Pourquoi les communistes s’opposent à l’OTAN

L’existence de blocs militaires impérialistes comme l’OTAN est une preuve supplémentaire que le système capitaliste est incapable de faire progresser harmonieusement nos conditions d’existence.

  • Benoît Tanguay et Mitchell Thompson
  • mer. 6 nov. 2024
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Image : Révolution communiste

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, les politiciens en Occident ont resserré les rangs autour de l’OTAN et se sont lancés dans une course aux armements. L’alliance militaire a redoublé d’efforts pour encourager chacun de ses membres à atteindre une cible en dépenses militaires équivalentes à 2% du PIB – une cible que Justin Trudeau a promis d’atteindre d’ici 2032. Pour justifier ce pied de guerre, ils se sont lancés dans une opération de relations publiques pour embellir la réputation et l’histoire de l’OTAN.

Le ministère de la Défense nous jure que l’OTAN est une « alliance défensive qui ne cherche pas la confrontation ». On nous dit que l’OTAN n’a jamais provoqué de conflit et qu’elle ne représente de menace pour aucun pays. Le premier ministre Trudeau affirme que l’OTAN existe simplement pour protéger la « démocratie », la « souveraineté », la « paix » et la « liberté ».

Mais une étude de la vraie histoire de l’OTAN nous révèle ce dont il s’agit réellement : d’un bloc militaire impérialiste qui vise à défendre la « liberté » de notre classe dirigeante d’exploiter et de dominer le reste du monde, à l’aide de fusils, de tanks et de bombes. L’OTAN est l’ennemi de la classe ouvrière sur toute la planète et il faut s’en débarrasser.

La vraie origine de l’OTAN

La création de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, en 1949, survient à un point critique dans l’histoire. La victoire alliée pendant la Deuxième Guerre mondiale consacre la place des États-Unis comme première puissance mondiale. Avec des millions de soldats, sa marine massive et des bases militaires partout sur la planète, l’impérialisme américain saisit l’occasion d’affirmer plus agressivement ses intérêts.

Au tournant du 20e siècle, les pays capitalistes avancés d’Europe et d’Amérique du Nord, particulièrement la France et le Royaume-Uni, avaient colonisé la planète pour en conquérir les ressources naturelles, la main-d’œuvre, les marchés et les sphères d’influence. Le capitalisme avait atteint un stade que Lénine décrivait comme le « stade suprême du capitalisme » : le stade impérialiste. Le monde avait été divisé entre une poignée de riches pays exploiteurs et une majorité de pays pauvres qu’ils exploitaient sans merci, par la force militaire directe ou par des moyens plus subtils.

Mais les pays européens sortent ravagés de la Deuxième Guerre mondiale, et trouvent difficile de maintenir le contrôle sur leurs colonies. Ils se voient forcés de se regrouper sous l’égide de la nouvelle puissance dominante, les États-Unis. À travers le plan Marshall, ceux-ci aident à rebâtir l’Europe par des subventions et prêts massifs – qui devaient être dépensés sur des marchandises américaines. Pour se remettre sur pied, ils forgent aussi une alliance militaire avec l’impérialisme américain.

L’après-guerre donne donc naissance à un nouvel ordre impérialiste mondial dominé par les États-Unis. C’est cet ordre mondial, qu’ils appellent « l’ordre international basé sur des règles », dont nos politiciens pleurent aujourd’hui la disparition.

Parallèlement, l’autre vainqueur de la guerre est l’Union soviétique, la seule autre puissance qui peut plus ou moins rivaliser avec les États-Unis. L’URSS sort de la guerre avec un prestige énorme, ayant vaincu l’Allemagne nazie, et ayant avancé jusqu’au milieu de l’Europe. Cette situation rend les classes dirigeantes d’Occident extrêmement nerveuses.

Les Américains, d’un côté, sont contents de voir l’Europe perdre du terrain. Jusque-là, l’impérialisme américain s’était confiné à l’hémisphère ouest, et dominait l’Amérique latine (la fameuse « doctrine Monroe »). Ils peuvent maintenant s’avancer tout autour du globe, prenant la place des Européens, sous prétexte de soutenir « l’autodétermination » des peuples coloniaux – seulement dans la mesure où ceux-ci acceptent les règles du jeu capitaliste.

Mais en même temps, les Américains ne peuvent pas laisser l’Europe décliner trop, de peur qu’elle tombe sous la sphère d’influence soviétique. L’OTAN sert donc à stabiliser l’Europe et à la garder sous la surveillance des États-Unis.

