreurs du capitalisme ne se limitent pas à des contrées lointaines. L’oppression fait partie de l’ADN du système.

    ​​La naissance du capitalisme canadien a été sanglante. Par les moyens les plus brutaux imaginables, le capitalisme a ravagé les gens et détruit la myriade de modes de vie incompatibles avec le développement capitaliste. Les peuples autochtones ont été expulsés de leurs terres ancestrales, massacrés, réduits en esclavage et soumis à des politiques d’oppression et de génocide pendant des siècles. Et cela continue aujourd’hui. Dans l’un des pays les plus riches de la planète, de nombreux Autochtones vivent dans des conditions dignes du tiers monde, on abuse de leurs terres et le racisme et la violence policière sont bien vivants.

    La classe dirigeante attise les pires préjugés pour se maintenir. Elle dresse les travailleurs les uns contre les autres pour diviser et détourner l’attention des masses. La violence contre les femmes est en hausse. Les personnes LGBTQ sont la cible de politiciens sans scrupules. Les politiciens bourgeois de toutes allégeances accusent les immigrants d’être responsables des échecs de leur système.

    Le PCR combattra l’oppression avec la férocité de pitbulls. Nous prenons toujours le parti des opprimés. La lutte contre toutes les formes d’oppression est indispensable à la lutte contre le capitalisme. Pour renverser le capitalisme, la classe ouvrière a besoin d’une unité maximale. Cette unité ne peut être forgée que par une lutte déterminée contre les préjugés lorsqu’ils relèvent leur tête hideuse. En retour, renverser le capitalisme nous donnera les moyens de nous attaquer à la racine de toute oppression : la société de classes.

    C’est là ce qui distingue le PCR des libéraux et des réformistes. Tandis que l’aile conservatrice de la classe dirigeante entretient les pires préjugés, les libéraux et les réformistes s’appuient sur les « politiques identitaires » – qui ne sont que l’envers de la même médaille. Ils se concentrent sur des mesures qui ne changent rien, comme les déclarations de reconnaissance du territoire autochtone, les mesures symboliques et demander aux gens de « prendre acte de leur privilège » (« check your privilege »). Ils prétendent à tort que certaines couches de la classe ouvrière bénéficient de l’oppression des autres – ce qui est le revers du mensonge des conservateurs selon lequel les travailleurs opprimés volent les emplois des autres travailleurs. Cette idée dangereuse scie les jambes du mouvement contre l’oppression en divisant les travailleurs.

    Seule la classe dirigeante profite de l’oppression. Chaque travailleur a intérêt à lutter contre toute forme d’oppression. Une attaque contre un est une attaque contre tous.

    Contre le marais réactionnaire des politiques identitaires, le PCR lutte pour l’unité de classe. À travers les grèves et les manifestations de masse, la classe ouvrière apprend : c’est par cette lutte commune contre les capitalistes que les travailleurs forgent des liens d’unité et de solidarité, et non par des changements de langage ou des petits quotas.

    L’oppression des Québécois a été centrale au développement du capitalisme canadien. Les divisions entre travailleurs québécois et canadiens ont eu un effet corrosif sur la lutte des classes. Le PCR vise à supprimer le fossé créé et unir les travailleurs au-delà des divisions nationales et linguistiques. 

    Afin d’y arriver, le PCR défend une authentique approche léniniste. Nous défendons le droit du Québec à l’autodétermination. Au Canada anglais, nos camarades concentrent leurs attaques sur l’État fédéral et la bourgeoisie canadienne. Au Québec, nous luttons d’abord et avant tout contre la classe dirigeante québécoise, y compris les nationalistes. C’est seulement ainsi que nous pouvons unir les travailleurs québécois et anglo-canadiens dans une lutte pour renverser l’État et le système capitaliste. Nous luttons pour une union socialiste volontaire des peuples, ce qui est la seule façon d’obtenir une authentique autodétermination.

    Dans toutes les luttes, nous adoptons une approche révolutionnaire, une approche de classe permettant de surmonter toutes les divisions au sein de la classe ouvrière. C’est la seule façon de véritablement libérer les Québécois, les peuples autochtones et les travailleurs de toutes les origines.

    Le communisme est de retour

    Pendant une longue période, le communisme était en marge de la société. Ce n’est plus le cas. Les années où l’on pouvait s’attendre à une bonne vie de paix et de stabilité avec un niveau de vie de « classe moyenne » n’ont été qu’une parenthèse dans l’histoire, et cette vie était en réalité inaccessible pour la majorité. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est la nouvelle normalité pour le capitalisme : l’horreur sans fin.

