Face aux tarifs de Trump : unité de classe et socialisme international

Déclaration conjointe des sections canadienne, mexicaine et américaine de l’Internationale communiste révolutionnaire.

  • Internationale communiste révolutionnaire
  • ven. 7 mars 2025
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Photo : Domaine public

La décision de l’administration Trump d’imposer des tarifs au Canada et au Mexique, entre autres, a causé un tremblement de terre politique. Les communistes révolutionnaires doivent expliquer ce qui se cache derrière cette décision, et adopter une position qui défend les intérêts de la classe ouvrière.

Au Canada, les politiciens bourgeois et les dirigeants d’entreprises ont appelé la population à se rallier derrière « l’Équipe Canada » et ont annoncé des contre-mesures tarifaires. Au Mexique, le gouvernement de Claudia Sheinbaum a annoncé qu’il allait répondre « avec dignité » pour défendre « la souveraineté et l’indépendance » du pays.

Les tarifs de Trump représentent une intensification de la politique économique protectionniste qui se développe depuis un certain temps à Washington. Elle s’est développée durant le premier mandat de Trump à la présidence et s’est poursuivie sous Biden. Cette politique est une rupture par rapport à l’énorme expansion du commerce international qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, connue sous le nom de mondialisation.

Sous le capitalisme, les deux obstacles principaux au développement des forces productives sont la propriété privée des moyens de production et l’État-nation. La création de l’État-nation à l’époque des révolutions bourgeoises a joué un rôle énormément progressiste, en brisant le particularisme féodal, en créant un marché national et en propulsant le développement des forces productives.

Cette époque a pris fin il y a plus de 100 ans avec la montée de l’impérialisme. Les forces économiques engendrées par le capitalisme ne pouvaient plus être contenues dans les limites de l’État-nation, qui s’est transformé en un obstacle réactionnaire. La spirale de la crise et l’antagonisme croissant entre les États impérialistes ont conduit à des décennies d’instabilité et à deux guerres mondiales. Ce n’est qu’au prix de souffrances indescriptibles et d’immenses destructions que le capitalisme mondial a atteint une phase de croissance prolongée avec le boom d’après-guerre, qui s’est achevée par la crise des années 1970.

Après l’effondrement du stalinisme en Russie et la restauration du capitalisme en Chine, nous avons assisté à une nouvelle période de développement du marché mondial et à une intégration économique plus poussée. La grande quantité de main-d’œuvre bon marché disponible et l’ouverture de nouveaux marchés ont donné un coup de fouet temporaire au capitalisme mondial. Cela a conduit à l’essor de nouveaux pays impérialistes, la Chine et la Russie, qui rivalisent aujourd’hui avec les États-Unis pour la domination mondiale.

En cette époque de crise du capitalisme, la concurrence pour les marchés s’est intensifiée. La mondialisation a cessé de progresser et le monde est de plus en plus divisé en blocs économiques rivaux. Les principales puissances se tournent vers le nationalisme économique, ce qui signifie essentiellement qu’elles cherchent à exporter leur chômage. Voilà le sens de la politique de « l’Amérique d’abord » de Trump. Si l’Amérique passe en premier, les autres pays passent après.

Le message de Trump est simple : si vous voulez éviter les tarifs, déménagez votre production aux États-Unis. Il dit aux travailleurs américains : les tarifs vont ramener les emplois industriels bien payés. Le problème, c’est que ça n’arrivera pas.

Cette politique est en fait une admission du fait que le capitalisme américain est de moins en moins concurrentiel sur le marché mondial. Le protectionnisme est un symptôme de la crise du capitalisme et, dans ce cas particulier, un symptôme du déclin relatif de l’impérialisme américain sur la scène mondiale. C’est une tentative d’arrêter ce processus et de partiellement le renverser.

Le protectionnisme et les guerres commerciales ne peuvent pas résoudre la crise du capitalisme. Ils vont en fait l’aggraver. Après le krach du marché boursier en 1929, c’était la politique de dévaluations compétitives et les tarifs qui ont fait sombrer l’économie mondiale dans la dépression. 

