Fête du Travail 2023 : une manifestation de solidarité en préparation pour la tempête qui arrive

C’est environ 300 à 400 personnes qui se sont rassemblées pour cette quatrième édition de la manifestation syndicale de la fête du Travail. Une vingtaine d’organisations syndicales et communautaires ont endossé cette initiative, dont la Riposte syndicale qui faisait partie des principaux groupes organisateurs.

  • La rédaction
  • jeu. 7 sept. 2023
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C’est environ 300 à 400 personnes qui se sont rassemblées pour cette quatrième édition de la manifestation syndicale de la fête du Travail. Une vingtaine d’organisations syndicales et communautaires ont endossé cette initiative, dont la Riposte syndicale qui faisait partie des principaux groupes organisateurs.

C’était la première manifestation syndicale d’un automne qui pourrait être le théâtre d’un grand conflit de classe entre le gouvernement de la CAQ et les travailleurs du secteur public. Les slogans de la manifestation reflétaient cette période de lutte dans laquelle nous entrons : 

CONTRE LE CAPITALISME, SYNDICALISME DE COMBAT!

INFLATION, SALAIRES BAS : SEULE LA LUTTE PAIERA!

FRONT COMMUN, LUTTES OUVRIÈRES : TOUTES SOLIDAIRES!

Devant le bureau du premier ministre du Québec à Montréal, Dominique Daigneault, présidente du Conseil central Montréal métropolitain – CSN, a été la première à s’adresser à la foule. Dans son discours, elle a dénoncé le système capitaliste et salué les syndicats en grève illimitée depuis plusieurs mois. Elle a pris soin de rappeler aux manifestants que : « Jamais les patrons ne nous ont fait de cadeaux. Tous nos acquis sont des gains obtenus de haute lutte par des travailleuses et des travailleurs qui se sont tenus debout et qui ont résisté. » Elle a été suivie de Marc-Édouard Joubert, président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain, qui a soulevé et dénoncé l’exploitation des travailleurs immigrants.

Par la suite, Fanny Labelle du Mouvement action chômage, en tandem avec Michael Bizzarro du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE), n’ont pas mâché leurs mots en soulignant leur écœurement de l’inflation et la difficulté à joindre les deux bouts pour les travailleurs comme les chômeurs. 

Inspirés par ces discours, les manifestants se sont mis en marche, scandant plusieurs slogans comme : « Contre la CAQ et le patronat, syndicalisme de combat! » La manifestation a fait un arrêt au siège social de Loto-Québec où Constantinos Alexiou a pu prendre la parole. Il représentait quatre locaux syndicaux affiliés à la CSN dans l’industrie des casinos. Constantinos a dénoncé l’augmentation de salaire grotesque de 46% du patron de Loto-Québec. Du haut de sa montagne d’argent, la partie patronale refuse toujours d’accéder aux demandes salariales des grévistes qui demandent des augmentations de salaire qui suivent l’inflation, avec une augmentation de un dollar supplémentaire; une demande nécessaire pour cesser l’appauvrissement.

La marche s’est terminée à la place du Canada, près du socle vide où avait été arrachée en 2020 la statue de l’infâme John A. Macdonald. La parole a été donnée à Manuel Viens, membre du SCFP 2850 et membre de la Riposte syndicale, qui a insisté sur l’impasse du capitalisme et le caractère mondial de la crise de ce système. Il a fait le pont entre cette perspective et le réveil de la classe ouvrière que l’on observe un peu partout dans le monde, et qu’on doit s’attendre à observer au Québec cet automne dans le cadre du Front commun. Dans ce contexte, il a mentionné le besoin pour les organisations qui endossent les slogans de cette manifestation de s’engager à laisser derrière elles les méthodes du syndicalisme d’affaires, les illusions envers le système, pour plutôt adopter les méthodes du syndicalisme de combat. Dans le même esprit, il a rappelé les leçons de la grève des employés de l’éducation de l’Ontario qui ont défié une loi spéciale avec un énorme succès l’année dernière. 

