La sixième édition de l’École marxiste d’hiver de Montréal tenue les 13-14 février dernier fut, encore une fois, un franc succès! En effet, les 110 participant-es ont formé la plus imposante assistance depuis la première édition de l’École. Des camarades de Suisse, des États-Unis, de France et d’Italie se sont joints aux camarades canadiens pour une fin de semaine de discussions politiques. Également, de nombreux sympathisant-es de La Riposte/Fightback ont assisté aux présentations. Cette participation historique montre que les idées marxistes sont plus pertinentes que jamais et que les gens sont à la recherche d’une solution à la crise sans fin du capitalisme.

D’abord, Joel Bergman du comité éditorial de La Riposte a souhaité la bienvenue à tous et toutes et a salué l’assistance de la part de la Fédération étudiante marxiste britannique (Marxist Student Federation), qui tenait sa conférence annuelle au même moment. Cela montre l’internationalisation de notre lutte et la pertinence des idées marxistes à travers le monde entier.

Par la suite, Jérôme Metellus, marxiste parisien et éditeur du journal Révolution, a lancé la fin de semaine par un exposé sur l’impérialisme, le terrorisme et la crise des réfugiés. Il a expliqué comment le gouvernement français s’est servi des attentats de Paris pour détourner l’attention des travailleur-euses des problèmes créés par les banquiers et les patrons et leurs laquais à la tête du gouvernement. Il a critiqué l’appel à l’unité nationale, qui n’est en fait qu’une politique de collaboration de classe et qui a dupé tous les dirigeants politiques de la gauche française. Le nouveau projet de loi sur la déchéance de la nationalité pour ceux qui ont une double nationalité est un exemple de la propagande nationaliste du gouvernement. De considérer les citoyen-es binationaux comme des citoyen-es de seconde zone représente ni plus ni moins que du racisme, une tactique de la classe dirigeante pour diviser la classe ouvrière. Cela permet de créer de nouvelles conditions pour attaquer celle-ci. Également, ce sont avant tout les politiques impérialistes qui sont responsables de la déstabilisation du Moyen-Orient et qui crééent les conditions favorables au développement du fondamentalisme. À ces tentatives de division sur des lignes nationales, ethniques et religieuses, les intervenant-es ont souligné l’importance d’opposer l’internationalisme et l’unité de classe.

La journée a continué avec une présentation de Tom Trottier de la Worker’s International League des États-Unis sur les phénomènes Trump et Sanders, et la polarisation aux ÉU. Après avoir fait une courte biographie des candidats, il a analysé la situation politique actuelle et expliqué que le phénomène de polarisation à l’oeuvre est dû à la crise du capitalisme qui se personnifie dans la dichotomie Trump-Sanders. Également, il a apporté une analyse marxiste des actions de Bernie Sanders. D’abord, les impacts positifs de la campagne de Sanders ne peuvent être ignorés : l’utilisation du terme « classe ouvrière », la remise sur la carte du mot « socialisme », et l’appel à une « révolution politique contre la classe milliardaire ». Toutefois, sa décision de faire campagne avec le Parti démocrate et sa volonté de supporter Hillary Clinton si elle l’emporte sont à critiquer. En effet, dans une perspective marxiste, un parti ouvrier de masse manque cruellement aux États-Unis et le momentum acquis par Sanders et le support qu’il reçoit de la part de travailleur-euses et de syndicats pourrait jeter les bases d’un tel parti. La discussion ayant suivi la présentation a tourné autour de l’impact de la crise économique sur la crise politique et sur le caractère désespéré des tentatives de la classe dirigeante de présenter Clinton comme une candidate progressive.

La deuxième journée a commencé en force avec une présentation de Julien Arseneau du Comité éditorial de La Riposte sur les Rébellions de 1837-38 au Haut et au Bas-Canada (mieux connue ici sous le nom de Rébellion des Patriotes). Le Canada est aussi un lieu de lutte de classes, et pas seulement de luttes nationales. En effet, contrairement à ce qui est véhiculé habituellement, les Rébellions de 1837-1838 sont l’expression de la lutte des classes et non d’une simple lutte nationale canadienne-française. Les Patriotes du Bas-Canada se sont distancé des revendications simplement nationalistes, et la solidarité entre les mouvements au Haut et au Bas-Canada était évidente. Dans les deux cas, les révolutions ont été échouées à cause des mauvaises décisions du leadership, mais, essentiellement, ce fut une révolution retardataire, l’écho affaibli de la révolution américaine. La discussion a porté sur la nécessité d’étudier attentivement l’histoire du Canada, une histoire riche en luttes de classes. La question nationale fut aussi abordée, une intervention montrant que les luttes des années 1960-70 au Québec contre la bourgeoisie anglophone furent détournées par le Parti québécois dès le milieu des années 1970. Cette politique d’unité nationale a finalement abouti à sa conclusion logique avec l’arrivée à la tête du PQ de PKP, un riche oligarque briseur de grève.

Enfin, John Peterson, éditeur du journal marxiste américain Socialist Appeal, a clôturé l’École avec une exposé sur les différentes formes d’oppression et la lutte marxiste contre elles. La présentation était très claire pour un sujet aussi vaste. John a expliqué que le capitalisme se sert de toutes les formes d’oppression afin de diviser la classe ouvrière. Il a également fait une critique de l’intersectionnalité qui réduit les expériences d’oppression à l’expérience subjective de l’individu et nie la possibilité de comprendre collectivement les oppressions. John a également souligné la nécessité d’une approche amicale auprès de ceux qui s’ouvrent à la politique à travers des mouvements comme le féminisme ou le nationalisme. La discussion a attiré un grand nombre de personnes à intervenir et cela nous a poussé à prolonger la discussion de 30 minutes.

La fin de semaine s’est conclue avec un bref discours d’Alex Grant, éditeur de Fightback. Celui-ci a remercié les participant-es, soulignant que l’École était le fruit d’un dur travail de plusieurs années. Il a terminé en lisant un émouvant message envoyé par le père de notre défunt camarade Camilo Cahis, où il affirmait être heureux de savoir qu’une centaine de militant-es continuaient le travail de son fils.

Tout compte fait, ce fut une fin de semaine enrichissante pour toutes les personnes présentes. L’enthousiasme pour les idées marxistes et pour la construction d’une organisation révolutionnaire était contagieux. Les présentations ont permis d’armer l’audience sur des questions historiques et actuelles variées. Également, le nombre record de participant-es à cette école marque un énorme pas en avant pour les forces du marxisme en Amérique du Nord. Il est à conclure qu’en cette période de crise profonde du capitalisme, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour être marxiste. Joignez-vous à la Tendance marxiste internationale pour construire les forces aptes à renverser le capitalisme!