Les économies du Canada, du Mexique et des États-Unis sont profondément interreliées, particulièrement depuis la signature de l’ALENA en 1994. Les chaînes d’approvisionnement traversent les frontières nationales. Les perturber entraînera de graves difficultés économiques que les capitalistes feront payer aux travailleurs par une hausse des prix, des licenciements, une intensification de l’exploitation et des fermetures d’usines.

Nous devons être clairs : l’ère du libre-échange a signifié, pour la classe ouvrière, la stagnation des salaires, les fermetures d’usines et la détérioration des conditions de travail. Mais les guerres commerciales n’apporteront aucune solution.

Trump tente de monter les travailleurs les uns contre les autres, et des dirigeants syndicaux comme ceux des United Auto Workers (UAW) soutiennent honteusement ce programme. Le licenciement de milliers de travailleurs au Mexique ou au Canada n’aidera en rien les travailleurs des États-Unis. Ce qu’il faut, c’est une lutte commune contre les patrons qui s’enrichissent à coups de milliards de dollars alors que les conditions des travailleurs s’érodent.

Nous soutenons les travailleurs et les paysans pauvres du Mexique dans leur lutte contre l’intimidation impérialiste américaine. Claudia Sheinbaum a appelé à la mobilisation en défense de l’indépendance et de la souveraineté du Mexique. En tant que communistes révolutionnaires, nous affirmons que la seule façon de mener une lutte anti-impérialiste cohérente est d’exproprier sans compensation les multinationales américaines et de les placer sous le contrôle des travailleurs. Suivez l’exemple de Lazaro Cárdenas lorsqu’il a nationalisé les compagnies pétrolières britanniques! Si des entreprises arrêtent la production en utilisant l’argument des tarifs douaniers, les travailleurs doivent occuper ces usines et exiger la nationalisation sous le contrôle des travailleurs. Soutenir la bourgeoisie « nationale » en finançant ses investissements et en lui accordant des subventions ne résoudra pas le problème fondamental de la société mexicaine. Nous ne devons pas changer de maître, nous devons mettre fin au capitalisme.

Aux travailleurs canadiens, nous disons : aucune confiance dans les patrons ou les politiciens capitalistes. Non à la fausse solution de l’unité nationale avec les capitalistes! Nous proposons une lutte de classe pour défendre les emplois et les conditions de travail, y compris par des occupations d’usines! Au lieu des subventions aux capitalistes, nous soutenons la nationalisation sous le contrôle des travailleurs, et la planification de la production pour répondre aux besoins de la population. Bien entendu, bon nombre des industries touchées font partie intégrante des chaînes d’approvisionnement des États-Unis. Les travailleurs canadiens qui défendent leurs emplois devraient lancer un appel internationaliste à leurs frères et sœurs de classe de l’autre côté de la frontière. Les entreprises nationalisées sous le contrôle des travailleurs pourraient être réoutillées et réorientées pour répondre aux besoins des travailleurs (fabrication d’ambulances, de véhicules de transport public, etc.).

Aux travailleurs des États-Unis, nous disons : non au « partenariat » avec les patrons! Les tarifs de Trump ne règleront rien. Seules la syndicalisation et les méthodes de lutte de classe peuvent protéger les emplois et les conditions de travail. Nous devons revenir aux fières traditions des grèves avec occupation qui ont donné naissance à l’UAW dans les années 1930. 

En dernière analyse, les tarifs douaniers et les guerres commerciales sont une manifestation de la crise du capitalisme. Il n’y a pas de solution durable pour la classe ouvrière dans les limites de ce système pourri. Il est temps pour les travailleurs de prendre leur avenir en main et de balayer l’esclavage salarié une fois pour toutes.

Pour une unité de classe sans frontières!
Pour une Fédération socialiste de l’Amérique du Nord dans une Fédération socialiste mondiale!

Revolutionary Communists of America (section américaine de l’ICR)
Parti communiste révolutionnaire (section canadienne de l’ICR)
Organización Comunista Revolucionaria (section mexicaine de l’ICR)