L’histoire officielle présente la création de l’OTAN comme une façon d’« endiguer l’expansionnisme soviétique », comme on peut lire sur son site Web. L’article 5 du traité fondateur de l’OTAN, qui en est l’article principal, parle de « légitime défense collective ». Si une des parties est attaquée, le traité demande à chacune d’entre elles de prendre « telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée ».

Mais, comme l’admettra plus tard George Kennan, l’un des architectes de la politique « d’endiguement » de l’URSS, les fondateurs de l’OTAN savent que la bureaucratie stalinienne n’a « aucune intention » d’attaquer l’Occident.

Plutôt, le danger est politique. Il provient de l’exemple de l’économie planifiée et du risque que d’autres pays suivent cet exemple. La Deuxième Guerre mondiale a radicalisé les travailleurs et les pauvres dans un pays après l’autre, et ils se tournent de plus en plus vers les partis communistes et vers l’Union soviétique pour leur libération.

C’est le cas en Europe, mais aussi dans les colonies des puissances européennes déclinantes, à travers le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie. L’affaiblissement des impérialistes français et anglais en particulier donne lieu à des luttes révolutionnaires, qui culminent avec la vague de mouvements d’indépendance victorieux à travers les années 1950-1970.

Ainsi, l’OTAN est née d’une alliance des pays impérialistes occidentaux de second rang, se rangeant derrière la nouvelle puissance mondiale, les États-Unis. Son objectif n’était pas de se « défendre » contre une menace militaire soviétique, mais d’empêcher l’Europe de se tourner vers le « communisme » et de protéger les intérêts impérialistes de ses membres – en particulier d’empêcher les colonies et ex-colonies de se ranger du côté soviétique et de renverser le capitalisme.

La guerre froide

Ainsi, l’OTAN a été formée… pour tuer dans l’œuf le danger d’une révolution et d’un virage soviétique. Comme le premier secrétaire général de l’OTAN l’a dit, sa tâche immédiate était de rendre l’Europe de l’Ouest « plus solide, politiquement, dans son opposition aux percées communistes ».

La première chose à faire était de réarmer l’Europe et d’y placer des troupes. Les États-Unis et le Canada ont fourni des conseillers militaires et des milliards de dollars en « assistance militaire mutuelle ». En 1962, lors de la construction du mur de Berlin, les États-Unis avaient 400 000 soldats en Europe.

En tout, « l’assistance mutuelle » de l’OTAN avait accumulé en 1958 une force de 5 millions de soldats, 30 000 avions, 250 « bases stratégiques » et une flotte de navires de guerre. Rendu en 1970, le stock d’ogives nucléaires de l’OTAN s’élevait à 4000, comparativement aux 1800 de l’URSS. 

L’impérialisme canadien a participé activement au réarmement de l’Europe capitaliste. De 1949 à 1959, le Canada a fourni près de 500 millions de dollars en matériel et surplus militaires à l’OTAN dans le cadre de ses accords d’« assistance mutuelle ». Le Canada a aussi entraîné près de 5500 pilotes et navigateurs de 10 pays de l’OTAN, pour les aider à mener des opérations à l’étranger.

En 1952, le bloc s’est étendu bien au-delà de l’Atlantique Nord, jusqu’au Moyen-Orient, quand la Turquie est devenue membre. Sa base militaire d’Incirlik a rapidement été remplie de centaines d’ogives nucléaires sous le contrôle de l’OTAN, ainsi que de troupes. Cela faisait partie de la politique américaine « d’endiguement » par le biais d’un encerclement stratégique de l’URSS. Cette base a notamment servi à appuyer les Marines américains lorsqu’ils ont envahi le Liban en 1958 pour protéger le président pro-occidental Camille Chamoun, qui faisait face à un soulèvement populaire.

Ce fut l’un de plusieurs cas où l’OTAN a aidé l’un de ses membres à écraser un mouvement anticolonial pendant la guerre froide, souvent parce que ces mouvements étaient vus comme menés par des communistes.

Dans les premières années de l’OTAN, à travers le programme d’« assistance mutuelle », des munitions, des avions et d’autres formes d’équipement militaire ont été fournis à des armées des pays d’Europe de l’Ouest, qui s’en sont servi pour écraser des mouvements de rébellions dans leurs colonies au Vietnam, en Algérie, au Kenya, en Angola et au Mozambique.

L’OTAN a aussi cherché à étendre son pacte d’« autodéfense » afin de « protéger » les gouvernements clients de ses membres impérialistes dans le monde colonial. Elle a mis en place le « pacte de Bagdad » entre la Turquie, le Shah d’Iran, le roi d’Irak Fayçal II et le Pakistan. 