    Notre époque ressemble davantage aux années 1920 et 1930 qu’à n’importe quelle décennie ultérieure. C’était l’apogée du mouvement communiste – l’époque de la révolution russe et de la création de l’Internationale communiste, une époque où le communisme était une force de masse, où la révolution ébranlait le monde.

    C’est de luttes révolutionnaires comme celles-ci que provient la théorie marxiste – qui en retour éclaire l’action des communistes. Le marxisme est la mémoire de ces luttes titanesques. C’est l’essence distillée du summum de la pensée humaine, qui s’est maintenue malgré le mépris de la société bourgeoise à son endroit.

    Le communisme n’est pas un dogme. Il ne s’agit pas d’une série de formulations théoriques compliquées contenues dans des ouvrages anciens. Le communisme est une véritable aspiration instinctive de la classe ouvrière opprimée lorsqu’elle passe à l’action. C’est ce qui fait du communisme une force vitale jusqu’à aujourd’hui.

    Notre Internationale a défendu les idées du marxisme pendant la période la plus difficile tandis que les autres capitulaient. Aujourd’hui, les paroles du Manifeste du Parti communiste sont plus que jamais d’actualité. Il est temps pour les communistes d’entrer sur la scène en tant que force reconnue. Notre parti fusionnera les idées du marxisme avec l’humeur révolutionnaire qui émerge dans la société. 

    À l’assaut du ciel

    L’histoire du capitalisme est l’histoire de la révolte de la classe ouvrière contre une exploitation intolérable. Le patron ne peut cracher au visage d’un travailleur que pendant un certain temps. Tôt ou tard, les travailleurs finissent toujours par se battre.

    Au cours des cent dernières années, il ne s’est pas passé une année sans qu’il y ait des soulèvements quelque part dans le monde. À travers la lutte, les travailleurs apprennent bien des choses. Ils apprennent qu’une infime minorité d’hommes en cravate grossièrement riches décide de tout. Ils finissent par comprendre que le seul moyen de s’en sortir est de renverser ces sangsues. Lorsqu’ils n’en peuvent plus, un processus révolutionnaire s’enclenche. C’est exactement ce à quoi nous assistons aujourd’hui.

    Lors de la révolution espagnole de 1936, les travailleurs ont organisé une armée révolutionnaire pour lutter contre les fascistes de Franco. Les travailleurs se sont battus avec la plus grande énergie. Ils se sont emparés d’armes partout où c’était possible : au domicile des fascistes, dans les magasins de sport et même dans les casernes de l’armée. Cinq mille mineurs armés de dynamite ont marché sur les fascistes de Madrid. L’héroïsme des travailleurs espagnols aurait suffi à faire dix révolutions victorieuses, comme le disait Trotsky. Mais les travailleurs espagnols ont été vaincus.

    De telles situations se sont produites des centaines de fois. Les travailleurs se révoltent, mais sont vaincus. Pourquoi? Parce qu’en se soulevant, les travailleurs se heurtent à un mur : leurs leaders. Tout mouvement révolutionnaire finit par être confronté à la question du pouvoir. Mais si les dirigeants des organisations de travailleurs ne sont pas prêts à prendre le pouvoir, le mouvement est voué à la défaite.

    Telle est la contradiction fondamentale aujourd’hui. Dans les profondeurs de la classe ouvrière, une humeur révolutionnaire est en train d’émerger. Mais les organisations des travailleurs sont dirigées par des personnes qui pensent que seuls les capitalistes ont le droit de gouverner.

    C’est ce qui distingue le PCR de tous les autres partis, groupes et tendances de la société. Nous sommes les seuls qui croient vraiment que les travailleurs peuvent renverser les parasites, briser leur État et diriger la société eux-mêmes. Nous sommes les seuls à nous organiser sérieusement et systématiquement pour atteindre cet objectif. Nous visons à diriger la classe ouvrière dans cette lutte pour faire des travailleurs les véritables maîtres de la société. Nous ne serons pas satisfaits tant et aussi longtemps que le pouvoir n’aura pas été arraché aux capitalistes et que toute exploitation n’aura pas été irrémédiablement anéantie.

    Pour reprendre les termes de Marx, nous allons monter « à l’assaut du ciel ».

    Deuxième partie – Qu’est-ce que le Parti communiste révolutionnaire?

