Feux de forêt en Australie : l’indifférence du capitalisme

Pour des milliers d’Australiens, l’année n’a pas commencé par les célébrations du Nouvel An, mais bien avec une tragédie climatique. Sous les critiques, plusieurs villes australiennes ont décidé de ne pas organiser les traditionnels feux d’artifice du Nouvel An qui coûtent chaque année des millions de dollars, puisqu’au même moment des feux de forêt faisaient […]

  • Antoine Berthiaume
  • ven. 24 janv. 2020
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Pour des milliers d’Australiens, l’année n’a pas commencé par les célébrations du Nouvel An, mais bien avec une tragédie climatique. Sous les critiques, plusieurs villes australiennes ont décidé de ne pas organiser les traditionnels feux d’artifice du Nouvel An qui coûtent chaque année des millions de dollars, puisqu’au même moment des feux de forêt faisaient rage. Ceux-ci ont ravagé plus de 10 millions d’hectares de la forêt australienne et ont forcé des dizaines de milliers de personnes à évacuer.

Depuis septembre, un millier de pompiers luttent sans relâche contre les feux et plusieurs milliers de personnes ont dû quitter leur maison. Jusqu’à présent, 32 personnes sont décédées et plus de 2000 maisons ont été endommagées ou détruites. Ce chiffre augmentera probablement, puisque les feux continuent de faire des ravages. Asphyxiées par la fumée toxique, les victimes sont forcées de fuir vers les plages. À Sydney, qui est à 130 kilomètres des feux, les scientifiques ont enregistré un taux de pollution de l’air 11 fois plus élevé que le seuil minimum posant un danger à la santé humaine. Les collectivités touchées par les feux ont fait preuve de courage et d’entraide dans les dernières semaines, alors qu’elles ont dû être évacuées et vivent avec la peur de tout perdre. Le temps des fêtes a été particulièrement difficile pour les pompiers volontaires : ceux qui représentent 65% des pompiers en Australie ont dû travailler sans relâche pendant plusieurs mois pour une maigre rémunération.

Les Australiens ont droit à un avant-goût des changements climatiques qui nous attendent. L’année 2019 est l’année la plus chaude jamais enregistrée en Australie : 1,5 degré celsius au-dessus de la moyenne. La communauté scientifique est unanime : les dégâts exceptionnels subis durant les feux sont dus au réchauffement climatique planétaire. Ces dégâts sont irréversibles, beaucoup d’arbres ne repousseront jamais, et plusieurs espèces sont maintenant en voie de disparition, leurs habitats naturels étant complètement ravagés. On estime qu’environ un demi-milliard d’animaux sont décédés, mais le chiffre est probablement bien plus élevé lorsqu’on considère que les dégâts sur les écosystèmes plus vulnérables et sur les animaux tels que les amphibiens et les insectes sont incalculables à l’heure actuelle. L’écosystème prendra des années à se rétablir, mais, au rythme où vont les choses, la situation ne risque pas de s’améliorer.

Pendant ce temps, les politiciens australiens se la coulent douce. Indifférents devant la tragédie, ils n’ont montré que du dédain pour les travailleurs australiens. Pendant que son pays brûlait, le premier ministre Morrison est parti en voyage avec sa famille à Hawaii. C’est seulement sous la grande pression populaire qu’il est revenu au pays, ayant peur de perdre la face. Les politiciens australiens ne sont certainement pas pressés de résoudre la crise : en dépit de l’urgence, les politiciens australiens continuent de vouer leur allégeance à la très polluante industrie du charbon. En effet, l’Australie est le quatrième plus grand producteur de charbon au monde, et le plus grand exportateur net. Le charbon est l’exportation la plus profitable en Australie, rapportant 33,6 milliards de dollars à l’économie australienne en 2019. Résultat, le pays a un des taux d’émission de gaz à effets de serre par habitant les plus élevés au monde. Malheureusement, c’est maintenant la classe ouvrière australienne qui subit les conséquences de l’avarice et l’incompétence des politiciens à la botte de la bourgeoisie.

Le capitalisme n’a que quelques siècles et il a déjà réussit à amener la planète en entier au seuil de la catastrophe. La bourgeoisie internationale reste inactive face à la crise des changements climatiques et les Australiens sont aux premières loges de l’enfer sur terre qui attend l’humanité. En dépit des critiques, la ville de Sydney a décidé de dépenser l’habituel 6,5 millions de dollars australiens (5,4 millions en dollars canadiens) pour ses célèbres feux d’artifice du Nouvel An. Le maire a décidé de ne pas les annuler pour « donner espoir aux gens dans un moment terrible ». On disait que l’empereur Néron jouait la lyre et chantait des chansons pendant que Rome brûlait. On peut imaginer que c’est ce qui nous attend si nous laissons le pouvoir entre les mains des capitalistes et des politiciens à leur solde.