Manuel a conclu ainsi : « On ne devrait pas s’arrêter à ce qu’on ne veut pas. Il faut se demander : qu’est-ce qu’on veut? Et il faut lier nos luttes locales à une lutte plus large pour changer notre société. Je suis communiste depuis 10 ans. Et qu’est-ce que ça veut dire? Pour moi, ça veut dire mettre le pouvoir dans les mains des travailleurs et travailleuses. Ça veut dire : lutter pour que la classe ouvrière contrôle les grands piliers de l’économie et qu’on planifie démocratiquement cette économie en fonction du besoin de la majorité, et non plus en fonction du profit de la minorité. »

Le discours suivant a été fait par Sarah Nassar, vice-présidente du SCFP 5454, un syndicat qui représente une vingtaine de succursales de la SQDC, et qui est en grève depuis plus de 15 mois. Les grévistes ne vont pas baisser les bras, ils vont continuer la lutte pour obtenir un salaire qui permet de vivre, et non de survivre. Son discours s’est terminé en scandant, accompagné de la foule enflammée : « Le capital nous fait la guerre, guerre au capital! »

Finalement, le micro a été donné à François Enault, 1er vice-président de la CSN, pour parler de la lutte du front commun. Il a envoyé un avertissement au gouvernement : « Le message que j’ai à dire à M. Legault : cet automne, il est mieux de régler. Parce que s’il n’a jamais vu ça 420 000 anges gardiens en c*****, il va voir que c’est paniquant en t*********. » Son discours s’est conclu par une invitation à se joindre à la manifestation du Front commun 23 septembre prochain, au parc Jeanne-Mance à 13h. Il a ajouté : « Ce gouvernement-là fonctionne à sondages. S’il y a des dizaines de milliers de personnes dans la rue, il va mettre le genou à terre. »

La manifestation du 23 septembre est une étape incontournable dans la lutte du Front commun. Tous les militants du mouvement ouvrier devraient être solidaires avec cette lutte et se mobiliser pour celle-ci. Ceci dit, nous ne devrions pas avoir d’illusions sur la puissance des manifestations. Une manifestation est une démonstration de force, une démonstration de notre capacité à mobiliser, un avertissement. Pour que cet avertissement ait un poids, il faut démontrer que l’on est sérieusement prêt à agir. Personne n’a peur d’un chien qui aboie, sans jamais mordre. Tout le mouvement ouvrier devrait se mobiliser massivement pour cette manifestation, mais sous le cri de ralliement : « Grève générale illimitée! »  

Les positions du Front commun et du gouvernement sont tellement diamétralement opposées qu’il faut se préparer à un automne de guerre de classe, un automne de grèves. Le Front commun doit être prêt à cette perspective et sérieusement planifier une grève illimitée s’il veut vraiment réussir à faire plier le gouvernement. C’est donc dans un contexte de tempête qui approche que se tenait cette quatrième édition de la manifestation syndicale de la fête du Travail. 

Tenue chaque année sous le slogan « Contre le capitalisme », la manifestation rappelle l’importance de ne pas seulement mener des luttes locales isolées, mais aussi de les lier à une lutte pour changer fondamentalement la société. À la Riposte syndicale, nous luttons pour le renversement du capitalisme, et son remplacement par la démocratie ouvrière, par une société communiste. Si vous voulez changer le monde, rejoignez la Riposte syndicale, et aidez-nous à répandre les idées communistes sur tous les milieux de travail.


Liste des organisations qui ont endossé la manifestation :

– MAC de Montréal

– Conseil central du Montréal métropolitain – CSN

– La Riposte syndicale

– STTP

– STTP Section de Montréal

– SEMB-SAQ

– STT Oasis animation

– Conseil régional FTQ Montréal métropolitain

– Game workers united Montréal

– SCFP5454

– Hoodstock

– Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE)

– SPSS-FIQ Centre sud

– Comité chômage de l’Est de Montréal

– AMUSE McGill

– AGSEM-AÉÉDEM

– Alliance des professeures et professeurs de montréal

– SÉTUE UQAM

– CREW CSN