Aaron Bushnell : un acte qui exprime la rage et la frustration de millions de personnes

Le 25 février, Aaron Bushnell, un soldat en service de l’Armée de l’air américaine, s’est immolé par le feu devant l’ambassade d’Israël à Washington, pour protester contre la complicité de l’impérialisme américain dans la guerre contre Gaza. La nouvelle de cet acte courageux de sacrifice de la part d’un seul homme a trouvé un écho puissant dans le cœur de centaines de millions d’hommes et de femmes.

  • Oliver Brotherton
  • ven. 1 mars 2024
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Le 25 février, Aaron Bushnell, un soldat en service de l’Armée de l’air américaine, s’est immolé par le feu devant l’ambassade d’Israël à Washington, pour protester contre la complicité de l’impérialisme américain dans la guerre contre Gaza. La nouvelle de cet acte courageux de sacrifice de la part d’un seul homme a trouvé un écho puissant dans le cœur de centaines de millions d’hommes et de femmes.

Le même profond désespoir les envahit devant les scènes de génocide commises à Gaza; un sentiment d’impuissance face à la puissance militaire collective de l’impérialisme occidental utilisée pour écraser et assassiner un petit peuple opprimé; ils ressentent la même rage étouffante face à nos politiciens capitalistes assoiffés de sang, ici en Occident, qui ont permis ce massacre.

Jeudi matin, Aaron Bushnell, 25 ans, ingénieur en cybersécurité et en informatique pour l’Armée de l’air américaine, a contacté plusieurs journaux pour leur faire part de son intention de mettre fin à ses jours en signe de protestation :

« Je m’appelle Aaron Bushnell, je suis un soldat en service de l’Armée de l’air des États-Unis et je ne serai plus complice d’un génocide. Je suis sur le point de commettre un acte de protestation extrême mais, comparé à ce que les gens ont vécu en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas du tout extrême. C’est ce que notre classe dirigeante a décidé que serait la nouvelle normalité. »

Face à l’hypocrisie flagrante des impérialistes, qui prêchent la « démocratie » et les « droits humains » tout en armant à outrance le régime meurtrier de Netanyahou, Bushnell, qui était anarchiste, pointe correctement du doigt ceux qui doivent en porter le blâme : la classe dirigeante.

La vidéo des derniers instants de Bushnell, alors qu’il s’approchait des portes de l’ambassade d’Israël, est particulièrement poignante. D’abord visionnée sur Twitch par quelques dizaines de téléspectateurs, la vidéo a ensuite été vue par des millions de personnes. Alors même que les flammes embrasent son corps, Bushnell hurle : « Palestine libre! Palestine libre! Palestine libre! » Ce sont ses derniers mots.

Au-delà de cette scène où un jeune homme dans la force de l’âge décide de tout sacrifier pour attirer l’attention sur les souffrances du peuple palestinien, la vidéo montre également le spectacle lamentable d’un policier en civil ou d’un membre de la sécurité de l’ambassade qui pointe une arme sur l’homme agonisant, lui demandant de « se mettre à terre ».

Insinuations dans les médias

Immédiatement, les autorités et les médias ont lâchement cherché à brouiller les pistes, en utilisant une langue de bois typiquement orwellienne, qui est devenue monnaie courante depuis que la guerre contre Gaza a éclaté.

ABC News a parlé d’une « apparente « manifestation politique » », les guillemets étant entièrement de leur choix. D’autres ont souligné qu’« aucun membre du personnel de l’ambassade d’Israël n’a été blessé » et qu’une équipe de déminage a été appelée pour vérifier un « véhicule suspect » dans la zone – des insinuations qui suggèrent que la sécurité de l’ambassade et de son personnel était d’une manière ou d’une autre menacée.

La police métropolitaine de Washington a quant à elle publié un rapport d’incident faisant état d’un homme en « détresse mentale » marchant à l’extérieur de l’ambassade avant l’immolation de Bushnell. Les services secrets ont indiqué qu’ils avaient reçu des signalements concernant une personne « en situation d’urgence médicale ou mentale ». De nombreux journalistes ont repris ce récit dans les moindres détails, dans une tentative immonde de discréditer la protestation de Bushnell en laissant entendre qu’il s’agissait des actions d’un homme qui n’était pas sain d’esprit.