L’OTAN a également mis en place l’Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE) entre l’Australie, le roi de Thaïlande, les Philippines et d’autres gouvernements pro-occidentaux, selon les termes de The Atlantic, « en réponse aux victoires communistes en Indochine ».

Cela étant dit, l’OTAN a été relativement passive au cours de la guerre froide. Elle a stationné des troupes, a mis en place son « parapluie nucléaire » et a aidé les pays européens à rétablir leur puissance militaire. Mais ce n’est qu’après la chute de l’URSS que l’OTAN a joué un rôle plus actif.

L’OTAN après la guerre froide

Selon les défenseurs de l’OTAN, l’alliance militaire a été créée en 1949 dans le seul but de contrer l’Union soviétique. L’OTAN existe pourtant toujours, plus de 30 ans après la fin de l’URSS, et certainement avec un « mandat » plus large.

En fait, l’OTAN n’a commencé à mener des opérations militaires sous sa propre bannière qu’après la chute de l’URSS. L’alliance a substantiellement étendu son arsenal d’armes conventionnelles et d’« armes nucléaires tactiques ». Ses actions ont, pour le dire simplement, complètement démenti l’idée qu’il puisse s’agir d’une alliance purement « défensive ».

Bien sûr, cela s’explique par le fait que la chute de l’URSS a laissé le champ libre à l’impérialisme américain comme seule grande puissance mondiale. Celui-ci n’avait plus besoin de s’inquiéter du risque de pousser des pays dans les bras des staliniens s’il intervenait trop ouvertement. George H. W. Bush a annoncé le début d’un « nouvel ordre mondial ».

Ce « nouvel ordre mondial » a donné à l’impérialisme occidental les coudées franches pour accroître son exploitation des pays pauvres sous le couvert de la « mondialisation » et du « libre marché ». Une offensive économique contre les pays du Tiers-Monde les a forcés à baisser leurs barrières douanières pour les entreprises occidentales, à privatiser massivement les services publics, à appliquer l’austérité et à attaquer les droits des travailleurs afin de faciliter leur exploitation.

Le programme économique plus agressif de l’impérialisme occidental s’est aussi accompagné d’une démonstration beaucoup plus belliqueuse de force militaire.

Les années 1990 se sont ainsi ouvertes avec la guerre du Golfe, lors de laquelle les États-Unis sont intervenus massivement lorsque l’Irak a envahi le Koweït. Les impérialistes américains et du reste de l’Occident avaient gardé leurs yeux fermés sur Saddam Hussein tant qu’il exécutait des communistes en Irak et qu’il les aidait contre l’Iran. Cependant, lorsque le dictateur iraquien s’est mis à menacer les intérêts pétroliers occidentaux au Koweït, il a franchi une ligne rouge. Pour la première fois, l’OTAN participait directement dans une guerre, en apportant un soutien aux États-Unis dans le cadre de l’Opération Southern Guard.

L’OTAN s’est ensuite dirigée vers l’Est. Contre la volonté de leurs populations, les États staliniens d’Europe de l’Est ont abandonné l’économie planifiée. Par la privatisation de leurs économies et la vente à rabais d’entreprises publiques, les cliques de bureaucrates soviétiques se sont transformées en cliques de brigands capitalistes. Un effondrement économique catastrophique s’en est suivi, avec des attaques massives contre la classe ouvrière et ses conditions de vie.

Les impérialistes occidentaux salivaient en pensant aux juteux profits qu’ils pourraient tirer de cette situation. Dans les Balkans en particulier, cela a créé les conditions économiques pour des conflits interethniques.

D’abord, l’impérialisme occidental a soutenu l’ultra-nationaliste serbe Slobodan Milošević en raison de son programme de liquidation de l’économie nationalisée – « un homme avec lequel on peut faire affaire », disait l’ambassadeur américain Richard Holbrooke. Pendant ce temps, l’impérialisme allemand s’est également impliqué en appuyant les nationalistes de Croatie et de Slovénie – qui étaient les territoires les plus industrialisés de la Yougoslavie. L’Allemagne avait un intérêt marqué à stabiliser les pays de l’ex-Yougoslavie, considérant qu’elle était le principal partenaire commercial de la Yougoslavie.

Mais Milošević a finalement perdu les bonnes grâces de l’OTAN. Le secrétaire d’État adjoint des États-Unis, Strobe Talbott, déclara plus tard que cela avait peu à faire avec des préoccupations en matière de droits de la personne. Les États-Unis avaient plutôt un problème avec le fait que le nationaliste serbe faisait preuve de « résistance aux tendances générales en matière de réforme politique et économique ». Autrement dit, Milošević n’allait pas assez vite dans la privatisation de l’économie.

