L’Alberta traverse une crise profonde. Le règne du Parti conservateur uni (UCP) de Smith a été marqué par une baisse sans précédent du niveau de vie. Les salaires se sont érodés. Le salaire minimum y est le plus bas du Canada. Le chômage augmente et atteint aujourd’hui près de 7%.
Face à cette grave crise qui frappe la classe ouvrière, la première ministre Danielle Smith attise les flammes de la « guerre culturelle » en adoptant trois projets de loi s’attaquant aux personnes transgenres.
En vertu de ces lois, les jeunes de moins de 16 ans ne sont plus autorisés à utiliser des « bloqueurs de puberté » et doivent désormais obtenir le consentement de leurs parents pour utiliser des noms ou des pronoms différents à l’école. Ces lois interdisent également à toutes les femmes transgenres de concourir dans les sports féminins.
Smith a justifié sa décision en disant qu’il s’agissait de « protéger les enfants ». Elle tient tellement à cette question qu’elle a déclaré qu’elle irait jusqu’à invoquer la disposition de dérogation – qui l’emporte sur les droits garantis par la Charte – afin de préserver ses politiques.
Nous devons être absolument clairs. Il s’agit d’une « crise » fabriquée de toutes pièces. L’association médicale de l’Alberta a déjà clairement indiqué que les projets de loi de Smith étaient infondés et non scientifiques. Smith concentre intentionnellement sa guerre culturelle sur les questions qui touchent les enfants. Il s’agit pour elle d’exploiter les émotions des parents qui sont naturellement inquiets pour leurs enfants. Mais toutes ces questions sont des leurres inventés par Smith. Alors qu’elle prétend « préserver les droits parentaux » et « protéger les enfants », ses projets de loi retirent en fait des droits aux parents et aux enfants.
Ne vous y trompez pas, Smith est une ennemie des enfants et de l’ensemble de la classe ouvrière. Les écoles de l’Alberta sont aujourd’hui les moins bien financées du Canada. Elle détourne les fonds pour les écoles publiques vers les écoles privées; et bien entendu les travailleurs ne pourront pas envoyer leurs enfants dans ces dispendieuses écoles. Ce ne sont pas seulement les enfants transgenres qui sont perdants en matière de soins de santé : le gouvernement de Smith a encouragé leur privatisation, ce qui se traduira par une diminution des services de santé pour tous les enfants pauvres.
Smith veut en réalité diviser la classe ouvrière albertaine et détourner l’attention de la situation désastreuse dans laquelle elle se trouve. Et les résultats seront entièrement réactionnaires. Dans les États américains où des lois anti-trans similaires ont été adoptées, le taux de suicide chez les jeunes transgenres a augmenté de 72%. Ces lois servent également à encourager les fanatiques de notre société qui se livrent à des attaques contre les personnes transgenres.
Il est absolument scandaleux que Smith ait soulevé ces questions de manière aussi cynique, à un moment où la crise est si grave.
Et comme pour souligner qu’il s’agit d’un subterfuge, il n’est même pas certain que Smith croie vraiment à ce qu’elle dit – car il y a peu, elle n’y croyait pas. Aussi récemment qu’en 2022, lors du débat de la course à la chefferie de l’UCP, Smith a déclaré : « J’ai un membre de ma famille qui est non-binaire, et je pense que ces décisions sont très personnelles, et qu’elles ne devraient pas être débattues en public », et « Nous ne devrions pas donner à un enfant l’impression que les problèmes auxquels il est confronté sont un terrain de jeu politique ».
Cela montre bien que les politiciens bourgeois comme Smith n’hésiteront pas à se servir même de la vie des enfants comme d’un outil politique pour détourner l’attention de la crise de leur système. Pour eux, tout ça n’est que manœuvres politiques cyniques et artifices à deux cennes.