    Le PCR ne part pas de zéro. Nous nous appuyons sur la longue tradition des marxistes révolutionnaires qui remonte au Manifeste du Parti communiste. Nous sommes membres de l’Internationale communiste révolutionnaire, avec des camarades présents dans des dizaines de pays qui font exactement la même chose que nous – construire des partis communistes révolutionnaires.

    Qu’est-ce qu’un communiste?

    Le communisme ne vient pas des livres – le communisme vient du cœur. Un communiste n’est pas quelqu’un qui a lu les œuvres complètes de Marx et d’Engels : un communiste est un combattant. Dégoûté par l’injustice, un communiste consacre sa vie à y mettre fin.

    Comment? Par la seule voie possible : renverser l’État capitaliste et le système sanglant qu’il défend. Sachant que le seul moyen d’y parvenir est de donner aux travailleurs le parti qu’ils méritent, un communiste travaille sans relâche pour organiser la mer de communistes dispersés, convaincre plus de travailleurs de la nécessité du communisme, et les rassembler dans une armée révolutionnaire.

    Cet océan de communistes ne cesse de croître; ces gens cherchent leur parti. Des milliers de personnes consacreraient leur vie entière à la lutte s’il existait un parti digne de leurs ambitions. C’est pourquoi nous fondons le PCR, la bannière autour de laquelle tous les communistes se rassembleront pour la bataille.

    Un communiste est quelqu’un qui utilise toutes les occasions pour s’exprimer et diffuser les idées communistes : dans le métro, à l’arrêt de bus, au coin de la rue, dans les quartiers, dans les salles de classe, auprès de nos collègues de travail, dans nos réunions syndicales, en organisant des rassemblements publics, bref, par tous les moyens à notre disposition.

    Un membre du PCR aspire à devenir le communiste de son lieu de travail, de son école ou de son quartier, et à construire une cellule de communistes autour de lui. Toute méthode permettant de connecter avec la colère latente dans la société et de la diriger vers nos idées communistes doit être exploitée.

    Rien n’arrêtera les communistes. La société capitaliste fait croire qu’il est « bizarre » de sortir du lot et de dénoncer le système. Des milliers de communistes non organisés rejettent cette idée. Nous allons crier sur tous les toits que le PCR est leur parti et qu’il est prêt à se battre.

    Nous deviendrons le parti de tous ceux qui brûlent de rage face à l’injustice, de tous ceux qui – consciemment ou inconsciemment – ​​recherchent le communisme. Nous alimenterons la flamme de la haine de classe et en ferons un énorme brasier. Nous canaliserons cette puissance dans une lutte infatigable.

    Dans cette quête, nous nous tenons sur les épaules des géants qui ont mené la révolution russe : les bolcheviks. En octobre 1917, sous leur direction, les travailleurs ont pris le pouvoir et ont ébranlé le monde.

    Nous voulons jouer le même rôle aujourd’hui. Les bolcheviks sont parvenus à la victoire en construisant à l’avance un parti trempé dans la lutte. C’était un parti différent de tous les autres. Trotsky le résume ainsi :

    « Un parti réformiste estime pratiquement inébranlables les bases du régime qu’il se dispose à réformer. Par-là, inévitablement, il se subordonne aux idées et à la morale de la classe dirigeante. S’étant élevée sur l’échine du prolétariat, la social-démocratie est devenue seulement un parti bourgeois de deuxième qualité. Le bolchevisme a créé le type du véritable révolutionnaire qui, à des buts historiques incompatibles avec la société contemporaine, subordonne les conditions de son existence individuelle, ses idées et jugements moraux. […] Ainsi, par sélection et éducation, dans une lutte continuelle, le Parti bolchevik créa son milieu non seulement politique mais aussi moral, indépendant de l’opinion publique bourgeoise et irréductiblement opposé à celle-ci. C’est seulement cela qui permit aux bolcheviks de surmonter les hésitations dans leurs propres rangs et de manifester la détermination courageuse sans laquelle la victoire d’octobre eût été impossible. »

    Nous devons être tout aussi résolus aujourd’hui.

    Le PCR : un outil pour tous les communistes

    Les partis politiques bourgeois sont des nids pourris de corruption, de cynisme et d’électoralisme. Les politiciens sont élus uniquement pour trahir leurs promesses comme si de rien n’était. Le PCR est un parti entièrement différent. Nous ne sommes pas des parlementaires; nous sommes des agents de la révolution prolétarienne. Le PCR n’entrerait au parlement que pour le dénoncer de l’intérieur.