Sous le couvert de défendre les Albanais du Kosovo qui se faisaient massacrer par les nationalistes serbes, l’OTAN a donc bombardé la Serbie, pulvérisant sans distinction des cibles civiles et militaires. Le prétexte utilisé était particulièrement cynique considérant que c’était leur homme Milošević qui commettait cette boucherie.

L’offensive suivante de l’OTAN a eu lieu en 2001, lorsque les moudjahidines d’Afghanistan se sont retournés contre leurs anciens alliés impérialistes occidentaux. La guerre américaine en Afghanistan a été la première fois que l’OTAN a eu recours à son fameux « Article 5 ».

Auparavant, le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres puissances de l’OTAN avaient tous armé l’« opposition » islamiste afghane, qualifiée alors de « braves combattants moudjahidines » pour garder le pays en dehors de l’orbite de l’URSS. Après la chute du gouvernement de gauche et le départ des Soviétiques de l’Afghanistan en 1989, l’Occident a maintenu des relations amicales avec les talibans, pour consolider ses intérêts pétroliers et commerciaux, au début des années 1990. Mais lorsque les talibans ont coupé leurs liens avec les compagnies pétrolières américaines et ont nui aux efforts américains pour capturer des agents d’Al-Qaïda, ils sont devenus un régime « voyou ». Les attentats du 11 septembre 2001 ont donné aux États-Unis l’excuse qu’ils cherchaient pour se débarrasser des talibans.

Les puissances de l’OTAN ont envahi l’Afghanistan et l’ont occupé pendant presque 20 ans, causant une destruction et des souffrances indescriptibles – et n’ont finalement pas réussi à se débarrasser des talibans.

C’est tout à fait symbolique du rôle de l’OTAN que le premier et unique emploi de la clause de « défense collective » (article 5) de l’OTAN ne fut pas pour collectivement protéger un petit pays faible contre un dangereux envahisseur, mais en réaction à une bande de terroristes attaquant la première puissance mondiale.

L’OTAN aujourd’hui : déclin et crise

L’OTAN n’a fait que s’étendre après la chute de l’URSS, particulièrement vers l’Est. De 1949 à 1960, l’OTAN était une alliance de 12 membres. Aujourd’hui, cependant, le « parapluie nucléaire » de l’OTAN compte 32 membres, y compris la plupart de l’ancien bloc de l’Est.

Pendant les derniers jours de l’URSS, les États-Unis ont promis à Gorbatchev de ne pas déplacer l’OTAN « d’un pouce vers l’Est » ou d’« étendre le champ d’action [de l’OTAN] » de quelque manière que ce soit. C’était un mensonge.

L’Europe de l’Est a été pillée par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et le capitalisme américain. La clique de gangsters capitalistes qui a pris le contrôle de la Russie a assisté, impuissante, à la sortie des pays d’Europe de l’Est de leur sphère d’influence et à leur adhésion à l’OTAN, les uns après les autres.

Cela a commencé avec la Tchéquie, la Hongrie et la Pologne en 1999, suivies par la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie en 2004. Ces avancées ont porté de durs coups aux intérêts de la Russie. Un incident symbolisant l’humiliation de la Russie à cette époque a été la prise de l’aéroport de Pristina en 1999, lors duquel les forces russes ont tenté de créer une zone russe au Kosovo, mais ont dû faire marche arrière devant les troupes de l’OTAN.

Depuis la chute catastrophique des conditions de vie dans les années 1990 et cette humiliation sur la scène mondiale, la Russie s’est toutefois redressée. Elle est devenue une puissance impérialiste avec une portée non seulement en Europe de l’Est, mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient. Poutine souhaite tenir tête aux États-Unis. À cette fin, la Russie a bâti sa propre force militaire, qui est considérable. De plus, elle a forgé ses alliances économiques en tant que l’un des principaux exportateurs mondiaux de pétrole et de métaux.

Grâce à sa puissance nouvellement retrouvée, Moscou n’est plus disposée à tolérer la présence de forces militaires étrangères et hostiles le long de ses frontières. Cela explique pourquoi, quand l’OTAN a promis l’adhésion à la Géorgie en 2008, la Russie l’a envahie.

Cet événement fut la démonstration du changement dans le rapport de force entre la Russie et l’OTAN, cette dernière n’ayant rien pu faire pour empêcher l’invasion. Mais l’OTAN a continué son avancée vers l’Est, ajoutant la Croatie et l’Albanie, puis le Monténégro et la Macédoine comme membres.

