Fermetures d’usines chez Olymel : usine fermée, usine occupée! Exproprions l’entreprise!

Le 14 avril dernier, l’entreprise de transformation et de vente de porc Olymel a annoncé qu’elle allait fermer son usine de Vallée-Jonction, en Beauce. Nous disons : une usine fermée doit être une usine occupée! Exproprions Olymel! 

  • Philippe-Arthur Jérôme
  • mer. 26 avr. 2023
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Le 14 avril dernier, l’entreprise de transformation et de vente de porc Olymel a annoncé qu’elle allait fermer son usine de Vallée-Jonction, en Beauce. Le plan prévoit une fermeture progressive, avec la fin des quarts de soir en septembre prochain, puis la fermeture complète en décembre.

C’est un coup dur, non seulement pour les 994 travailleurs de l’usine qui se retrouvent maintenant forcés de choisir entre perdre leur emploi et quitter leur région pour être transférés dans une autre usine d’Olymel, mais aussi pour la région. L’usine joue un rôle important pour l’économie locale puisque trois emplois dans la région dépendent de chaque emploi dans l’usine.

Tout aussi choquant est le fait que l’État québécois a investi 150 millions de dollars dans l’entreprise il y a deux ans. Ces porcs capitalistes se gavent d’argent public et laissent ensuite leurs travailleurs sur le pavé. Nous disons : une usine fermée doit être une usine occupée! Exproprions Olymel! 

Lutte de classe

L’usine de Vallée-Jonction n’est pas la première fermeture d’Olymel. Déjà en février, l’entreprise avait annoncé la fermeture de deux autres usines à Laval et Blainville.

Olymel se justifie en disant vouloir « optimiser » ses opérations car elle peine à rester compétitive au niveau international, perdant des parts du marché au Japon et en Chine.

Ce n’est pas surprenant; nous passons à travers une crise du capitalisme à l’échelle mondiale et toutes les entreprises cherchent à se tailler une marge de manœuvre dans leurs finances. Pour ce faire, il n’y a pas mille et une façons, il faut attaquer les travailleurs en dégradant leur condition de travail ou en les mettant à la porte.

Ce qui est plus particulier dans le cas de Vallée-Jonction est que sa fermeture est avant tout un message que l’entreprise envoie à ses travailleurs. Car, en 2021, ces mêmes travailleurs avaient mené une grève de plus de quatre mois qui s’est terminée avec des gains significatifs.

Le conflit tournait principalement autour du salaire (puisque celui-ci stagnait depuis 2007!) et de la tentative d’Olymel d’imposer des quarts de travail de soir de 10 heures!

Les travailleurs ont été capables de gagner des améliorations dans leurs conditions de travail et dans leur régime de retraite, en plus d’une augmentation de 26,4% étalée sur quatre ans. Il faut se rappeler qu’à ce moment, l’inflation commençait à peine à se manifester. Ces augmentations étaient considérées comme « hors normes ».

Dans ce contexte, on peut très bien voir que l’entreprise Olymel a voulu se débarrasser de travailleurs qu’elle considère comme trop combatifs et en même temps envoyer un message à ses travailleurs restants : acceptez les conditions de travail qu’on vous impose ou sinon vous n’aurez tout simplement pas de travail.

L’ancienne députée libérale et ex-conseillère exécutive au bureau du MAPAQ France Gagnon a exprimé tout haut ce que tous les capitalistes et leurs politiciens pensent tout bas quand elle a tweeté que la fermeture de l’usine était la faute des travailleurs et de leur syndicat qui en auraient demandé trop à leur employeur! Elle se permet aussi d’ajouter que les travailleurs de l’usine Vallée-Jonction auront bien de la difficulté à se trouver un nouvel emploi; étant considérés comme trop revendicatif par le patronat. Nous avons ici la voix authentique des patrons qui demande aux travailleurs de docilement accepter leurs diktats, ou de souffrir de la persécution politique et du chômage. 