    Dans les partis dits de gauche, la bureaucratie du parti contrôle tout; les membres ont un rôle passif, mobilisés seulement une fois aux quatre ans pour les élections. Pas nous. Notre parti appartient à chaque combattant communiste. Être membre du PCR, c’est s’approprier le parti et l’utiliser comme une arme pour changer le monde. Nos membres sont actifs jour après jour, s’efforçant de faire avancer notre cause.

    Le PCR est un parti qui recrute des communistes et les met en action. Chaque camarade doit être un recruteur. Si chaque membre du PCR recrute personnellement une personne tous les quelques mois, nous connaîtrons une croissance exponentielle. Cela ne peut se produire que si chaque camarade se donne pour mission de trouver, recruter et armer idéologiquement les communistes.

    Chaque membre joue un rôle dans le recrutement de nouveaux membres et la conquête de nouveaux territoires pour le parti. Tout le monde possède des compétences et des talents qu’il faut utiliser. Notre parti doit être une machine bien huilée. Chaque camarade a un rôle à jouer, et nous mettons tous nos efforts en commun comme dans un orchestre. Chaque membre du parti doit réfléchir sérieusement à son rôle dans cette grande entreprise collective.

    Tout cela provient de la longue tradition communiste. Le Troisième congrès de l’Internationale communiste l’expliquait en 1921 : 

    « L’art de l’organisation communiste consiste à utiliser tout et tous pour la lutte prolétarienne des classes, à répartir rationnellement parmi tous les membres du parti le travail politique et à entraîner par leur intermédiaire de plus grandes masses du prolétariat dans le mouvement révolutionnaire, à maintenir fermement dans ses mains la direction de l’ensemble du mouvement, non pas par la force du pouvoir, mais par la force de l’autorité, de l’énergie, de l’expérience, de la diversité et de la compétence.

    Tout parti communiste doit donc, dans ses efforts pour n’avoir que des membres véritablement actifs, exiger de chacun de ceux qui figurent dans ses rangs qu’il mette à la disposition de son parti sa force et son temps dans la mesure où il peut en disposer dans les circonstances données et de consacrer toujours au parti le meilleur de soi.

    Pour être membre du parti communiste, il faut d’une façon générale, avec la conviction communiste, cela va sans dire, accomplir aussi les formalités de l’inscription tout d’abord éventuellement comme candidat, ensuite comme membre. Il faut payer régulièrement les cotisations établies, l’abonnement au journal du parti, etc. Mais le plus important, c’est la participation de chaque membre au travail politique quotidien. » [Les italiques sont de nous]

    Voilà ce qu’est le PCR.

    L’héritage du marxisme

    Le PCR s’appuie sur une riche tradition. Nos racines remontent au fil ininterrompu du marxisme débutant avec Marx et Engels. Nous ne sommes que les derniers d’une longue lignée de combattants des opprimés qui remonte à des dizaines de milliers d’années, depuis la naissance de la société de classes.

    Nous revendiquons l’héritage du Parti bolchevik de Lénine et l’héritage des quatre premiers congrès de l’Internationale communiste. Cet héritage a été préservé par Léon Trotsky, qui a tenu le flambeau face au bourreau du parti de Lénine, Staline.

    Tout jeune communiste qui rejoint l’un des vieux partis « communistes » staliniens sera déçu. En raison de leur trahison de tous les principes du léninisme, ils ont dégénéré dans le réformisme et le nationalisme. Ces carcasses des grands partis communistes d’antan n’ont pas le droit de se donner l’étiquette de communistes.

    Le véritable héritage du marxisme, du communisme, appartient à notre Internationale communiste révolutionnaire. Les idées du marxisme ont résisté à l’épreuve du temps. Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée sous les contradictions du régime stalinien, les parasites capitalistes se sont réjouis. Ils ont porté un toast à la « fin de l’histoire », à la victoire finale du capitalisme. Rira bien qui rira le dernier. L’heure du véritable communisme est arrivée. Près de 180 ans plus tard, aucun document n’est plus pertinent que le Manifeste du Parti communiste.

    « Une école du marxisme révolutionnaire »

    Le chemin de l’histoire est jonché de groupes socialistes et communistes qui ont chuté presque aussi vite qu’ils avaient monté. Dans chaque cas, des perspectives politiques erronées ou une éducation théorique insuffisante expliquent leur échec. Les groupes socialistes et de gauche qui sont indifférents ou qui méprisent la lutte théorique aujourd’hui sont condamnés au même sort. 