Et puis, il y a bien sûr la question de l’Ukraine. L’OTAN a aussi promis l’adhésion à l’Ukraine en 2008. Mais l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est particulièrement intolérable pour la Russie : cela signifierait que des troupes hostiles de l’alliance militaire la plus puissante de la planète se trouveraient à sa porte. Pour la Russie, ce serait l’équivalent d’une situation où les États-Unis verraient le Mexique accepter des bases militaires russes. C’est inacceptable pour la classe dirigeante russe.

Quand l’Occident a mené un coup d’État contre le gouvernement ukrainien de Ianoukovytch en 2014, puis en 2022 a menacé d’aller de l’avant avec l’adhésion de l’Ukraine, Poutine l’a également envahie. Les Ukrainiens paient maintenant de leurs vies par centaines de milliers pour l’expansion agressive de l’OTAN. Et il est de plus en plus évident que l’Ukraine et l’OTAN ne peuvent pas gagner cette guerre.

La vérité est que l’OTAN en général, et l’impérialisme américain en particulier, est en crise. Après les longues et coûteuses guerres en Irak et en Afghanistan, leur capacité à intervenir sur la scène mondiale s’est clairement amoindrie. Le bombardement de la Libye par l’OTAN lui a explosé à la figure, ne faisant qu’accroître l’instabilité et le chaos. Et les Américains ont été humiliés de nouveau lors de leur guerre infructueuse pour déloger Bachar el-Assad de Syrie. La défaite à venir en Ukraine sera encore une autre humiliation pour l’Occident.

Entre-temps, la Chine est devenue une force redoutable, étendant son influence jusque dans l’arrière-cour traditionnelle des États-Unis.

Les puissances occidentales au sein de l’OTAN sont donc prêtes à aller toujours plus loin pour maintenir leur réseau d’alliances. Cela explique pourquoi l’OTAN dépense des millions de dollars en « aide létale » pour l’Ukraine afin de combattre la Russie et apporte une aide militaire et politique à Israël pendant qu’il met le Moyen-Orient à feu et à sang. Cela explique également pourquoi les dépenses militaires augmentent rapidement et pourquoi l’Occident et ses rivaux sont pris dans une course aux armements.

Derrière toute la propagande sur la défense de la « souveraineté » de l’Ukraine et le « droit d’Israël à se défendre » se tiennent les vrais besoins de l’impérialisme occidental : protéger sa position sur la scène mondiale pour continuer à exploiter et piller les pays plus pauvres et plus faibles.

Notre guerre est la guerre des classes

L’existence de blocs militaires impérialistes comme l’OTAN est une preuve supplémentaire que le système capitaliste est incapable de faire progresser harmonieusement nos conditions d’existence. Tous les gouvernements capitalistes sont contraints de renforcer leur armée, leur marine militaire, leur armée de l’air afin de défendre leur position sur l’échiquier impérialiste.

Pendant le boom de l’après-guerre, les États-Unis réussissaient à mener sans partage le monde capitaliste contre l’URSS. Mais ce boom est depuis longtemps passé. La crise du système a fragmenté les relations mondiales en blocs. Tous s’efforcent d’accroître leur part du butin de l’exploitation impérialiste. Alors que le capitalisme tombe toujours plus en déclin, ces blocs sont contraints de se battre avec d’autant plus d’acharnement pour maintenir leur position.

Il est impossible de prédire avec précision où et quand aura lieu la prochaine confrontation entre ces blocs. Mais nous savons qui en souffrira. Les bombes de l’OTAN détruisent les maisons de travailleurs, les écoles, les hôpitaux et les camps de réfugiés. En cette période de crise et de déclin, la facture pour ces bombes de l’OTAN est payée par les travailleurs, à travers des coupes dans les programmes sociaux et des attaques sur les conditions de travail.

Les travailleurs et les jeunes n’ont aucun intérêt à soutenir leurs exploiteurs et oppresseurs, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs.

Le mouvement ouvrier doit combattre l’impérialisme de l’OTAN. Il doit s’opposer à tout effort visant à augmenter les dépenses militaires canadiennes. Enfin, il doit se mobiliser pour balayer notre classe dirigeante impérialiste.

Ce n’est que dans un monde communiste, où la richesse de la société serait entre les mains de l’ensemble de la classe ouvrière, qu’il n’y aurait pas besoin d’« alliances militaires », de stocks d’armes ni de guerres. Nous utiliserions plutôt les richesses actuellement gaspillées en guerres et en tueries pour bâtir des écoles et des logements et pour fournir de l’éducation et des emplois à tout un chacun.