Exproprions Olymel!

Devant l’effet dévastateur que la fermeture pourrait avoir sur la région, les éleveurs de porcs de la Beauce recherchent activement une autre entreprise pour racheter l’usine, car sa fermeture les affecte fortement aussi, puisqu’ils perdent leur principal acheteur. Mais si elle était simplement achetée par une nouvelle entreprise, elle serait de toute façon soumise aux mêmes pressions économiques qu’Olymel. 

Ce conflit démontre qu’on ne peut avoir aucune confiance dans ces grandes entreprises qui n’en ont que pour leurs profits. Laisser le sort des travailleurs entre les mains de ces capitalistes, c’est être constamment sous la menace du chômage ou des bas salaires. Les travailleurs d’Olymel devraient occuper l’usine, et en assurer la gestion eux-mêmes. Ainsi ils pourraient décider du fonctionnement de l’usine selon leurs besoins et non en fonction des profits des capitalistes. Une usine fermée doit être une usine occupée!

Ce ne serait pas la première fois qu’on voit une telle action au Québec. En 2004, 560 travailleurs d’Alcan à Jonquière avaient répliqué à la fermeture de leur usine avec une occupation qui avait duré 19 jours. Ils avaient continué la production, démontrant par la bande qu’ils étaient entièrement capables de gérer l’usine sans leurs patrons. Les travailleurs avaient forcé Alcan à s’engager à transférer les travailleurs à d’autres usines au lieu de faire simplement disparaître leur emploi. Les travailleurs d’Olymel devraient s’en inspirer et prendre la situation en main eux aussi! 

Mais il ne faut pas s’arrêter là. Les tentacules d’Olymel, et sa capacité à détruire l’économie d’une région, dépasse l’usine de Vallée-Jonction.

Olymel contrôle 80% des abattoirs du Québec. Cela lui donne essentiellement la capacité d’agir comme un monopole dans la province. Chacune de ses décisions s’impose à tous les autres.

Par exemple, pour compenser ses pertes de 2021 imputées à la grève, l’entreprise Olymel s’est mise à imposer ses prix d’achat de porc aux éleveurs. L’entreprise exigeait une baisse de prix de 40%, sans quoi elle baisserait ses quantités d’achat de porc. Évidemment, si Olymel impose une baisse de prix, ses compétiteurs vont suivre le pas et faire de même. Les éleveurs de porcs sont alors poussés à la ruine financière comme ils ne peuvent vendre leurs porcs à profit.

Pour empêcher les éleveurs de faire faillite, le Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (financé aux deux tiers par le gouvernement québécois) a dû leur faire un versement de 138 millions de dollars. De ce montant, 91 millions venaient de la poche des travailleurs par les impôts. Les travailleurs payent donc de leur poche la cupidité d’Olymel.

Au lieu de laisser dans les mains de capitalistes véreux une industrie qui fait vivre des milliers de travailleurs et de petits agriculteurs, Olymel tout entière devrait être nationalisée et mise sous le contrôle démocratique de ses travailleurs. C’est l’unique manière d’assurer à tous les travailleurs de l’industrie une sécurité d’emploi et de bonnes conditions de travail et de vie; et de s’assurer que cette importante industrie ne serve pas à enrichir quelques bourgeois.

L’offensive d’Olymel contre ses travailleurs est un exemple des luttes de classe féroces qui s’en viennent. Avec l’inflation qui demeure élevée, les travailleurs sont forcés d’entrer en lutte. De l’autre côté, la crise capitaliste force les patrons à attaquer les travailleurs. À travers ces épreuves et ces luttes, un nombre grandissant de travailleurs en viendront à être convaincus que le mal ne vient pas de tel ou tel patron. Ils verront que c’est le capitalisme lui-même qui doit être renversé, et remplacé par une société socialiste, où les travailleurs dirigeront la société en fonction des besoins des gens plutôt que d’être de la chair à canon pour quelques entreprises.