Le Syndicat des employées et employés de l’UQAM (SEUQAM) se retrouve sans convention collective depuis le mois de mai 2017. Arrivé à un cul-de-sac dans les négociations, le syndicat a adopté, lors d’une assemblée générale en juillet dernier, une résolution afin de se doter de moyens de pression pouvant aller jusqu’à cinq journées de grève.

Se retrouvant toujours sans réponse, le SEUQAM est entré en grève le 3 septembre, jour de rentrée à l’UQAM, afin de faire pression sur la partie patronale. Des membres étudiants de La Riposte socialiste étudiante étaient présents sur les piquets de grève afin de soutenir les travailleurs. Ils ont réalisé une entrevue avec Catherine Charbonneau, responsable des communications pour le SEUQAM.

La Riposte socialiste : Quelles sont les raisons qui motivent le SEUQAM à entrer en grève? Où en sont les négociations en ce moment?

Catherine Charbonneau : On était en négociations pour notre nouvelle convention collective. Au niveau du normatif, ça allait bien. Le normatif, c’est tout ce qui concerne plus la qualité de vie au travail : conciliation travail-famille, travail à distance, congés maladie, congés personnels, etc.  Mais ça a bogué au niveau du salaire, donc on a fait une offre. L’employeur nous a fait une seconde offre qui était complètement insatisfaisante, donc on a voté pour des moyens de pression afin qu’ils nous fassent une meilleure offre. Ce n’était pas l’offre finale, on ne votait pas sur l’offre en tant que telle, on votait pour des moyens de pression face à l’insatisfaction de leur offre au niveau monétaire.

LRS : Pour illustrer le rôle des employés de soutien, donc le SEUQAM, pouvez-vous nous en dire plus sur ce que vous apportez à l’université?

CC : On est 1800 employés de soutien. Le SEUQAM regroupe quatre groupes : métiers de service, professionnels, employés de bureau et techniciens. On est le seul syndicat d’employés d’université qui regroupe les quatre groupes. C’est beaucoup de gestion! Si on n’est pas là sur notre milieu de travail, il n’y a pas d’inscriptions, pas d’aide dans les départements, pas de techniciens pour préparer les labos, pas de techniciens informatiques, personne au service des bibliothèques, personne pour faire les budgets des départements, littéralement. C’est vraiment le cœur du fonctionnement d’une université. 

LRS : Jusqu’à présent, quelle a été la réponse de la direction à vos moyens de pression et vos demandes?

CC : La direction est très fermée, elle reste vraiment campée sur ses positions. Elle ne nous a pas appelés, elle n’a pas changé d’offre, elle reste à son offre basse actuelle. Par contre, le fait qu’ils ne nous aient pas forcés à voter sur cette offre-là nous indique qu’il y a encore un jeu de négociations. Nous, c’est ça qu’on veut, la discussion n’a jamais été fermée, on veut juste qu’ils nous rappellent pour la continuer.

Ils ont envoyé quelques communiqués qui étaient très condescendants à notre égard, avec des informations qui étaient même erronées sur nos négociations. Ils ont essayé de négocier sur la place publique, mais on n’a pas répondu à ça. Ce sont des «info-direction», certains professeurs et chargés de cours en ont reçu. Lisez-les, c’est délicieux!

LRS : Quelle est l’humeur au niveau des membres de la base du syndicat?

CC : C’est une réponse à laquelle je m’attendais pas, c’est extraordinaire, tout le monde est tellement solidaire et mobilisé. Les gens sont là, ils comprennent l’enjeu. Comme Louisa [Cordeiro, présidente du SEUQAM,] l’a expliqué, on ne fait pas ça pour le fun, c’est vraiment déplaisant une grève. On est au dernier recours pour nous faire entendre, tout le monde le sait, tout le monde le comprend et tout le monde embarque. En ce moment, j’ai ne pas un mot à redire, il y a vraiment tout le monde, les quatre groupes, on est super solidaires.

LRS : C’est super! On a entendu qu’il y aura aussi une grève demain [le 4 septembre], donc c’est quoi le plan de match en ce moment?

CC : On espère que demain va être le coup de grâce pour la direction, qu’elle nous rappelle et négocie. Je ne peux pas dévoiler le reste de notre stratégie, ça va un peu de soi, mais on espère que demain les gens vont participer tout autant, malgré la pluie! On a une stratégie, on est capables de se retourner sur un trente sous, mais on voudrait qu’ils nous appellent minimalement demain.

LRS : Pour finir, aurais-tu un appel à la solidarité envers d’autres groupes de l’UQAM ou d’autres groupes du mouvement ouvrier en général?

CC : Oui! D’ailleurs, je suis super contente de voir la réponse des autres groupes à l’UQAM. On a le SPUQ, le SPEUQ, en fait tous les autres syndicats avec nous, et les assos étudiantes aussi, dont trois en particulier, qui ont annulé les cours de demain et qui seront en grève avec nous. Le message c’est simplement de nous respecter, de nous comprendre, de s’informer sur nos enjeux – parce que l’information est disponible. Et de ne pas briser les lignes de piquetage, ne serait-ce que pour respecter notre dynamique, nos enjeux et notre bataille.

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Le SEUQAM, n’ayant obtenu aucune réponse de la partie patronale, a annoncé que la grève se poursuivrait le 4 septembre. Le mandat de grève adopté prévoit trois autres jours. La Riposte socialiste en appelle à la communauté étudiante à soutenir la lutte du syndicat et de ses membres, dont le travail est absolument nécessaire au bon fonctionnement de l’université. Trois associations étudiantes, l’AFELC, l’AFESH et l’ADEESE, ont annoncé leur solidarité avec le SEUQAM. Nous invitons les étudiants de ces associations, et tous les étudiants de l’UQAM, à ne pas franchir les piquets de grève et à respecter la grève du 4 septembre et des autres journées de grève. Dans la lutte pour des conditions de vie et de travail décentes, notre plus grande force est le nombre. Soyons solidaires!