L’Assemblée des Premières Nations ouvre ses portes à Pierre Poilievre  

Pierre Poilievre a été invité à prendre la parole lors de la dernière assemblée générale de l’Assemblée des Premières Nations. Cela démontre qu’il existe une couche de capitalistes autochtones qui cherchent à se tailler une place au sein du système pour obtenir leur part du gâteau.

  • Marcus Katryniuk et Joel Bergman
  • lun. 5 août 2024
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Source : Pierre Poilievre/Facebook

Pierre Poilievre a été invité à prendre la parole lors de la dernière assemblée générale de l’Assemblée des Premières Nations. Cela démontre qu’il existe une couche de capitalistes autochtones qui cherchent à se tailler une place au sein du système pour obtenir leur part du gâteau.

Cette invitation à l’APN en choqué bien des gens, car Poilievre n’est certainement pas connu pour être un défenseur des peuples autochtones. En fait, il s’est d’abord fait connaître pour avoir déclaré que les Autochtones devaient « apprendre la valeur du dur labeur » et il a depuis formé des alliances avec des négationnistes des pensionnats autochtones assumés. Alors pourquoi les chefs des Premières nations cherchent-ils à travailler avec lui?

Le changement d’approche de Poilievre est remarquable. Les précédents dirigeants conservateurs se contentaient de fouler aux pieds les Autochtones, mais cette approche leur explosait parfois à la figure. Par exemple, les attaques du gouvernement Harper ont déclenché Idle No More, l’un des plus grands mouvements autochtones de l’histoire récente. 

Cependant, l’État canadien a progressivement changé sa façon de traiter les populations autochtones. Comme nous l’avons expliqué précédemment, la classe dirigeante a soutenu le développement d’une couche de riches chefs et d’entrepreneurs autochtones pour soutenir les intérêts du système au sein des communautés autochtones. Sur le plan des intérêts de classe, cette couche n’a absolument aucun problème à travailler avec quelqu’un comme Poilievre.

Cindy Woodhouse Nepinak, nouvelle directrice nationale de l’APN et diplômée de l’école de commerce de Harvard, a mené cette charge. Elle pousse l’APN à tisser des liens avec les conservateurs et, depuis son entrée en fonction, elle a régulièrement rencontré Poilievre. 

De façon opportuniste, Poilievre a récité des platitudes contre le colonialisme, a célébré « l’esprit d’entreprise autochtone » a dénoncé l’ingérence du gouvernement et il a plaidé en faveur d’une voie capitaliste pour libérer les peuples autochtones de la pauvreté. Il a affirmé qu’il réduirait la bureaucratie gouvernementale, qu’il éliminerait la réglementation et qu’il créerait des occasions d’affaires pour les entrepreneurs autochtones. C’est ce qu’il appelle la « réconciliation économique ».

Et l’intention de Poilievre est claire. L’une des grandes épines dans le pied du capitalisme canadien a été la résistance des Autochtones aux projets d’exploitation des ressources sur leurs terres. De grands projets d’infrastructure, comme les oléoducs, ont été retardés et embourbés dans des procès en raison de blocages et de contestations juridiques de la part des Autochtones. La « réconciliation économique » dont il parle signifie qu’il essaiera de trouver un moyen de faire construire ces projets en donnant à une couche de capitalistes et de bureaucrates autochtones une part des bénéfices. Nous devons être clairs : ce n’est pas la voie de la libération.

Le gouvernement Poilievre sera au service de la classe capitaliste canadienne – cette même classe capitaliste qui est née du vol et de l’exploitation des peuples autochtones. Ce sera un gouvernement des barons du pétrole et des compagnies minières. Les capitalistes ont appris qu’attaquer les communautés autochtones de front, comme l’a fait Harper, ne fonctionne pas. Poilievre adoptera donc la même approche que Trudeau en achetant une couche de capitalistes autochtones pour qu’ils soutiennent le gouvernement et le système. Ils espèrent ainsi amollir la résistance à ces projets. 

Mais tous les membres de l’APN n’ont pas aimé que Poilievre soit invité à prendre la parole. Huit d’entre eux ont protesté silencieusement en tournant le dos au chef du parti conservateur pendant qu’il s’exprimait. Mais quelle est la voie à suivre pour les peuples autochtones? 

Nombreux sont ceux qui sont en colère contre Trudeau, dont les déclarations symboliques vides n’ont manifestement rien résolu. Mais nous n’avons pas besoin de soutenir l’une des deux ailes de la classe dirigeante canadienne – nous pouvons lutter contre les deux et contre l’ensemble de leur système en même temps! 

Les communistes se battent, non pas pour un capitalisme autochtone, mais pour un système où la terre et les ressources peuvent être possédées en commun et gérées pour le bien-être de toute la société. Nous nous battons pour revenir au mode de vie de nombreuses sociétés autochtones avant la colonisation – un mode de vie communiste – qui est la véritable voie vers la libération autochtone.