2 000 saumons

J’ai récemment rencontré l’oncle de ma copine, un biologiste qui travaille sur la côte ouest. Il conduit des recherches sur les effets des changements climatiques sur le saumon et tout son écosystème. Un jour d’automne, il parcourait la forêt sur les terres traditionnelles du peuple Heiltsuk, au nord de Vancouver. Avec des membres de la […]

  • Simon B., Montréal
  • jeu. 8 août 2024
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J’ai récemment rencontré l’oncle de ma copine, un biologiste qui travaille sur la côte ouest. Il conduit des recherches sur les effets des changements climatiques sur le saumon et tout son écosystème.

Un jour d’automne, il parcourait la forêt sur les terres traditionnelles du peuple Heiltsuk, au nord de Vancouver. Avec des membres de la communauté, ils sont arrivés à une petite rivière que les saumons remontent par milliers pour aller s’accoupler. Mais avec la température anormalement élevée, le niveau de l’eau avait énormément baissé. Un petit étang s’était formé, séparé de la rivière. Les saumons étaient devenus prisonniers. Au lieu d’un ruisseau regorgeant de vie, avec des poissons nageant férocement contre le courant, ils découvrirent une pataugeoire chaude, remplie de plus de 2000 saumons. Ils étaient tous morts.

J’ai eu la chair de poule en entendant cette histoire. J’imagine les centaines de poissons morts, l’odeur nauséabonde, le ruisseau transformé en charnier. Voilà de quoi est responsable notre classe capitaliste. Ces barbares criminels gaspillent et produisent sans aucun souci pour la nature, et laissent derrière eux une traînée de cadavres. C’est sans compter le dommage qu’ils causent à ceux qui habitent le territoire, puisque le saumon est le pilier de l’alimentation des Heiltsuk et de plusieurs autres peuples de la côte ouest. Un jour, nous exproprierons ces marchands de mort et nous débarrasserons d’eux une bonne fois pour toute.

En attendant, je me suis amusé à rêvasser. Comment se venger d’eux? Imaginons la scène : un riche baron du pétrole, ou peut-être notre premier ministre, sort de sa maison de vacances. Il fait chaud, il porte un maillot de bain. Mais, comme par magie, la scène s’est transportée dans sa cour arrière : 2 000 saumons morts dans sa piscine.