Interdit de manifester contre un génocide

Depuis que les campements ont déferlé sur les universités au printemps, la classe dirigeante canadienne a fait savoir qu’elle souhaitait que les manifestations cessent.

  • Connor Bennett
  • mar. 22 oct. 2024
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Sur les campus du pays, le niveau de répression contre la solidarité avec la Palestine a atteint des proportions inégalées cet automne. Les exemples d’intervention de la sécurité des campus, et parfois même de la police, privant les étudiants de leur droit démocratique à s’organiser, s’accumulent chaque semaine.

À l’université de Carleton, un camarade du PCR qui distribuait des tracts pour la campagne de grève étudiante pour la Palestine a été menotté par la sécurité du campus et détenu pendant plusieurs heures. Il a été accusé d’intrusion et s’est vu interdire de mettre les pieds sur le campus.   

À l’université d’Alberta, un organisateur de la campagne et membre du PCR a été menacé d’expulsion pour avoir plaidé en faveur d’une grève étudiante.

À l’Université de Victoria, des étudiants ont été chassés du campus par la sécurité simplement parce qu’ils distribuaient des pamphlets expliquant la nécessité d’une grève étudiante pour mettre fin aux investissements de l’université en Israël. À Sherbrooke, un militant a été condamné à une amende de 400 dollars pour avoir distribué des tracts!

Ces exemples ne sont que la pointe de l’iceberg.

Une attaque politique

Depuis que les campements ont déferlé sur les universités au printemps, la classe dirigeante canadienne a fait savoir qu’elle souhaitait que les manifestations cessent.

Au cours de l’été, le député libéral fédéral Anthony Housefather, qui s’est fait remarquer en qualifiant les manifestants d’antisémites et de semeurs de haine, est allé jusqu’à rédiger une lettre ouverte aux côtés d’organisations sionistes telles que B’nai Brith, contenant une liste d’exigences sur la manière dont les universités devraient contrôler le mouvement.

Au Québec, juste après le démantèlement du campement de McGill, la ministre de l’Éducation supérieure Pascale Déry a appelé à une rentrée scolaire « paisible » cet automne, c’est-à-dire sans nouvelles manifestations pro-palestiniennes.

Les administrations des établissements scolaires ont répondu à l’appel. Les équipes de sécurité des campus n’ont pas perdu de temps à harceler et à expulser les activistes.

L’administration de McGill est allée jusqu’à lancer un ultimatum au syndicat étudiant de McGill, le SSMU : soit elle révoque le statut de club du SPHR (le club Solidarité droits humains Palestiniens), soit elle retire au syndicat le droit légal de représenter les étudiants et lui coupe son financement! Honteusement, le SSMU a cédé. SPHR a également perdu son statut de club à Concordia.

Le mouvement visant à mettre fin au génocide israélien révèle le rôle sanglant que joue l’impérialisme canadien dans le monde, un rôle auquel les universités contribuent en raison de leurs liens financiers et personnels avec des banquiers, des marchands d’armes et d’autres escrocs. C’est pourquoi le mouvement est si intolérable pour la classe dirigeante.

Les guerriers de la « liberté d’expression » silencieux

Il convient également de noter que tous les guerriers habituels de la liberté d’expression, ces preux chevaliers défenseurs de toutes les nuances des idées réactionnaires, sont restés muets comme des carpes face à la répression du mouvement palestinien.

Des intellectuels de droite très en vue comme Gad Saad, Jordan Peterson et Mathieu Bock-Côté ont sauté sur toutes les occasions pour participer à la diffamation du mouvement pro-palestinien.

Disons-le franchement, ces défenseurs autoproclamés de la « liberté d’expression » ne s’en préoccupent que lorsque qu’il est question d’idées inoffensives pour le système dans son ensemble. Lorsqu’il s’agit de défendre le droit de répandre le racisme, l’homophobie ou toute autre forme de préjugé, ces clowns ont l’épée à la main! Mais lorsqu’il s’agit de la répression des manifestations contre le génocide du peuple palestinien, c’est le silence radio.

Si nous voulons défendre nos droits démocratiques, nous devons être prêts à faire face à ces attaques. Notre force réside dans le nombre. À chaque tentative d’arrestation, à chaque tentative d’intimidation, nous devons répondre par des protestations et des manifestations. Pour les communistes, la répression renforce notre conviction que nous faisons ce qu’il faut. Nous ne reculerons pas, nous ne serons pas réduits au silence!