    Comme l’expliquait Lénine, un parti révolutionnaire ne peut être victorieux que s’il est guidé par la théorie la plus avancée. C’est pourquoi le PCR se base sur la théorie la plus avancée connue à ce jour, le marxisme.

    Et les parasites bourgeois sont d’accord : ils savent que ce sont des idées dangereuses, des idées qui peuvent changer le monde. Il n’y a qu’à regarder leur réaction au marxisme. Ils le reçoivent « par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies », pour reprendre les mots de Lénine.

    Chaque camarade doit tirer une fierté d’apprendre ces idées. Le PCR cultive une atmosphère d’éducation politique et de discussion. Mais nous ne sommes pas un club de lecture. Et comme le disait Lénine, « une époque révolutionnaire est pour [les communistes] ce que le temps de guerre est pour une armée ». Cela signifie recevoir une formation marxiste dans le feu de la guerre des classes.

    Il est impossible d’apprendre pleinement si nous ne relions pas l’étude à la pratique révolutionnaire. Que nous prononcions un discours dans une station de métro, rédigions des tracts d’agitation ou discutions avec des collègues, nous devons avoir les idées claires. Nous devons perfectionner notre capacité non seulement à dénoncer l’oppression, mais aussi à proposer une solution communiste. Cela nécessite une étude minutieuse de la théorie marxiste et de l’histoire de la lutte des classes. Lorsque nous étudions les idées marxistes, notre étude doit être éclairée par notre activité et utilisée pour préparer nos actions futures.

    Ainsi, le PCR sera, pour reprendre les mots de l’Internationale communiste, une « école de marxisme révolutionnaire ».

    L’argent : le nerf de la guerre

    Nous avons une grande conviction, mais nous sommes confrontés à une classe dirigeante dotée d’une richesse inimaginable. Notre conviction doit être soutenue par la force matérielle; en d’autres mots, par de l’argent.

    Le sacrifice financier a toujours fait partie de la lutte. Les combattants de classe sacrifient énormément pour une grande cause. Les premiers syndicats n’auraient jamais existé sans que les travailleurs ne versent une partie de leurs maigres salaires au nom d’une cause collective.

    Lors de la guerre d’indépendance algérienne, les familles algériennes pauvres en France envoyaient la majeure partie de leur salaire à leurs camarades luttant pour la libération. Nous suivons les traces de cette fière tradition. Notre parti sera financé exclusivement par ses membres et par la classe ouvrière plus large. Comme le disait Lénine, les bolcheviks étaient financés par « les kopeks des ouvriers ».

    Les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres moyens. Les capitalistes ne financent jamais quoi que ce soit, sauf pour le corrompre ou l’utiliser à leurs propres fins. De nombreuses organisations réformistes et groupes amateurs petits-bourgeois de gauche dépendent du financement de l’État ou des syndicats – mais tout argent vient avec des conditions. Être financièrement dépendant, c’est être politiquement dépendant.

    Pour la bourgeoisie, rien n’est plus étrange que de consacrer du temps et de l’argent à une cause sans rien attendre en retour. Mais la morale communiste est tout autre. Aucune récompense personnelle n’attend le communiste qui fait un don au parti ou qui amasse des fonds auprès de ses amis, de collègues et de supporters du parti – il s’agit plutôt de faire avancer la cause de l’émancipation de la classe ouvrière.

    Tout ce que nous faisons est soutenu par une armée de bénévoles dévoués. Mais notre travail ne peut pas se faire uniquement avec des bénévoles. Nous avons besoin d’un appareil de révolutionnaires professionnels pour nous aider à mener à bien ce travail. C’est pourquoi, tout comme le Parti bolchevik de Lénine, nous avons des camarades qui travaillent à plein temps pour le parti.

    Tout travailleur sait qu’il faut l’outil approprié pour accomplir toute tâche sérieuse. Notre outil le plus important est notre journal ouvrier indépendant.

    La bourgeoisie domine idéologiquement la classe ouvrière, principalement à travers les médias. Sa défense hypocrite des banques, des patrons et du statu quo ne peut être systématiquement défiée que par un journal qui prend sans vergogne le parti de la classe ouvrière. Notre journal ne pliera jamais, même sous les attaques les plus vicieuses.