Ces actions n’étaient pas le résultat d’une maladie mentale, mais d’une frustration et d’une colère profondes, le même sentiment qui brûle dans le cœur de millions de travailleurs et de jeunes. Nous ne supportons plus ces meurtres de masse, ni les mensonges des médias et des politiciens capitalistes, aux États-Unis et partout ailleurs, qui tentent de ternir la réputation de ceux qui se tiennent avec la Palestine, tout en justifiant les massacres perpétrés par Israël.

Mais le message que Bushnell a adressé au monde n’était pas simplement un message de colère, il montrait aussi le désir ardent et irrépressible de faire quelque chose face à toute cette injustice. Dans son dernier message sur les réseaux sociaux, il a écrit des mots puissants :

« Beaucoup d’entre-nous aimons nous demander “Comment aurais-je agi si je vivais à l’époque de l’esclavage? Ou dans le Sud à l’époque de Jim Crow? Ou sous l’apartheid? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide?” La réponse est : ce que vous êtes en train de faire, en ce moment même. »

Face aux horreurs de l’impérialisme, des millions de personnes ressentent le besoin d’agir. Mais en tant qu’individus, nous sommes impuissants à stopper la puissance écrasante du rouleau compresseur impérialiste.

On ne peut imaginer un exemple de protestation individuelle plus puissant que celui d’Aaron Bushnell, qui restera à jamais dans les mémoires. Ce qu’il faut maintenant, c’est une expression organisée, pour rassembler toute cette rage en une force puissante et invincible : un parti révolutionnaire qui puisse défier et renverser ce système capitaliste pourri, et toute la bande de criminels de guerre impérialistes, de Biden à Sunak, Macron, Scholz, Trudeau – et toute leur clique.

« Une révolution volcanique »

L’impact de la mort de Bushnell est démontré par l’immense élan de sympathie et de soutien qui s’est manifesté sur les médias sociaux. Les messages de solidarité provenant de milliers de commentaires révèlent à quel point ses actions ont été ressenties :

« J’ai ressenti ce que vous ressentez, personne ne semble écouter ou se soucier suffisamment de ce qui se passe pour arrêter ce génocide. »

« Honte à toi, Joe Biden. Honte à toi, Blinken. Vous êtes des meurtriers! »

« Le feu qui consume ton corps sera le début d’une révolution volcanique pour mettre fin à l’injustice et défendre les opprimés. »

Voilà l’état d’esprit de millions de personnes. Les cris de Bushnell qui appelle à une « Palestine libre » résonneront longtemps après sa mort. Ce qu’il faut, c’est précisément, comme le souligne le commentaire ci-dessus, une « révolution volcanique », canalisant la colère légitime des millions de personnes qui s’opposent à l’oppression continuelle engendrée par le capitalisme et l’impérialisme à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

L’acte de protestation de Bushnell est le plus récent d’une longue histoire d’immolations pour dénoncer la guerre et l’oppression impérialistes. Des manifestations similaires ont eu lieu pendant la guerre du Vietnam, aussi bien par des manifestants américains que vietnamiens.

Plus récemment en 2010, l’immolation du vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi pour dénoncer la misère et l’humiliation qu’il subissait, comme des millions d’autres, aux mains du régime, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du mouvement révolutionnaire qui a éclaté en Tunisie, inaugurant le printemps arabe et la chute des dictateurs.

Aujourd’hui, la destruction de Gaza radicalise des millions de personnes au Moyen-Orient. Les régimes de toute la région ne tiennent qu’à un fil. La possibilité d’un nouveau printemps arabe est dans l’air, et cela terrifie les impérialistes.

Des développements révolutionnaires similaires sont à l’ordre du jour dans le monde entier. La question de Gaza est devenue un facteur déterminant dans la radicalisation de centaines de millions de personnes. Le même sentiment est en train de naître partout. Ce qu’il faut, c’est une organisation et un programme révolutionnaire clair pour exproprier les capitalistes et mener à bien une révolution communiste. C’est la seule façon de transformer la rage et le désespoir en un espoir révolutionnaire et une force qui changera la société.

Palestine libre!
Intifada jusqu’à la victoire! Révolution jusqu’à la victoire!