    Le journal du PCR, Révolution communiste/Communist Revolution, est le parti dans votre sac à dos. Le journal contient tout ce qu’il faut pour construire le parti. Il est la voix de chaque communiste : il appartient à chacun de ses lecteurs – chaque lecteur devrait y contribuer. Le journal dirige également notre lutte, en donnant l’analyse marxiste la plus pointue de la lutte des classes au Canada et à l’échelle internationale.

    Tous ces besoins et tâches politiques nécessitent des sources de financement importantes et durables. Nous serons inflexibles dans la recherche de ces fonds. Comme Trotsky l’a dit autrefois : « Si vous voulez vraiment réussir ce que vous avez clairement compris, alors vous serez aussi capable d’en trouver les moyens. »

    Nous vaincrons

    Le capitalisme a créé un monde où la richesse obscène côtoie la pauvreté la plus profonde. Un monde où le potentiel de satisfaction des besoins humains n’a jamais été aussi grand. Nous sommes la génération la plus instruite de l’histoire de l’humanité; mais le système gaspille notre potentiel. Comme le disait Trotsky : « À de rares exceptions près, les étincelles du génie sont étouffées, dans les profondeurs opprimées du peuple, avant même qu’elles puissent jaillir. »

    Mais le capitalisme crée les gens qui renverseront ce système. Elle crée les ouvriers qui creuseront sa tombe. Les masses apprennent par l’expérience. Cela prépare une éruption révolutionnaire vue jusqu’à présent uniquement dans les cauchemars des capitalistes. Sous les coups de massue de la crise, tôt ou tard, des dizaines de millions de personnes se soulèveront.

    C’est le moment pour lequel nous nous préparons; les communistes doivent être prêts. Un parti communiste ne peut devenir une force de masse que dans le creuset de grands événements comme ceux-ci. Lorsque ces événements se produiront, nous devrons disposer d’un parti fort, composé de milliers de marxistes aguerris. Un parti avec des cellules dans chaque quartier, sur chaque lieu de travail, sur chaque campus, prêt à les rencontrer et à leur donner les idées communistes dont ils ont besoin pour gagner.

    Le rôle des marxistes aujourd’hui n’est pas de rester les bras croisés en lisant des livres et en discutant des possibilités théoriques de manière abstraite. Notre rôle est de fusionner avec ce mouvement et de le rendre conscient, en fusionnant l’aspiration instinctive à un monde nouveau avec la compréhension théorique du passé.

    Nous nous trouvons dans la situation la plus favorable pour la construction d’un parti communiste de mémoire récente. Il faut saisir cette occasion à deux mains.

    Chaque membre du PCR doit se considérer comme un pionnier communiste, prêt à conquérir de nouveaux territoires pour le communisme dans tout le pays. Les possibilités sont immenses. Il n’y a pas de limite à part nous-mêmes.

    Nous nous engageons à organiser les dizaines de milliers de communistes au Québec et au Canada en un mastodonte révolutionnaire – il n’y a jamais eu de plus grande cause.

    Pendant des milliers d’années, des gens se sont battus et sont morts dans la lutte contre l’oppression. De John Brown à Louis Riel, en passant par le soulèvement des esclaves menés Spartacus dans la Rome antique, et surtout des millions de héros inconnus, les hommes et femmes luttent contre l’oppression depuis des milliers d’années. D’innombrables personnes en ont payé le prix ultime. Nous sommes fiers de reprendre leur flambeau.

    Mais pendant des millénaires, chaque révolution n’a fait qu’installer une nouvelle forme d’oppression de classe, une nouvelle classe dirigeante. Ce n’est que depuis le siècle dernier, avec le développement massif apporté par le capitalisme, que les forces productives permettant de satisfaire tous les besoins humains et de mettre fin à toute exploitation existent.

    Nous avons aujourd’hui une occasion que des millénaires de combattants de classe n’ont jamais eue, celle de mettre fin à la société de classe et de fracasser toute oppression. Le communisme sera une société véritablement libre. Une société où les gens pourront vivre dignement. Une société où les êtres humains atteindront enfin leur véritable potentiel.

    Rosa Luxembourg a écrit un jour à propos de la Révolution russe : « Lénine, Trotsky et leurs amis ont été les premiers qui aient montré l’exemple au prolétariat mondial ; ils sont jusqu’ici encore les seuls qui puissent s’écrier avec Hutten : “J’ai osé!” » Face à la moralité hypocrite des propriétaires d’esclaves d’aujourd’hui, nous devons nous aussi oser.

    « Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace! » –Georges Danton, 1793